Texte n°8 : Le Garçon Du Couloir

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Auteur : Dreamslove2
Titre : Le Garçon Du Couloir

À toi,

Trois secondes. C'était le temps qu'il t'avait fallu pour que je tombe dans tes filets. Ce n'était pas grand chose, certes, mais assez malheureusement. Je ne pourrais jamais le changer, ce précieux temps. Si j'avais su, j'aurais continué mon chemin sans me retourner. Toute cette histoire a laissé son empreinte sur mon pauvre coeur souffrant.

C'était improbable. Tu n'étais pas quelqu'un d'important, c'était à peine si on te remarquait. Tu as débarqué du jour au lendemain et cela n'a étonné personne. Tu te déplaçais là où le vent t'emmenait, je dirais même que tu te traînais. Tu arpentais chaque couloir de notre établissement à la recherche de quelque chose. Je ne savais pas ce qui pouvait autant t'attirer.

Mais je savais que ce n'était pas moi.

Mon esprit se torturait afin de trouver des réponses à mes questions. Je savais parfaitement que tu étais le seul à pouvoir y répondre, mais la simple idée de t'adresser ne serait-ce qu'un petit mot me rendait malade à un point inimaginable. Tu étais le seul à détenir une quelconque emprise sur mes moindres faits et gestes. Et moi, qu'avais-je le droit de détenir à ton insu ? Absolument rien.

Qui étais-tu ? Qu'avais-tu vécu ? J'avais besoin de savoir tout cela. Mais aussi quel était ta couleur favorite, l'animal qui t'intéressait le plus, le chiffre qui te portait chance... je devais absolument connaître chacune de ces réponses. Pourquoi ? J'aimerais dire que c'était dans un but bien précis mais ce serait mentir. En réalité, je n'en avais aucune idée. Mais après, je me suis rendue compte que ton identité m'était totalement inconnue. J'aurais pu simplement t'appeler le garçon du couloir, pas fameux hein ? pourtant ça ne marchait pas. Il me fallait un nom sur ce visage étrange.

Au fil du temps, je ne faisais que te fixer. Pas comme une psychopathe, non ce serait trop glauque. Mais fixer avec tendresse, je crois. J'avais cette envie de te prendre dans mes bras dès que je te voyais. De coller mon front au tien et plonger mon regard dans le tien qui n'était autre qu'un océan noir. Oui, la couleur de la peur et des ténèbres. Je voulais aussi fourrer mon nez dans ton cou et sentir ton odeur qui m'aurait rappelé à chaque instant que tu étais bel et bien là.

Mais enfin, que m'arrivait-il ?

Cette question est revenue un million de fois dans ma tête, sous plusieurs formes différentes. Puis ça m'a frapper telle une révélation. Je ne voulais point y croire. Pour moi, c'aurait été du suicide d'y penser une seule seconde. Mais j'y étais malheureusement obligé. C'était un sentiment que je ne pensais pas ressentir un jour, et encore moins envers toi, le garçon du couloir. Oui, ton nom ne m'était pas encore venu. Mais ne t'inquiète pas, il ne tardera pas.

Bref, j'étais éperdument amoureuse de toi. Pas génial, je le sais.

Sachant que je ne tiendrais pas longtemps sans t'avoir près de moi, j'ai pris mon courage à deux mains et je me suis pour la première fois avancer vers toi. Je t'ai alors murmuré un mot : Salut. Je devais sûrement avoir le trac. Je pensais que tu allais me répondre la même chose et pourtant, ce n'était pas le cas. T'es beaux yeux m'ont lancé des éclairs et tes lèvres ont laissé s'échapper ces quelques mots : Je te déteste. Tu es le diable incarné.

Mon coeur s'était ensuite brisé en un milliard de petits morceaux qui ne se recolleraient sûrement plus jamais. Tu as filé telle une flèche loin de moi me laissant dans l'angoisse, le noir le plus total. Que t'avais-je fais pour me traiter ainsi ? Je n'osais même pas te rattraper afin d'avoir la réponse. Affronter ton regard haineux ne me disait rien qui vaille. Alors je suis resté là sans bouger. Les yeux rivés droit devant moi. On aurait pu me prendre pour une statue.

Les jours suivants, tu n'étais plus là. Seul ton désarroi régnait encore à l'endroit où tu m'avais envoyé balader. Ta présence m'était indispensable. Tu étais comme mon oxygène sauf que tu tentais de m'enfoncer plutôt que de me relever. Ce n'est pas le but de l'oxygène habituellement. À cause de moi, tu loupais plusieurs jours de cours, mais je ne pensais pas que c'était bien plus pire que cela.

Lorsque je t'ai vu de loin dans la rue, j'ai eu l'idée débile de te suivre. C'était donc ce que j'ai fais. Je l'ai tout de suite regretté. Il fallait que je reste discrète tout en ne te lâchant pas d'une semelle. Tu avais l'air pressé. Les passants autour de toi ne jetaient pas un regard vers toi en se demandant ce qui te faisait marcher aussi vite. À croire que pour eux, tu n'existais pas. Que tu n'étais qu'une ombre. Mais j'ai continué, et tu m'as mené jusqu'à un cimetière.

J'ai d'abord cru qu'un membre de ta famille était mort.

Tu t'es stoppé devant une tombe. Je pensais que tu te recueillais, je voulais donc te laisser en paix. Mais en un clin d'œil, tu avais disparu. Éberluée, je me suis placé devant la tombe en pierres, et la photo m'a interpellé. Mon souffle s'est coupé. Je savais que tu m'observais, un sourire moqueur scotché aux lèvres. Les larmes ont coulé toutes seules. Chacun de mes membres tremblait telle une feuille d'automne. La photo te représentait, toi, le garçon du couloir.

J'ai tout de suite compris. Tout se mettait en place dans ma tête. Tu étais mort et tu me détestais parce que je t'aimais. Tu ne voulais pas qu'on t'aime, mais pourtant c'était ce que j'avais malencontreusement fais. Si j'étais dans le même état que toi, ça t'aurais facilité la tâche. Dommage pour toi, je ne peux cacher mes sentiments éternellement.

Que tu ne sois plus de ce monde ne changera rien. Même si j'avoue que le fait que tu me détestes me fait mal au coeur.

Ceci est pour toi, le garçon du couloir.

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~Cyclone

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