Texte 6 : Le déni de l'évidence

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Auteur : laissepleurerlapluie
Titre : Le déni de l'évidence

Assise à une extrémité du canapé, j'ai les yeux plongés dans tes deux billes couleur océan. Tu me souris si adorablement que l'envie de t'embrasser me prends. J'observe tes cheveux en pétard et ta joue encore marquée par la trace d'oreiller. Un sourire naît sur mes lèvres et je tends ma main pour prendre la tienne. Les traces des cauchemars de ma nuit s'effacent à la vue des étoiles dans tes yeux. J'ai rêvé que tu mourrais encore une fois, le même enfer qui hante mes nuits depuis des mois. Je me réveille en sueur, le manque qui me prends au coeur et j'etouffe. Mais nous avons instauré un rituel maintenant. Je me lève pour prendre une douche puis je te rejoins sur le canapé. Tu es toujours là quoi qu'il arrive et c'est tout ce qui me calme.
Nous n'avons pas besoin de parler pour nous comprendre. Juste rester là, les yeux dans les yeux à nous regarder, me repaître de te voir bien en vie.
Depuis le début de ses cauchemars, depuis que tu as survécu à cet accident en fait, la peur de te perdre me hante. Je ne vis plus que pour toi.
Je ne laisse plus personne entrer et je ne sors que si cela devient nécessaire mais tu t'accomode, pour moi, de cette vie casanière.
Je vis avec la peur constante de revenir chez nous et ne pas te trouver là.
Je sors de ma transe et je me dirige vers la cuisine. Je ne sais pas quelle heure il peut être... Les volets sont fermés et il n'y a plus d'horloge dans notre appartement. Depuis ton accident, le temps s'est arrêté pour moi et je considère celui qui s'écoule maintenant comme un sursis.

-Tu veux grignoter quelque chose ? questionnais-je de la cuisine.
-Non merci ça va. Mais mange toi, tu as maigri depuis quelque temps.
-Je vais voir...

Je rouspète contre ton inquiétude inutile car je ne vis que par toi. Tu ne comprends pas... Mais je ne t'en veux pas, tu n'as pas vécu l'enfer d'attendre que l'autre refuse de suivre la Mort. J'aurais donné ma vie contre la tienne, saches le.
Je reviens avec les tasses et une orange pour faire bonne mesure devant toi. Comme d'habitude tu te brûle car tu n'as pas attendu que l'eau refroidisse et je souris de ta grimace enfantine. Ces moments avec toi sont si précieux...
Mais notre calme est perturbé par la sonnette.

-LEXY OUVRE CETTE PUTAIN DE PORTE !!!

C'est Olivier qui hurle de l'autre côté. Tu sais il s'inquiète pour nous depuis que je nous retiens quelque peu à l'appartement mais j'ai choisi de l'ignorer.

-Ouvre lui, ça fait longtemps que tu n'as pas vu ton meilleur ami.
-Non parce que tu vas partir.
-Tu sais tout comme moi que ça ne peut plus durer.

Je soupire, la gorge nouée et les larmes aux yeux. Je refuse de laisser Olivier entrer si tu t'en vas.

-LEXY JE VAIS DEFONCER LA PORTE DANS 2 MINUTES JE TE PREVIENS !!!

Son éclat brise tout et tu en profite pour t'eclipser. Je le hais de t'avoir fait fuir. Je l'entends qui s'acharne sur la porte mais je ne veux pas le voir.

*CRAC*

La porte cède sous ses coups et je me roule alors en boule dans mon canapé. Je ne veux pas le voir, il me l'enlève.

-Oh mon dieu... Lexy...

Je sens la pitié dans sa voix mais je ne veux surtout pas ouvrir les yeux. Sinon tout s'effacera, tu partiras...
Malheureusement, je l'entends farfouiller dans notre chez nous et je ne peux supporter le fait qu'il touche tes affaires. Mais la réalité me fait tourner la tête et hurler de douleur. Je vois les tasses qui t'etaient destinées encore pleine, l'état pitoyable de l'appartement et surtout... Les coupures de journaux qui parle de ton enterrement.

-Oh putain Lex... Ça a recommencé hein ? Les hallucinations ?

Je ne réponds pas. Ne pars pas, je t'en supplie... Ne me laisse pas.

-Lex s'il te plaît, laisse moi t'emmener à l'hôpital.

Pars Olivier. Laisse moi juste rester ici, laisse nous rester ensemble. Laisse ma tumeur me ramener l'amour de ma vie. Laisse le cancer m'emmener près d'elle. S'il te plaît...

-Lexy... Restes avec moi.

Ça y est tu reviens près de moi, tu es de nouveau là. Je viens me refugier dans tes bras et je laisse le noir m'envelopper. Excuse moi Olivier, je la rejoins.

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~Cyclone

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