C'EST UN TARE MONUMENTAL !!!!

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Il y a 4 ans ...

Il pleuvait, cela allait plaire à Papa, il aimait dire qu'il y avait toujours plus de clients qui rentraient au chaud se faire plaisir quand il pleuvait.

Moi si j'aimais la pluie, c'était parce que j'avais l'impression que même le ciel était d'accord avec moi et pleurait les larmes que mon cœur ne pouvait écouler, Papa n'aimait pas les larmes.

Il me traînait à travers le bourg sans ménagement, cela me faisait mal mais je savais que si je criais, j'aurai encore plus mal. Ici, c'était un village entier que la police avait délaissé et qui s'était reconstruit en tant que marché noir célèbre. Évidement, je n'avais jamais compris comment il pouvait continuer son travail illégal juste sous le nez de l'État mais ce genre de question n'avait pas sa place dans la tête d'une petite fille de 13 ans. A un tel age, on ne devrait pas se demander non plus pourquoi Papa m'abandonnait tout les jours chez la dame du centre qui s'habillait toujours à moitié avec un sourire satisfait quand il empochait sa récompense.

Et c'est là que je les avais vu, au détour d'un croisement, des enfants comme moi mais qui ne me ressemblaient pas non plus, il y avait quelque chose chez eux qui m'avait surpris et c'est pourquoi je m'étais arrêté devant eux, si curieuse. Ils portaient des colliers de fer et des chaînes les reliaient tous entre eux, je remarquais également des adultes et des vieillards parmi le groupe et tous avaient un point commun physique : une série de chiffre barrait leur nuque, épaule, bras, ... Papa m'avait regardé en coin pour voir ce qui avait frappé mon attention et j'avais entendu le mot ''esclave'' franchir ses lèvres avant qu'il ne me tire avec force pour continuer son chemin. Je n'avais pas quitté des yeux le groupe enchaîné qui regardait les passants comme si ce n'était que des simples fantômes et je mis le doigt sur ce qui me chiffonnait : ils semblaient n'avoir aucun espoir, comme s'ils s'étaient résigné à la vie qu'ils avaient.

Je n'avais pu supporter cette vision et avait détourné les yeux à nouveau vers le ciel qui pleurait, ce ciel qui me comprenait autant que ces ... ''esclaves''.

***

Je revins au présent en secouant la tête pour chasser cette vision qui commençait à dater mais qui ne s'effacerait jamais complètement de mon esprit, j'en étais sure. Ah la la, que la vie est cruelle ... Dégage défaitisme !

Angélica était venu se mettre à ma gauche et ses yeux aussi noirs que la nuit semblaient éviter mon regard. T'aimes pas quand les gonzesses t'observent ? T'a bien raison ma vieille ! Les mecs c'est mieux ! .... Euh, j'avais vraiment pensé ça ? ... Chut, n'y pense pas ! ... Ouais, t'a raison ... enfin j'ai raison ! J'observai donc son corps aussi mince qu'une brindille et ses bras frêles qu'on imaginerai plus sur une piste de danse que faisant des tâches jusqu'à l'épuisement du matin au soir. Les apparences peuvent être trompeuses. Bah ouais regarde ton visage de biche et tes yeux de princesse ... on dirait pas que tu sort d'un film d'horreur interdit aux mineurs ! ... Mana, tu crains ma vieille ...

Le suivant était le jeune de 15 ans qui en avait en fait 16 et qui se prénommait Adrien Rolfe. Et je ne m'étais pas trompé sur son compte, il n'était là que depuis 2 mois à peu près, un jeune chiot en somme qui venait de découvrir les horreurs de Ionespel et qui pensait encore que ce n'était qu'un cauchemar. Il n'avait pas du subir beaucoup, les psy ont été indulgent ... ou alors il était vraiment fou, me dis-je en croisant son regard d'excitation au fur et à mesure qu'il racontait son escapade qui l'avait envoyé ici.

- Pourquoi suis-je ici ? Parce que je suis un artiste, c'est tout. Et certains n'ont pas aimé mon sens du génie. Je les avais pourtant bien positionné mes sculptures humaines ... elles étaient si belles, dit-il dans un soupir d'aise qui me fit trembler. AHAHAHAHAH C'EST UN TARE MONUMENTAL !!!!

C'était vraiment un psychopathe ce gars-là, encore pire que moi. Et comme personne ne l'arrêtait, je l'écoutais délivrer son crime en repoussant un sourire qui menaçait de pointer. Il était intelligent, bigrement intelligent, et autant sadique. J'étais quelque part flattée qu'il puisse admirer mes propres meurtres tant les siens étaient .... une œuvre d'art. Mais cela restait un comportement inhumain, il avait tué pour le plaisir, et non pour se venger, finis-je par conclure. Allez ... on peut plus postuler au titre de 1e folle ? ... Si toujours ... Alors venge toi, il te pique ta place ! Fais pas ta raisonnable maintenant ! ... Ouais ... enfin non !

Adrien était un élève très populaire dans son école, un gosse de riche, et il collectionnait les conquêtes d'une nuit dans tout le voisinage ... mais personne ne savait qu'il pouvait être incroyablement charmant au lit car ses victimes se faisait endormir puis congeler vivante dans une sorte de gélatine qui maintenait leur corps en parfait état. Oh, je devais essayer avec les bananes ! Si ça moisit plus, c'est trop bien ! ... Mais on peut plus les manger ensuite crétine ! ... Ah oui c'est vrai ... Il les découpait ensuite et en faisait des sculptures dîtes ''magnifiques'' selon ses propres mots qu'il déposait dans le parc gigantesque de sa ville. Un parc un peu glauque ... Il en semblait très fier, peut-être cet ego était la faiblesse de son intelligence ? J'avais de la peine pour les pauvres filles qui s'étaient retrouvés entre ses bras, elles étaient innocentes, leur seul défaut avait été de choisir le mauvais garçon. C'était des saintes nitouches qui aimaient le rentre dedans c'est sûr ! Comment pouvait-on arriver à posséder un tel esprit gore et créatif ? Car il avait su tromper son monde pendant une année entière avant de se faire arrêter. Je te tire mon chapeau imaginaire !

N'empêche, je décidai de le garder à l'œil alors qu'il s'installait à mes pieds, comme un bon vieux chien affectueux et inoffensif, mais mon expression devait être méfiante car il m'adressa un sourire complice qui me signifiait qu'il avait bien compris que je savais quel genre d'homme il était.

Je suis intelligente comme je l'avais dit, juste un peu perchée sur les bords ...

Nooooon, juste un peu c'est ça ?

Le Centre IonespelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant