Chapitre 31

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Mila et Laureline se tapèrent dans les mains, fières d'elles-mêmes. Baptiste lança :

- Pathétique, je m'attendais à un monstre plus coriace que ça.

Axel, lui, alla chercher Morgane, toujours cachée derrière ce même pic. Il la souleva, la princesse le regarda en plissant les yeux et fit :

- Je sais nager seule, tu sais.

- Commence pas à briser mon moment héroïque, rétorqua-t-il.

Elle rigola. Ils se regardèrent dans les yeux pendant un moment, puis la princesse détourna le regard et dit :

- Ah, sinon... merci de m'avoir sauvée. Toi et les autres.

L'adolescent ne répondit pas, se mordant la lèvre inférieure pour ne pas être tenté par ce qui le tourmentait.

- Morgane...

- Oui ?

Puis Axel succomba et l'embrassa.

Les deux sirènes se regardèrent, les yeux écarquillés et le sourire niais, elles ne semblaient pas savoir si elles étaient choquées ou euphoriques. Baptiste, lui, regarda cela, légèrement perplexe.

La queue de poisson de princesse se mit à battre dans l'eau, comme si elle paniquait. Car, à vrai dire, Morgane paniquait.

Leurs lèvres se séparèrent, ils se regardèrent sans rien dire. Mila et Laureline se mirent à hurler, en se prenant dans les bras et en tournant sur elles-mêmes.


Ils revinrent au château, les regards ébahis des gardes sur eux. Axel portait toujours la princesse dans les bras, pas prêt de la lâcher.

Ils se plantèrent devant le roi, ce dernier les regarda avec de grands yeux. Même si ses yeux semblaient être principalement fixés sur sa fille et sur ce faux triton.

- Re, papa ! lança Morgane. La forme ?

- Tu es saine et sauve ! répondit son père, la joie brisait la froideur de sa voix.

- Et ouais.

- Majesté, plaça Mila, nous l'avons vaincu.

Elle se tourna vers l'adolescent et fit :

- Enfin... c'est lui qui lui a donné le coup final.

Le roi fit un léger sourire. Ils le regardèrent tous, sauf Baptiste qui contemplait cette fameuse marchande aux cheveux bordeaux, qui venait regarder la scène entre deux gardes. Il lui fit un clin d'œil.

Laureline continua :

- Il n'y a plus rien à craindre, majesté. Il a été vaincu et ne reviendra jamais. Et ça, c'est grâce aux deux humains.

- C'est vrai que je l'ai vraiment mis mal en le plantant dans le dos, constata Baptiste en se tournant vers eux et en souriant fièrement.

Le roi se leva de son trône et s'approcha des deux faux tritons. Il déclara d'une voix forte :

- Vous avez toute ma gratitude. Grâce à vous, ma fille est hors de danger. Merci à vous deux.

- C'est rien, répondit le jeune homme. Comme quoi... les humains sont pas de gros incapables.

Le chef des mers le toisa du regard et avoua, après un moment :

- Tu n'as pas totalement tort, humain.

- J'ai toujours raison, chuchota Baptiste, nuance.

Après un silence, le roi déclara :

- Vous m'avez rendu un grand service. Pour vous remercier, je vous accorde un souhait à chacun.

Le jeune homme siffla et sourit. Baptiste commença :

- Euh, j'ai une question, je vais rester un triton toute ma vie ?

- Non. Quand tu toucheras la terre ferme, tes jambes réapparaitront.

- D'accord, d'accord... hm...

Il regarda la fameuse marchande, puis une idée lui vint à l'esprit :

- OK. Je veux pouvoir venir dans votre monde quand j'en ai envie. Pas devenir un triton toute ma vie, juste pouvoir venir de temps en temps.

Un silence. Le roi hurla :

- Qu'on lui amène une sacoche pleine d'algues magiques, et vite !

Il attrapa la lanière du petit sac qu'on lui tendit, Baptiste ne put pas se retenir de sourire.

- Et toi ? demanda le roi en regardant l'adolescent. Que veux-tu ?

Axel regarda la princesse, ils se sourirent, puis leva les yeux vers le roi. Il annonça :

- Moi, je veux devenir un vrai triton.

Un silence. Les deux sirènes se regardèrent et se firent signe que c'était totalement prévisible. Le roi plissa les yeux puis fit :

- Je sais pourquoi tu veux devenir un des nôtres.

Il regarda sa fille.

- Je ne te pensais pas capable de succomber à un humain, Morgane. Ni capable de faire succomber un humain.

- La vie c'est pas prévisible, se défendit sa fille. Comme quoi.

Elle lui sourit. Le roi ferma les yeux avant de déclarer :

- D'accord.

Il pointa Axel avec les pointes de son trident. L'adolescent sentit comme une vague d'eau glacé s'abattre au fond de lui, une sensation qu'il ne put pas oublier, si agréable et marquant le début d'une nouvelle vie.

- Te voilà un des nôtres.

Des cris de joie retendirent dans la salle. Morgane l'enserra doucement par le cou, il mit une de ses mains dans les cheveux de la princesse. L'adolescent entendit Mila dire :

- Bon bah maintenant, je vais devoir l'appeler Baptiste, plus ''l'humain''.

- C'est Axel, bordel, la corrigea l'autre.

I am not a fish ! // REÉCRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant