Chapitre 29

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L'intérieur de la caverne était éclairé grâce à des plantes marines fluorescentes.

Le groupe n'en voyait pas la fin, guidé par la lumière des algues. Les deux faux tritons n'auraient jamais pu croire que ces algues pouvaient exister, s'ils ne les avaient pas vues.

Puis la grotte s'enfonça de plus en plus en profondeur, ils sentirent tous qu'ils descendaient. Sur quoi allaient-ils tomber ? Et quand ? La grotte semblait ne pas avoir de bout.

Après quelques minutes de pur silence, Baptiste fit :

- On arrive bientôt ?

Les deux sirènes se tournèrent vers lui, les yeux plissés, puis Mila rétorqua :

- Est-ce qu'on a l'air de le savoir ?

- Non... je suppose ?

- Exactement. Donc tais-toi.

Baptiste la jugea du regard pendant que Laureline leva les yeux en l'air, comme désespérée. Ils continuèrent leur descente, comme si à la fin de ce couloir de roche, les attendait l'Enfer.

Puis une ouverture se dessina, ils se ruèrent vers elle. Elle donnait sur une grande salle, parsemée de stalactites et de stalagmites. Tout au milieu de cet endroit se logeait un trou qui semblait mener au noyau de la Terre, si profond qu'on n'en voyait pas le fond.

Quelques algues s'enroulaient autour des pics rocheux de l'étrange salle, même ceux du plafond. Mais un détail les frappa directement.

Des algues entouraient un corps jusqu'au bas de son ventre, suspendu dans le vide et la tête en bas, bougeant dans tous les sens, probablement pour essayer de se libérer de l'emprise des algues.

- Hey, bonjour ! fit cette personne en les voyant. Vous pouvez m'aider, s'il vous plaît ? Il y a eu un petit problème et je me suis retrouvée ici.

Elle ne semblait pas les avoir reconnus, mais eux, si. Ils savaient qui elle était. Un sourire se dessina sur le visage de l'adolescent.

- Morgane ! hurlèrent-ils, sauf Baptiste.

- Ah, fit ce dernier, c'est elle qui faut sauver ?

Ils se ruèrent tous vers elle, surnageant ce trou béant et ténébreux, sauf le jeune homme. La princesse fit :

- Vous savez pas à quel point je suis heureuse de vous voir ! Tiens, il y a même Baptiste ?

- Oui, répondit Axel, il y a eu un... problème, disons-le.

- Un ''problème'' ? s'indigna le jeune homme qui les avait entendus. Attends, ces sirènes-là m'ont attrapé, m'ont déshabillé de force puis m'ont fait manger une algue bizarre avant d'essayer de me noyer, et pour toi, c'est qu'un ''problème'' ?

- De base, rétorqua Mila, t'étais pas censé être là.

- Alors pourquoi je suis là ? Hein ?

Un silence. La sirène aux cheveux frisés avoua :

- Parce que j'ai eu peur que tu dises aux autres humains qu'on existe si on te laissait partir. Donc...

- Mais c'est débile ! Je l'ai déjà rencontrée, lança Baptiste en pointant Morgane, et j'ai jamais rien dit à personne !

Un autre silence. Laureline ne put qu'articuler :

- Ah.

- Bon sinon, lança la princesse, vous pouvez me détacher ? J'aime pas être la tête à l'envers, c'est pas réellement agréable, vous savez.

Le faux triton à la queue de poisson bleu se rua vers le plafond de cette étrange salle, armé de ses haches. Il découpa soigneusement le haut des plantes, en évitant de toucher la sirène emprisonnée, devant les regards de Mila et de Laureline. Baptiste, lui, était contre une stalagmite, regardant la scène à distance. Morgane continuait de bouger dans tous les sens, pour essayer de s'en débarrasser.

- Tu peux rester immobile deux minutes, oui ? lança Axel. C'est pas vraiment évident de te faire sortir de là, et ça l'est encore moins si tu bouges comme ça.

La princesse fronça les sourcils, comme vexée. Après une ou deux minutes, les algues se coupèrent toutes et elle fut libérée, se redressant en vitesse pour enfin voir à l'endroit.

- Ça va ? demanda-t-il en se ruant vers elle.

C'est après quelques secondes que l'adolescent réalisa qu'il lui serrait doucement les poignets. Axel les lâcha précipitamment, légèrement honteux.

- Ça va, lui répondit-elle en souriant. Faut partir vite d'ici.

Ils se tournèrent tous vers Baptiste, qui avait légèrement avancé vers eux, puis leurs yeux s'écarquillèrent, tous bouche bée, comme surpris et effrayés à la fois.

- Quoi ? demanda le jeune homme.

- Ne te retourne pas, ordonna Mila d'une voix calme.

Baptiste lâcha un soupir en levant les yeux au plafond.

- Mais tu sais que dans cette situation je vais me retourner ! Car je veux savoir pourquoi vous faites cette tête-là, car je suis curieux de voir qu'est-ce qui a derrière moi, car je...

Il tourna sur lui-même lentement en disant cela, mais cessa de parler lorsque son regard sur posa sur ce corps tentaculaire rouge et sur ce visage peint d'une haine froide.

Clément.

Baptiste ne put que souffler :

- Oh, merde.

I am not a fish ! // REÉCRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant