Chapitre 2

184 16 0
                                    

Le temps s'écoula vite, sans pour autant emporter ma tristesse et la rancune que je portais pour ces gens que je considérais comme une famille. Les heures devinrent des jours, les jours se transformèrent en semaines.

Très vite je sombrai dans la vie obscure de la ville, j'enchainai plusieurs petits boulots humiliants et pathétiques dans le but de subvenir à mes besoins. J'avais des maigres moyens, je rentrai chez moi à des heures tardives et je me doutais que très vite des suspicions se fairait entendre.

" Où est passé sa famille ? " demanderont les voisins qui en espionant un peu mes allés et venus constaterait que j'étais bel et bien seule. Ils appelleront la police ou autres services du genre. On viendra me prendre, en tant que mineure on me mettra dans un orphelinat.

Et rebelote, encore cet endroit de misère que je devrais affronter quotidiennement. Je ne veux pas retourner là-bas. Il est hors de question, un jour lorsque j'appris la venue d'un policier durant mon absence, je décidai d'agir. Je pris mes affaires et sortis par l'arrière de la maison, juste au moment où on sonna. Une fois dehors je pris mes jambes à mon cou et courra jusqu'à perdre haleine.

Je ne savais pas où aller, qui m'aiderait, j'avais que quelques dollars et franc congolais pour survivre quelques jours. Je deambulai ainsi plusieurs jours dans les rues fuyant les regards des passants et des autres voyous. Je risquai de subir des abus inimaginables il fallait que je trouve une solution.

Une soirée pluvieuse, je fus tellement désespérée que je me mis à pleurer à l'arrière d'un restaurant : " Chez l'honorable Société ".  Mes larmes m'aveuglaient tellement vu qu'elles coulaient en abondance. Quelqu'un sortit par l'arrière du restaurant...la femme qui portait une espèce de toge blanche me regarda quelques secondes d'un air dégouté et me jeta par pitié un sac rempli des restes sûrement peu consommables.

Mais la vie de la rue, ne tolère pas ceux qui font la fine bouche, on ne sait jamais quand on tombera sur notre prochain repas. Chaque opportunité de manger est vu comme une aubaine.

Je restai là, quelques secondes après avoir dévorer le mélange de divers plats qui essayait de remonter à la surface. Je fis un effort de contenir le plat en moi et continuai de regarder la porte en espérant qu'elle ressorte avec un autre plat. Mais elle ne ressortit pas...plusieurs jours plus tard, je continuai à passer mes soirées derrière le même restaurant, elle me lançait  toujours les restes et s'en allait sans rien me dire, ni bonjour ni au revoir...mais je m'en preoccupais point.

Un soir où le vent était un peu plus agressif, elle sortit les mains vides. Elle du voir mon regard déçu car elle me fit signe d'entrer et sans attendre qu'elle me le répète je la suivi dans l'espoir de trouver des mets plus délicieux que d'habitude.

_Qu'est ce que tu sais faire de tes deux mains ? Me demanda t-elle en s'asseyant sur une chaise. Elle prit un paquet de clopes et fuma à se brûler la gorge.

_Plein de choses...

_Tu sais cuisiner ?

_Oui...fin, je me débrouille.

Elle me regarde longtemps puis me dis en toussant :

_ faut que tu sois plus convaincante gamine, rare sont les gens qui se contente de peu. Sais-tu cuisiner ?

_Oui, madame !

Elle sourit et me dit :

_Je veux bien te croire, mais tu commenceras par la plonge puis quand je le déciderai tu me feras quelques sauces...

Elle écrase sa clope à terre, se lève et s'en va en disant quelques mots :

_Dors où tu veux mais tâche de rien abîmer...

J'arrivais pas à croire ce qu'elle me disait, j'éclatai de joie de voir qu'enfin la chance me souriait. Je cherche un coin de la cuisine et m'emitouffle dans des draps et sourit enfin de cette chaleure rare dont j'en profite rarement...pas celle que les draps me procuraient mais celle que je ressentait au fond de moi : L'espoir...

Chronique de Célia : Dealeuse Et MeurtrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant