Chapitre 15

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Les étoiles commençaient à peine à pâlir dans le ciel quand l'adolescent était face à l'océan, attendant les deux sirènes avec cette impatience et cette surexcitation qui lui vrillaient le cerveau.

Les secondes lui semblaient être des heures et les minutes jouaient le rôle d'une éternité. Scrutant la mer de ses yeux de ce vert étrange, ses globes oculaires lui brûlaient à force de les écarquiller comme ça, et le manque de sommeil ne l'aidait pas, Axel cherchait du regard les deux sirènes, mais il ne vit qu'une plage d'eau azur s'étendant à l'infini.

Le Soleil se leva doucement, ramenant la chaleur et la lumière avec lui, le ciel prit une teinte orangée à la venue de l'astre. C'était l'aube.

Mila et Laureline n'allaient pas tarder. Enfin, Axel l'espérait.

Ses yeux se fermèrent automatiquement, l'adolescent les ouvrit de nouveau, à chaque fois, ne voulant pas laisser sa fatigue prendre le dessus sur son corps.

Alors que son regard se rétrécissait, quelque chose attira son attention : une grande queue de poisson surgit de l'eau, décorée de plusieurs teintes de mauve.

C'était une des sirènes, Mila. Axel fit un soupir de soulagement.

Les deux sirènes apparurent à quelques mètres de lui, l'adolescent s'avança vers elles, l'eau lui arrivait au milieu des jambes, mouillant ses bottes et une partie de son pantalon avec des vagues froides et répétitives.

Laureline et Mila le regardèrent et hochèrent la tête pour le saluer. L'humain remarqua une lanière passant sur l'épaule de celle aux cheveux lisses, une modeste sacoche se reposait au niveau de ses hanches. Celle aux cheveux frisés fit signe à l'adolescent de s'approcher, elle fit :

- Par contre...

- Quoi ? dit-il.

L'humain était immergé dans la mer jusqu'au bas de son ventre. Mila et Laureline se regardèrent, celle aux cheveux frisés étouffa un rire. L'autre leva les yeux au ciel et fit :

- Tu dois te déshabiller, en fait.

- Ah.

Un silence. L'humain fit un léger rire confus.

- C'est gênant.

- C'est bon, rétorqua Laureline en lui tournant le dos, on regarde pas.

Mila la suivit dans son mouvement et l'humain en profita pour ôter ses vêtements. Il entendit les sirènes discuter :

- Tu savais que les humains ont des parties qu'ils veulent pas montrer, sur leur corps ? fit Laureline.

- Ah bon ?

- Ouais. Des ''parties intimes'', ils appellent ça comme ça. Je sais pas à quoi ça ressemble et je veux pas le savoir, en fait.

- Mais ça sert à quoi ? demanda Mila.

- J'en sais rien et je veux pas le savoir, c'est pas un truc qui m'intéresse, tu vois ?

- Ouais, je vois.

Axel retint un rire, en retirant son pantalon. Si seulement elles savaient...

Il essora ses vêtements, les rassembla en une boule difforme et les lança avec assez de force pour qu'ils se retrouvent sur la plage.

- C'est bon, fit-il. J'ai plus rien sur moi.

L'humain eut le réflexe de cacher ses fameuses ''parties intimes'' avec ses mains, alors que les sirènes ne voyaient rien, la mer cachait tout. Mila et Laureline le regardèrent et s'approchèrent de lui, celle aux cheveux lisses fouilla dans cette petite sacoche, faite dans une matière qui était proche de la toile. Elle fit un signe de la tête à l'autre sirène, cette dernière acquiesça et ordonna à l'adolescent :

- Plonge.

- Hein ?

- Plonge, répéta Mila d'un ton plus dur.

Axel prit une grande inspiration et rentra brutalement dans l'eau, se retrouvant assis sur le sable sous-marin et quelques minuscules coquillages. Malgré l'eau salée qui lui brûlait les yeux, il remarqua Laureline s'approcher de lui, cette dernière lui attrapa violemment les épaules pour pas qu'il remonte à la surface.

Mila lui fit signe d'ouvrir la bouche, il obéit et la sirène lui fit ingurgiter une algue lumineuse, c'était la première fois qu'il en voyait une comme ça. Son goût, un mélange étrange entre le sucré, le salé et l'acidulé, lui donna une impression désagréable.

L'humain déglutit puis eut l'impression qu'on lui donnait un violent coup de poing dans le ventre. Alors qu'il avait l'impression de manquer d'air, les deux sirènes l'attrapèrent par les bras et l'entraînèrent à travers la mer, en allant de plus en plus profondément dans les abysses.

Axel voulut hurler. Il ne sentait plus ses jambes et manquait cruellement d'air. Puis, soudainement, les deux sirènes le lâchèrent dans leur course et s'arrêtèrent, laissant l'humain partir légèrement plus loin, sous le coup de la propulsion.

L'humain ouvrit la bouche, comme pour reprendre sa respiration, alors qu'il savait que c'était de l'eau qu'il allait recevoir.

Ses yeux s'écarquillèrent quand il réalisa que sa cage thoracique se soulevait et s'abaissait comme s'il était à l'air libre. Il pouvait respirer sous l'eau !

Mila et Laureline s'approchèrent de nouveau, droites et les bras croisés, celle aux cheveux lisses fit :

- C'est bon, remis de tes émotions ?

L'adolescent se releva dans l'eau et jeta un regard en dessous de lui. Un bruyant ''PUTAIN !'' plein de surprise s'échappa de sa bouche quand Axel remarqua qu'il n'avait plus de jambes.

Ses membres étaient remplacés par une queue de poisson, d'environ un mètre vingt, d'un bleu sombre rappelant la nuit.

I am not a fish ! // REÉCRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant