Concours d'écriture

Texte 10 : Blemmophobe

Auteur : clara_lct
Titre : Blemmophobe

Inspiré du roman Flora Banks écrit par Emily Barr ; le premier roman qui m'a fait pleurer.

Je suis assise sur mon canapé, en train de regarder la télé être animée d'images colorées. Je me sens détendue et je somnole. Je regarde autour de moi et reconnais facilement le lieu. Je suis chez moi, dans mon salon. Tous les rideaux sont tirés et empêchent le soleil de rentrer dans la pièce, plongée dans l'obscurité. Je me lève et mes jambes tremblent si fort que je dois me rattraper au buffet de la télé pour ne pas chuter. Après l'endolorissement passé, je peux enfin marcher jusqu'à la grande baie vitrée et tire d'un coup sec le grand rideau couleur crème. J'habite juste en face d'une rue. Je ne me rappelle pas pourquoi j'étais étendue sur le canapé et pas dehors, à profiter de la chaleur estivale. Je trouve un petit Post-It sur la porte d'entrée et lis ce qu'il y a d'écrit.

« Ne t'inquiètes pas, Sophie. C'est moi, maman. Je sais que tu es perdue et c'est normal. Complètement normal. Sauf pour toi peut-être. Tu as dix-huit ans et tu es BLEMMOPHOBE. Ça veut dire que tu as peur du regard des autres. Sauf que ta maladie est beaucoup plus présente en toi et, en quelques années, tu es devenue un véritable ermite. Un jour, tu as pris ton courage à deux mains et tu es sortie dehors. On t'a retrouvé inanimée près de la mairie. Une voiture t'avait percutée de plein fouet alors que tu traversais la route. Ton cerveau a été gravement endommagé et tes souvenirs de ces quatre dernières années se sont effacés. Pour ta sécurité, tu dois rester à la maison et ne pas bouger d'un pouce.

Bisous, ta maman qui t'aime. »

Je relis le Post-It une dizaine de fois puis finis par le recoller sur la porte. Si je comprends bien ce qu'il se passe, je m'appelle Sophie, j'ai dix-huit ans, et je suis BLEMMOPHOBE. Où est maman ? Et papa ? Je me rappelle bien être sortie un jour d'été, il y a quatre ans, quand j'avais quatorze ans. Je jette un coup d'œil au calendrier accroché au mur. Nous sommes le 10 Juillet 2012. Maman a écrit sur le papier de ne pas bouger de la maison parce que je suis BLEMMOPHOBE. Alors je referme les rideaux et me rallonge sur le canapé. Et en quelques secondes, je m'endors.

Je me réveille devant une tasse. Elle est remplie d'un liquide brunâtre survolé par une fine mousse. J'en déduis que c'est du café. J'approche ma main de l'anse de la tasse et remarque qu'elle tremble. Tant pis. J'attrape ma tasse avec détermination et bois une gorgée, puis deux, pour finir entièrement ma tasse. Lorsque je repose ma tasse, je remarque quelqu'un assis en face de moi. C'est un homme, il est très beau. Il a les cheveux roux et les yeux vairons. Il me sourit et repose son téléphone.

-N'est pas peur, me rassure-t-il en remarquant ma détresse face à un inconnu. Je m'appelle Aurélien et je suis ton petit ami. On sort ensemble depuis quatre mois. Je t'aime, tu m'aimes aussi. On a déjà fait l'amour ensemble et tu as déjà jouit.

Je me sens rougir d'un coup tandis que l'homme a l'air très sérieux. Je sens ma respiration s'accélérait dangereusement. Le prénommé Aurélien se lève, affolé, et fusille une femme qui nous regardait.

-Excuse-moi, Sophie. C'est que, juste avant que tu n'oublies, nous parlions de ça aisément. Ce qui m'a fait extrêmement plaisir car d'habitude tu as peur d'en parler. Encore désolé. Je t'aime.

Il marque une pause pendant laquelle je clos mes yeux. Je sens quelque chose m'effleurer les lèvres. C'est les lèvres d'Aurélien. Je scelle notre baiser et Aurélien commence à mouvoir légèrement ses lèvres. Puis il se recule et un petit point me pique le cœur.

-Tu es BLEMMOPHOBE, Sophie. Ça veut dire que tu as peur du regard des autres. Mais il y a quatre ans, tu as voulu affronter le monde et tu as été percutée par une voiture. Ton cerveau a été endommagé. Tu as une AMNÉSIE ANTÉROGRADE. Tu ne te souviens plus de rien depuis cette accident et tu n'as encore jamais reconstruit de nouveaux souvenirs.