Se battre pour vivre

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Je suis la première à attaquer. Je lui fonce dessus le plus rapidement possible et alors que j'abats ma lame à l'endroit où se trouve son épaule, je ne brasse que de l'air. Il a esquivé si rapidement que je n'ai rien vu. Je me retourne et le vois qui me nargue en jouant avec la lame de son sabre.
- Eh bien alors mademoiselle ? Je vous attends.
Je grogne un juron et repart à l'assaut. Ce coup-ci, je suis prête à parer toute esquive. Je saute et il part sur le côté mais je feinte et me dépêche de me remettre sur mes pieds pour prendre appuis et sauter du côté vers lequel il se dirige. Il arrive à prévoir et recule avant que je ne le touche. Je tombe en avant et avant d'avoir réussi à me relever, il me porte un coup de son pommeau dans le dos. Je tombe, le souffle coupé.
- Pas mal, raille-t-il, un sourire dessiné sous sa moustache. Mais vous acharner est inutile jeune fille. Vous êtes face au plus grand escrimeur du royaume d'Angleterre.
- Le plus grand escrimeur ? rétorquais-je en crachant un peu de terre que j'avais récupéré en tombant. Alors veuillez pardonner mon insolence mais est-ce le meilleur ou le lâche qui esquive mes attaques en m'attaquant quand je suis à terre ?
- La fuite est une solution que seuls les imbéciles n'envisagent pas.
Il fini à peine sa phrase qu'il bondit vers moi. Je tente de parer mais d'un geste vif et habile, il passe derrière moi et m'envoie rouler au sol. Il repasse à l'attaque. Il vise mes jambes. Je saute en arrière et atterri quelques mètres plus loin. C'est qu'il est fort le papy.

Nous nous battons encore un quart d'heure avec des feintes, des coups bas et des esquives puis nous reprenons notre souffle, chacun de notre côté. Je suis épuisée. Il se bat comme un lion et il a pourtant l'air d'avoir bien dépassé les vingt ans.
- Vous êtes plutôt en forme pour votre âge, lui lançais-je en haletant.
- Je vais prendre votre remarque pour un compliment.
Il se redresse et tend son sabre dans ma direction. C'est alors qu'un jeune homme arrive en courant.
- Père ! hurle-t-il en rejoignant le marquis. Qui est cette personne, que vous veut-elle ?
- Ah Édouard, mon fils ! Je te présente Laina Shinsen. Cette charmante créature souhaite prendre mon âme.
Il éclate de rire et le nommé Édouard dégaine lui aussi un sabre.
- Permettez-moi de prendre part à ce combat.
- Je ne voudrais pas te faire de mal mon chou, rétorquais-je avec un air de jeune fille innocente.
Il contracte sa mâchoire et après un regard à son père, ils me foncent tous les deux dessus. Ils attaquent avec hargne et je contre-attaque de toutes mes forces mais je fatigue de plus en plus. C'en est trop. Je déploie mes ailes ressemblant à Jōnetsu et m'envole. Je le regarde du ciel puis fonds sur eux tel un faucon. Je les attaque de cette manière en tentant de les faucher avec mes plumes tranchantes mais rien ne marche. Alors que je vole au ras du sol pour repartir dans les airs, un poids me tombe dessus et me plaque au sol. C'est Édouard. Il plante ensuite son sabre dans mon aile droite et son père fais de même dans mon aile gauche. J'arrive à rentrer mes ailes mais j'ai atrocement mal au dos. Je me redresse tant bien que mal et me mets face à eux, le dos courbé par la fatigue.
- Allons, mon fils. dit le marquis en avançant vers moi après avoir repris son arme. Abrégeons les souffrances de cette pauvre créature.
- Je ne baisserai pas les armes, souffle-t-il en haletant.

Un sourire en coin puis une lame qui brille sous le soleil du milieu d'après-midi. Je ferme les yeux, prête à encaisser le choc et la douleur. Rien. Rien à part un souffle chaud et un corps qui s'affaisse sur moi. J'ouvre les yeux et voit Undertaker. Il me tombe dessus et je pousse un hurlement de terreur en voyant l'épée plantée dans son dos. Il me regarde avec ses beaux yeux verts émeraudes et prononce je ne sais quoi avant de s'écrouler.
- Je suis sincèrement désolé ! s'exclame le marquis. Il est sorti de nulle part avant que je ne porte le coup fatal. Enfin, éliminer la vermine en trop n'est que bénéfique.
- Vous êtes un monstre, articulais-je entre mes dents serrées.
Je n'en dis pas plus et dans un geste désespéré, je lui plante Jōnetsu dans la cuisse. Je me dépêche ensuite d'ouvrir la porte des morts pour y sauter avec le corps d'Undertaker. Nous arrivons à la bibliothèque. Il n'y a que Grell et en nous voyant, il hurle si fort que le son aiguë de sa voix fais trembler les étagères.
- Par tous les démons, qu'est-ce qui s'est passé ?! hurle-t-il en se précipitant vers nous.
- Pas le temps de t'expliquer, aide-moi à le soigner !
J'ouvre une nouvelle porte direction ma chambre et tire Undertaker de toutes mes forces.
- Grell, vite !
- Laina-chan calme-toi.
Il pose sa main sur mon épaule. Je le repousse et continue de tirer Undertaker. J'y mets toutes mes forces, les larmes coulant sur mon visage. Nous entrons enfin dans ma chambre. Il y a une trainée de sang qui va de la bibliothèque jusque dans ma chambre. Peu importe. Avec mes dernières forces, je retire le sabre du dos d'Undertaker en faisant une grimace de dégout et hisse le Shinigami sur mon lit. Grell me suit et tente de me calmer mais je ne l'écoute pas. Je place celui qui m'a sauvé sur le ventre et retire son manteau puis déchire sa chemise. La blessure saigne beaucoup et est profonde. Je ne sais pas recoudre ce genre de plaie et il n'y a pas de fil. J'ordonne à Grell de tenir Undertaker assis et enlève tout ce qui habille son torse. Je me sens rougir en voyant à quel point il est musclé mais je ne m'attarde pas sur ce détail. Je saisis les bandages que j'avais récupéré et commence à les passer autour du corps d'Undertaker. Je serre bien mais en regardant le dos, je vois le sang qui apparaît à travers les couches de bandage. Mes mains sont ensanglantées. Grell soupire puis retourne à la bibliothèque. Pourquoi ne m'aide-t-il pas ?! Je pleure de plus belle et serre le corps inerte de celui que j'aime. Je le serre fort, comme si ça allait le ramener. Je sursaute en le sentant bouger. Je crois que c'est le fruit de mon imagination et le serre plus fort en continuant de pleurer. Il bouge encore. Je cesse de respirer un instant, stupéfaite. Je sens une main se poser dans mon dos et je vois ses longs cheveux argentés bouger. Je lève la tête et vois et qu'il me regarde, le sourire aux lèvres.
- Je t'ai manqué ?
- Undertaker... C'est vraiment toi ?
Je sanglote et, n'en croyant pas mes yeux, je pose ma main sur sa joue. En sentant mes doigts effleurer sa peau, je recommence à pleurer. Je l'enlace et il m'étreint.
- Chut... Je suis là, souffle-t-il à mon oreille. Je ne te quitterai jamais.
Ses paroles me font sourire et je le regarde à nouveau. Il pose doucement sa main sur ma joue et essuie mes larmes. Il se penche alors et dépose un tendre baiser sur mes lèvres. Mon cœur bat plus vite qu'il ne l'a jamais fait. Je ferme pourtant les yeux et lui rends son geste de douceur. Je sens un regard sur nous. En regardant sur le côté, j'aperçois Grell, la tête dépassant de la porte des morts. Il a un large sourire peint sur son visage. Je n'y prête pas attention et serre Undertaker dans mes bras. J'écris l'un des plus beaux moments de ma vie et je voudrais qu'il ne s'arrête jamais.

Par amour pour la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant