Un biscuit dans l'os

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Je fais un rêve étrange lorsqu'un un bruit sourd se fait entendre. Je me lève en sursaut et ma tête tourne à cause du mouvement trop soudain. J'attends d'aller mieux puis je parcours la maison à la recherche de l'origine du bruit qui m'a réveillée. J'arrive dans la cuisine et je vois Undertaker à genoux, la tête baissée, qui se lamente. Je m'approche pour voir pourquoi il est dans cet état. Je vois des éclats de verre qui jonchent le carrelage. Une fois suffisamment proche, je me rends compte que c'est un bocal de biscuits. Plusieurs gâteaux sont éparpillés sur le sol. Je soupire et Undertaker se retourne vers moi, agrippe ma chemise de nuit et renifle.
- Mes gâteaux... Je voulais en prendre un, juste un.. maintenant c'est fichu.
Il continue de faire son caprice en pleurant des larmes de crocodile dans ma chemise de nuit pendant que j'évalue la situation. Je regarde dans les placards en m'apercevant qu'il ne reste plus de bocal. Il n'a quand même pas tout mangé ?! Il tire sur mon vêtement. Je me retiens de soupirer d'exaspération et caresse ses cheveux, gênée de devoir agir de la sorte.
- Aller, tout va bien... C'est que des gâteaux, c'est pas la fin du monde.
- QUOI ?, hurle-t-il en se relevant. Que des gâteaux ?! C'était MES gâteaux !
Je recule, terrorisée par cet homme aux multiples personnalités. Comment peut-on passer de jovial à pleurnichard puis furieux en un instant ? Qui plus est, tout ça à cause de simples biscuits. En reculant, je marche sur un bout de verre provenant du bocal brisé et pousse un petit cri de douleur. C'est ça de marcher pieds nus aussi... Je me met en équilibre sur une jambe en m'appuyant sur la table tout en faisant face à Undertaker. Il reprend tout à coup son sourire et éclate de rire. Je suis dépitée. Il fait vraiment peur. Je le vois qui commence à se baisser, près à tomber par terre à force de rire. Par crainte qu'il ne s'étale sur le verre brisé, je saute pour le faire basculer dans la direction opposée. Il et hilare et moi je serre les dents à cause de mon pied qui saigne à gros bouillons. Une bonne partie du carrelage est devenu rouge. Je me relève en me tenant sur une jambe. La douleur est atroce.

Undertaker finit par se lever et sort de la cuisine. Je rêve où il compte me laisser comme ça ?! Il revient avec une serpillère et un balais et nettoie le sang et le verre. Je reste debout à la manière d'un flamand rose pendant une bonne demi-heure. Je m'impatiente et décide de me débrouiller seule. Lorsqu'il sort pour aller vider le seau d'eau devenue rouge, je saute à cloche pied, en gardant mon équilibre tant bien que mal. J'ai parcouru la moitié de la distance et reprends mon souffle en prenant appuie sur la table. Je termine de rejoindre la porte pour aller vers ma chambre mais en sautant dans le couloir, je me prend le pied dans une planche de travers et m'étale par terre de la façon la plus élégante qui soit. Je finit sur le ventre, le souffle coupé. Undertaker, qui a bien évidemment assisté à la scène, part à nouveau dans un de ses irrésistibles fou rire. Je le regarde, embêtée. C'est pas possible d'être comme lui ! Je redresse et me met à genoux. Je respire un grand coup et me relève sur mes deux pieds. Je ne peux m'empêcher de gémir de douleur lorsque ma plaie entre en contact avec le sol. Je me tiens debout, droite en fixant l'homme tordu de rire. Je fronce les sourcils.
- Vous exagérez ! Hier vous étiez plutôt aimable avec moi, quoiqu'un peu bizarre quand même, et aujourd'hui vous me traitez comme si j'étais seulement une source d'amusement !
Je tremble de fureur. Il arrête de rigoler et me fixe, ou tout du moins il semble me fixer, je n'arrive pas à savoir à cause de sa frange. Il continue tout de même de sourire, ce rustre. Il se relève et se tient face à moi, en croisant ses longs doigts fins aux ongles noirs. Je n'avait pas fait attention hier mais je remarque une chevalière en argent surmontée d'une immense émeraude. Je ne m'attarde pas sur ce détail et tente de croiser son regard, malgré la touffe argentée qui recouvre le haut de son visage.

On reste comme ça environ cinq minutes puis je décide de bouger. J'en ai ma claque ! Même pas deux jours que je suis ici et je ne supporte déjà plus mon hôte. J'atteinds la porte de ma chambre après avoir souffert le martyre, entre et claque ma porte. Je rêve ou il est encore en train de rire ? Rah ! Je n'en peux plus. Je déchire le bas de ma chemise de nuit et me bande le pied avec les bouts de tissus. Je me change ensuite, prends ma clé, mon carnet et Jōnetsu et vais à la bibliothèque. Une fois là-bas, je trouve Grell qui tente de séduire un Shinigami aux allures de bureaucrate. Il porte des lunettes carrées, un simple costume noir et n'affiche aucune émotion. Mon ami aux cheveux écarlates abandonne après quelques instants. Il me repère et vient vers moi en se déplaçant de sa démarche élégante, féminine. Il me sourit de toutes ses dents pointues et m'enlace. Je suis extrêmement surprise par cet accès de gentillesse et me crispe lorsqu'il me soulève en m'étouffant à moitié. Il me repose et j'inspire une grande bouffée d'air.
- Comment vas-tu ma petite Laina, demande-t-il en faisant un clin d'œil. Alors, cette nuit chez Undertaker-senpai ? Il est vraiment charmant n'est-ce pas ? Cet homme est si charismatique, si beau... Oulala j'ai des frissons d'excitation rien qu'en pensant à lui !
Il se secoue et pousse de petits cris aiguës. Je souris face à ce spectacle comique mais l'histoire de ce matin m'empêche de rire. Il voit que quelque chose me tracasse et redevient sérieux, ou tout du moins un semblant de sérieux.
- Eh bien alors, tu ne dis rien ?
- C'est à dire que..., commençais-je, je m'attendais à autre chose.
- Viens me raconter ma petite chérie.
Il me prend par les épaules et nous nous installons sur un des bancs.

Nous discutons plusieurs heures par rapport à Undertaker, à la vue de Shinigami, etc. Alors que Grell me parle d'une de ses missions alors qu'il était avec un certain Sebastian, une porte s'ouvre et Undertaker entre dans la bibliothèque avec son charriot. Il regarde dans notre direction mais je détourne le regard, toujours furieuse. Grell, quant à lui, lui fait un grand signe de la main. Il me regarde ensuite et soupire.
- Ahlala... Si tu veux un conseille, n'entre pas dans son jeu mais n'essaye pas non plus de l'éviter. Undertaker-senpai est... Spécial. Avec le temps je pense que tu vas t'habituer à lui et à ses manies bizarres.
- Merci Grell, dis-je en souriant. Ça m'a fait du bien de parler avec toi.
- De rien Laina-chan ! Bon, je te laisse, j'ai du boulot.
Il se lève en faisant onduler ses longs cheveux rouges. Je le regarde partir puis consulte mon carnet. Toujours rien. C'est un peu embêtant de devoir rester assise à rien faire alors que je devrais m'exercer à récolter des âmes. Je pense alors à la forêt et décide de retourner m'entraîner.

La lune est à son sommet, illuminant la clairière dans laquelle je m'entraîne depuis sûrement trois bonnes heures. Je transpire à grosse gouttes mais je suis satisfaite de ma session de combat. Il va falloir que je rentre... Je lâche un soupir et rentre à la maison. Je prends un bain et vais m'allonger sur mon lit. Ça fait même pas dix minutes que je suis là et Undertaker refait des bêtises. Je me retiens de hurler mon exaspération et me dirige vers la cuisine en boitant. Je me pétrifie en voyant la scène. La cuisine est juste immonde. Il y a de toutes les matières existantes sur la planète qui jonchent le sol, éclaboussent les murs et coulent même du plafond ! Au milieu du carnage : Undertaker qui pleurent sur un petit os carbonisé.
- Mais qu'est-ce que vous avez fait ?!, m'exclamais-je, stupéfaite du désastre causé pour un seul biscuit.
- Bah je voulais mes gâteaux mais comme je ne reverrai pas le jeune comte avant un certain temps, j'ai voulu me débrouiller... Je crois que j'ai fais une bêtise.
- C'est pas une bêtise, c'est l'Apocalypse !
Je cours m'emparer de chiffons, serpillère et balai et commence à nettoyer. Undertaker me regarde faire sur le seuil de la cuisine en pleurant toujours son petit biscuit. Une fois tout nettoyé, je soupire pour la énième fois.
- Passez-moi la recette que j'empêche une autre catastrophe.
- Oh vraiment ? demande-t-il en jetant le bout de charbon.
Il me tend une feuille et je commence mon travail. La nuit risque d'être longue... Ou plutôt courte.

Par amour pour la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant