Texte 8 : Accord Majeur

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Auteur : Anonyme
Titre : Accord Majeur

Une note claire s'élève dans le silence de la salle. Les quelques yeux présents se tournent vers ce léger bruit. Un nouveau chapelet de notes monte et stagne dans la fumée des cigarettes. Puis commence lentement la douce musique d'une guitare. Les doigts pincent avec douceur les cordes. En haut de la guitare, se promène une main qui marque le rythme de la mélodie. Peu à peu les quelques têtes commencent à bouger lentement. Un murmure accompagne le guitariste.
Enfoncé dans mon fauteuil, j'observe le musicien. De longues mains aux doigts fins accrochent les notes dans le cabaret, vide à cette heure avancée de la nuit. Les yeux fermés, il se laisse aller à sa musique. Sa face blanche, malgré la pénombre, est illuminée d'inspiration. Les guenilles qu'il porte, traînent à terre et ramassent les cendres tombées des cendriers.
Soudain, la musique s'accélère. Je me sens oppressé par ce brutal déchainement de violence musicale. Une femme se lève, et jette ses bras en l'air, accompagnant de son corps de rêve le guitariste. Petit à petit, elle ôte ses vêtements avec sensualité et se retrouve dansant sous mes yeux, en petite culotte.
Un violent désir envahit mon corps. Sous la fureur qui m'habite, ma vue se brouille. Seuls parviennent à mes oreilles les accords excitants du musicien. Mon corps se jette sur ce corps qui m'est offert. Une brutalité bestiale me pousse à violer cette inconnue. Mon cerveau n'est habité que par les fantasmes issus de cette musique de dégénérés. Les notes se cognent avec violence le long de mes neurones. Des pensées ignobles, qui ne sont pas les miennes, se pressent contre mes oreilles.
Je me lasse enfin de mon jeu, alors que la musique décroit avec lenteur, ne laissant dans ma tête qu'un grand vide emplis de douleur et de bruit. Je sors de ma torpeur et regarde le sourire du guitariste assis dans le silence de la salle. Tout autour de moi, des cadavres ensanglantés sont couchés dans la cendre tombée des cendriers. La voix acide du musicien s'élève :
-Viens ma bête. Allons visiter un autre cabaret.
Je me remets sur mes quatre pattes, et traine ma carcasse de loup derrière mon maître.

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~Cyclone

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