Texte 4 : FINIE

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Auteur : MadHaterr
Titre : FINIE

        Un pas après l'autre. Doucement et de manière monotone. Toujours les mêmes gestes. Continuer, malgré tout. Sur un banc, au parc, en train de regarder la végétation, les enfants en train de s'amuser et les animaux se baladant ça et là dans leurs enclos. Il faisait beau aujourd'hui : un soleil éclatant et un ciel bleu magnifique à se damner. Comme si tout allait bien. C'était insupportable. Il ne faisait pas vraiment chaud ; le vent caressait les bras, les jambes et les visages permettant ainsi à la température d'être facilement supportable, agréable même.
​        Tu avais eu une enfance tout à fait normale : tu avais des amis et aimais t'amuser avec eux à la récréation. Que ce soit à la corde à sauter, au loup, à la marelle, aux cartes, aux billes,... Ces petites choses qui t'avaient semblé tellement ringardes à l'adolescence. On sourit tous en regardant des enfants s'amuser en pensant qu'ils doivent être heureux mais faire comme eux ne nous viendrait pas à l'esprit : on était trop vieux pour ça maintenant. Enfin, même si tu avais renié cette part enfantine de toi-même, tu l'avais vite accepté quelques années plus tard. Tu la revendiquais même et continue de la défendre.
​        A l'adolescence, tu avais tenté de te rebeller. Tu ne voulais plus que les gens te voient comme une petite fille naïve et innocente. Tu voulais être forte et pour cela tu affichais toujours un air froid et impassible. Une expression bien éloignée de la jeune fille pleine de vie que tu étais. Tu n'avais tout simplement pas compris que tu pouvais être à la fois souriante et forte. Tu pensais être sûre mais tu as très vite compris que tu étais juste perdue.
​        Mais tu étais allée au-delà de tout ça. Tu avais accepté de vivre et de te battre. Tout le monde te disait que tu ne pouvais pas y arriver, que tes rêves étaient irréalisables. Et la seule chose que tu trouvais à faire dans ces moments, c'était de leur sourire et de chuchoter un « on verra » qui sonnait plus comme une promesse à toi-même que comme une provocation.
​        Tu as vécu beaucoup d'expériences mais en parler durerait trop de temps. Et puis de toute manière, rares sont ceux qui sont près à écouter et entendre. Peu importe, tu l'écrirais.
​        Aujourd'hui, tu commençais sur une nouvelle ligne de départ. Tu étais arrivé au bout de la première en réussissant les études obligatoires. Tu avais commencé tes études supérieures et tu étais en bonne voie. Bien sur, tout n'était pas tout beau mais toi tu continuais de sourire et de profiter en faisant toujours ton maximum. Tu étais passionnée et c'est pour cela que tu avais choisis d'entreprendre ces études : pour te mener au métier que tu trouvais le plus attrayant. Tu allais y arriver et rien ne t'en empêcherais ! Jamais...
        Du moins, c'est ce que tu croyais. Mais nous n'en sommes pas encore là... Tu te sentais mal depuis quelques temps. Mais tu n'y avais pas fait attention, comme à ton habitude. Une fois, tu avais une entorse au pouce mais tu ne disais rien parce que tu voulais ignorer la douleur : ça ne te semblais pas si grave. En fait, ça ne l'était pas réellement. Sauf que là, cette douleur que tu avais voulu ignorer une fois de plus, elle l'était. Mais tu te croyais invincible : du moins, tu ne pouvais pas, ou ne voulais pas, imaginer que quelque chose de grave était arrivé et puisse t'arriver.
​        Quelle abrutie quand tu y repenses ! Aujourd'hui, tu avais enfin consentie à consulter et tu sortais tout juste de l'hôpital. Une épée de Damoclès s'était abattue sur ta tête. Une épée sur laquelle était gravé un tout petit mot de 5 insignifiantes petites lettres différentes lourdes de sens : a ; deux c ; e ; n et r. Tu sembles avoir oublié donc laisse moi te rafraichir la mémoire en les mettant correctement : CANCER.
​        Peu de chance de t'en sortir. Tu voulais vivre mais tu allais mourir : c'est ce qu'on avait décidé à ta place. Mais bon sang, pourquoi tu n'es pas allé consulter ce jour où tu avais mal ? Si cette immondice avait été détectée avant, tu ne serais pas condamnée et tu pourrais poursuivre tes rêves.
​        Quand tu avais entendu ce mot, tu n'écoutais déjà plus le docteur. Tout s'était effondré autour de toi : comme si l'avenir que tu projetais d'accomplir s'était brisé en une infinité de petits morceaux. Tu t'étais ensuite levée pour aller sur le banc du parc. Tu ne sais même pas si le docteur avait fini sa macabre tirade...  Et tu étais tellement plongée dans tes pensées que tu n'avais même pas entendu le petit garçon te demandant pourquoi tu pleures. Quand enfin tu le remarquas, tu bricolais un mensonge.
        Les joues humides comme s'il avait plus et la gorge sèche, tu te chuchotais à toi-même : « Pourquoi je pleure ? Parce que je vais mourir à cause de ma fierté ». Paroles que tu accompagnais d'un petit rire nerveux semblable à un cri de détresse perdu dans l'abyme de ta tristesse.

TOUT EST FINI MAINTENANT.

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Les résultats seront postés le 14 août.
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~Cyclone

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