Texte 17 : L'ombre de moi même

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Auteur : bailarina_11
Titre : L'ombre de moi même

Cela fait maintenant presque trois ans. Trois ans que je me suis réfugiée dans cet univers parallèle, trois ans que je n'existe plus qu'à moitié. On pourrait me comparer à un songe, qui apparaît, et puis disparaît. J'observe les gens autour de moi. Ils respirent la joie de vivre, ils croquent la vie à pleines dents. Moi, je n'en suis plus capable. Je ne sais plus le faire.

Parfois, j'aimerai savoir vivre, pouvoir rire ou bien tout simplement sourire sincèrement. Ainsi, je ne sentirai pas ce sentiment de ne pas être à ma place, comme c'est le cas en ce jour si spécial. Aujourd'hui, mes parents se marient. Alors j'ai pris ma jolie robe, je me suis maquillée, j'ai accroché ce sourire factice à mes lèvres et je fais semblant. Cela fait tellement longtemps que je fais semblant que je ne sais même plus à quoi ça ressemble de vivre, vraiment.

Je me suis enfoncée, petit à petit, dans ce cercle vicieux, en pensant qu'il allait m'aider à vivre comme j'en avais toujours rêvé. Je me souviens, au début, je me sentais aussi légère qu'une plume, je pensais pouvoir voler, valser, vibrer. En réalité je me suis enfermée dans une cage dont j'ai jeté la clef.

Tout le monde a essayé de m'aider. Mes parents, mes amis, ma famille, l'infirmière du lycée, les profs, les médecins, tout le monde. Mais personne n'a réussi. Peut-être ne suis-je pas destinée à vivre. Peut-être.

Pourtant, j'avais une famille aimante. Mais ça n'a pas suffit. Ça n'a pas suffit à m'empêcher de me tuer à petit feu. Plus je continue et moins je sens de vie dans mon corps. Mon âme, elle, a déjà rejoint les cieux. Je suis entre la vie et la mort. Et je me sens poussée vers la mort. C'est cette voix, avais-je dit lors de ma première consultation à l'hôpital. C'est cette voix qui m'y oblige, je ne peux pas lutter. Je dois la suivre, même si elle n'est que le fruit de mon invention.

Ils ont dit que j'étais folle, que je devais aller à l'hôpital psychiatrique.

Mais je ne suis pas folle. Non. Je suis juste malade.

Anorexique, plus précisément.

- Allez, ma chérie, tu viens ? C'est l'heure des photos !

Ça, c'est la voix de ma mère. Il est temps pour moi de refermer cette petite parenthèse où j'étais moi-même et de me revêtir du costume d'adolescente parfaite. J'essuie mes larmes, esquisse un sourire voulu naturel puis me lève, pour repartir jouer mon rôle dans ce monde dont je ne fais plus vraiment partie.

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Bonne chance !

~Cyclone

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