Réminiscence d'un cauchemar

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Le soleil semblait décliner lorsque j'ouvris les yeux sur ma chambre et la première chose qui me traversa l'esprit fut : Oh, des bananes ! lorsque je posa mon regard sur le plateau de fruits posé sur la table centrale de la pièce. Toi et ton péché mignon, t'es incorrigible ! ... Je sais, je sais ... gourmandise me le fait bien savoir ... Et un sourire illumina mon visage quand je vis des raisins et des pommes accompagner aussi mon petit plaisir.

Puis, au fur et à mesure que je me dirigeai vers les bananes qui me faisaient de l'œil et que les derniers événements me revenaient en tête, mes yeux s'agrandirent d'effroi et un tremblement inquiétant agita mes jambes qui s'écroulèrent sous mon poids. Les dernières paroles de Mr Taranosviska en tête, je réalisais que je n'étais plus vraiment moi-même, plus la Mana que j'avais appris à devenir. Je m'étalai sur le plancher dans un faible gémissement, mon coude me rentrait dans les côtes, mais je n'en avais rien à faire sur le moment. Mon corps s'agita comme une marionnette à qui on secouerait les fils dans tout les sens ... Relève toi crétine ! ... Ne te laisse pas faire ! ... Tu as vécu bien pire ! ... Adapte toi comme tu as toujours su le faire ! ... TU VEUX LEUR MONTRER QU'ILS ONT GAGNÉS ?! NON ? ALORS REPRENDS TOI ! ... mes pensées défilaient mais aucune n'avaient prise sur le contrôle de mes mouvements, aucune ne me faisait relever la tête pour chasser ce moment de faiblesse. Je compris que je connaissais alors ce qu'on appelait communément une crise d'angoisse incontrôlable, et ce, à cause du fait qu'on m'ait encore touché, qu'on ait modifié mon corps et ce que j'étais à mon insu encore une fois, mais ce fut lorsque les spasmes possédants mes membres me firent cogner tour à tour les pieds de la table et du lit, déchaînant des éclairs de douleurs sous ma peau et mon crâne que je me dis que là, ça n'allait plus ... Amana, que fais-tu ? Tu cherches à te rebeller ? ... Ça ne sers à rien ma chérie, tu es faible et tu le restera toute ta vie ... Arrête de vouloir être une héroïne, tu n'es rien ...

- Tais-toi ..., dis-je dans un souffle aux flashs de souvenirs qui m'assaillaient dans ce moment où mes barrières mentales ne les retenaient plus.

Tu n'arrête pas de me décevoir ...

- Je ne veux pas t'entendre ...

.... Tu n'es désormais plus ma fille à mes yeux ...

- Non, papa tait toi ! Criais-je en me bouchant les oreilles, tentative vaine d'arrêter mon père de s'insinuer dans mon esprit.

... Tu oses me répondre ?! Reste à ta place ...

- FERME-LA ! JE NE VEUX PLUS T'ENTENDRE !

... Reste la sale putain que tu es devenue !

- NON PAS CA ! PAS CA ! PAPA NON ! JE NE VEUX PAS !

Et puis, après ces phrases fatidiques, toujours le résultat inévitable de ce cauchemar, et alors que je hurlais dans ma chambre aux murs froids qui m'entouraient, je vis se dessiner des milliers de visages qui riaient de moi, aussi vieux que récents, allant à celui de ma mère, floue, à ceux d'Angélica ou encore de V, ils semblaient tous se moquer de moi et de ma faiblesse tandis que j'assistais, encore une fois, impuissante, au viol par mon propre père.

Je me souvins être battue, être maintenue alors que je refusais que mon père écarte mes cuisses pour me prendre ... et ses mots, aussi douloureux qu'une flèche de glace ... Amana, ma chère petite ... tu as pris la place de ta mère à présent, la maison en est très contente ... Mon père, le seul qui ne m'avait pas encore touché, en qui je croyais avoir encore un peu d'amour pour moi malgré le fait qu'il me laissait tous les jours dans une maison close depuis mes 12 ans, depuis la mort de maman. Je pensais qu'en faisant ainsi, je l'aidais, je nous aidais à garder notre situation stable pour longtemps, nous qui n'étions plus que deux. J'aurais du m'en rendre compte, j'aurais du ... tellement de regrets qu'on ne peux pas effacer, qui marquent notre chair et notre âme à jamais ... ne me déçois pas comme ta mère .... sois une bonne fifille .... je suis un client moi aussi à présent ...

Et ces mots, ces simples mots, avaient détruit l'image d'un père aimant et obligé à sacrifier sa fille pour subsister. J'en avais connu des pénétrations mais aucune ne fut plus douloureuse et horrible que celle que j'avais vécu à cet instant, je m'étais sentis sale et aussi désespérée que les gouttes dehors qui faisaient écho à mes larmes et à mon cœur brisé. Mais je m'étais surtout senti accablée de solitude et non emplis d'une haine vengeresse .... Ta mère est morte pour ne plus vouloir faire ce que je lui disais ... continu de m'écouter et tu ne finira pas comme elle ... Cela avait changer lorsque ses paroles avaient quitté sa bouche, cette bouche qui me faisait des choses sales et qui me fit quitter cette position de soumise résignée à celle d'une furie pleine de rage et de violence pure. J'avais toujours cru que ma mère était morte, étranglée par des meurtriers anonymes à qui je rêvais de traduire en justice, si une justice neutre existait encore autour de moi, et là que j'avais enfin pu mettre un visage et un nom sur ces personnes, j'avais pleuré devant l'horreur que le destin avait placé devant ma route.

Et puis je l'avais vu, le couteau posé sur la table, mais je n'avais pas été la seule, et mon père avait maîtrisé violemment à terre la gamine de 14 ans que j'étais sans s'arrêter de me prendre de force. Mais l'idée d'un tel acte avait traversé mon esprit et, sans réfléchir, je m'étais faite docile, comme disciplinée à mon père. Puis, lorsqu'il m'avait relâché, pensant enfin avoir fait de moi une enfant obéissante, je l'avais bousculé contre le meuble de la cuisine et placé la tête sous le mixer ... une telle action aurait du me paralyser mais, au contraire, j'avais regardé mon père agoniser sous mes yeux, un plaisir malsain au fond de moi de voir ce connard crever. Et enfin, lorsque son crâne ne fut que bouillie et que son cerveau s'était répandu sur mon corps nu et la table de cuisine, je m'étais sentie enfin moi-même ... une Amana que je ne connaissais plus ... non, une nouvelle Mana.

Ça, c'est jouissif Mana ... Chut, je sais ... mais horrible ... je sais aussi ...

Une main froide se posa sur mon front et les cris de ma gorge cessèrent, comme rassurés par ce contact apaisant, et lorsque j'osai poser les yeux sur mon sauveur, je croisais le regard sombre d'un reptile en tension ...

... un reptile ?

Le Centre IonespelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant