Repas mortuaire

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    Le jour se lève. Je viens de finir de faire la vaisselle. Je vérifie que les cinquante bocaux de biscuits soient en place et je vais dans ma chambre. Je me vautre sur mon lit avec l'élégance d'une baleine bleue et enfonce la tête dans mon oreiller. À peine je ferme les yeux que je m'endort. Je me réveille en sursaut quand Undertaker entre dans ma chambre en riant. Lorsque je le regarde, son rire redouble et ce coup-ci, je hurle dans mon oreiller. Pourquoi moi... Comme il décide de ne pas bouger de là, je me lève et me dirige vers ma coiffeuse. En regardant mon reflet dans mon miroir, je me met à sourire puis à rire doucement. Je comprends mieux pourquoi il s'est effondré par terre en me voyant. Je reste cependant calme, la fatigue m'empêchant tout geste trop épuisant. Un fou rire me tuerait à coup sûr. Je saisis donc la brosse posée sur la commode et commence à brosser ma tignasse blanche. Ma coupe en pétard redevient la cascade nacrée qui tombe sur mes épaules. Et l'autre est toujours en train de rire derrière moi. Ai-je précisé que je suis restée éveillée toute la nuit, à préparer ses foutus biscuits pendant qu'il roupillait sur la table ? Cinquante bocaux de biscuits, cinquante maudits bocaux en une nuit. En jetant un œil par la fenêtre, je vois que le soleil est à peine plus haut que lorsque je me suis couchée. Je traite intérieurement mon charmant hôte de tous les noms d'oiseaux que je connais puis me lève et vais prendre mes vêtements sur le mannequin métallique. Je saisis Undertaker par le col et le traîne hors de ma chambre. Je vais ensuite dans la salle de bain et fais ma toilette. Je ressort, habillée et me rends compte qu'Undertaker et retourné dans ma chambre. J'avance sur la pointe des pieds et regarde par l'entrebâillement de la porte. Je le vois, debout, en contemplation devant la coiffeuse. Il effleure doucement le bois. Ce geste doux m'attendris. J'ouvre délicatement la porte qui grince et le sort de sa torpeur. Il se tourne vers moi et souris. Je ne saurais décrire ce sourire. Si seulement je pouvais voir ses yeux, je pourrais définir l'émotion peinte sur son visage.
- Hum... Vous vouliez me parler ?, demandais-je doucement.
- Oui ! Pour régler plusieurs points pa rapport à ton séjour ici. Avant tout, merci pour mes biscuits, ceux que tu as fait sont délicieux.

    Il reste un moment silencieux, en bavant à force de penser à ses gâteaux. Je toussote​ pour le ramener sur Terre. Il sursaute et sourit à pleines dents.
- Désolé ! Alors... Ah oui, pour le second point, j'aurai besoin de ton aide dans les tâches quotidiennes comme le ménage, tenir la boutique, etc. Enfin, la chose la plus importante de toute : on ne touche pas aux biscuits. Sur ce, bonne journée !
Et il repart, tout heureux. C'est bien beau tout ça mais c'est quand que je mange moi ? Je sursaute quand une porte s'ouvre devant moi. Grell et Ronald en sortent, ainsi que le Shinigami que Grell draguait la veille. Je le regarde tous les trois, un peu étonnée de les voir.
- Laina-chan comment vas-tu ! s'écria Grell en m'enlaçant comme hier. Tu as une petite mine. Ne me dis pas que... Oh Seigneur !
Je le vois sauter partout, rouge et excité comme pas possible. Le Shinigami que je ne connais pas lui assène un coup à l'arrière du crâne et Grell tombe tête la première sur mon parquet.
- Franchement, soupire-t-il en remettant ses lunettes en place, comment fais-tu pour toujours penser à de telles choses ?
Il se tourne vers moi et s'incline.
- Enchanté mademoiselle Laina Shinsen. Je suis William T.Spears, Shinigami de rang supérieur, comme l'énergumène ici présent.
Il termine sa phrase sur un ton exaspéré en pointant Grell, toujours assommé, du doigt.
- Ravie de vous rencontrer William, répondis-je en m'inclinant à mon tour.
Ron mes son bras autour de mon épaule et déclare en riant :
- Mais c'est que la demoiselle est aussi stricte que ce cher William ! Tu peux l'appeler Will, il va bouder mais en vrai il aime bien se surnom.
Lorsque je jette un regard à Will, celui-ci fixe Ronald d'un air qui en dit long. Alors que tout le monde s'installe à son aise dans ma petite chambre, mon ventre viens mettre un blanc. Je rougis et les trois hommes me fixe comme si des cornes venaient de me pousser.
- Eheh, c'est juste que j'ai pas mangé depuis... Bah depuis que je suis morte.
Grell et Ron se lance un regard dont je ne sais pas quoi penser et il se rue sur moi. Will ouvre une porte de la mort et les deux autres me saisissent par les bras en me jetant de l'autre côté de la porte.

    Après un ravissant roulé-boulé qui se termine sur les fesses, je me rends compte que nous sommes dans un restaurant. Je me lève en me frottant l'épaule, qui a un peu morflé lors de ce sublime jeté, et examine l'endroit. Je ne vois qu'un homme derrière le comptoir du bar. Les garçons arrivent derrière moi et m'entraîne au bar. Il me pose sur une chaise et je reste là comme une idiote à rien dire. C'est Ronald qui appelle le barman.
- Une formule petit déjeuner patron !
- Je vous ça tout de suite les jeunes, lance le bonhomme en disparaissant en cuisine.
- Alors comme ça, ce cher Undertaker-senpai à poser la règle des biscuits ? m'interrogea Grell en reposant sa tête sur sa main.
- Oui. Il a aussi dit que je devais l'aider dans les tâches quotidiennes. Et si j'ai une sale tête, c'est parce que j'ai dû remplir ses cinquante bocaux de biscuits cette nuit.
Il me regardèrent, ahuris. Le patron revient peu après et dépose une assiette remplie de ce qui constitue un vrai déjeuner à l'anglaise. Je savoure ce repas tout en discutant avec les garçons. Je ne vois pas le temps passer. Une fois que j'ai terminé, je prends ma clé, salue les trois hommes et rentre.

    En arrivant, je me rends vraiment compte de l'état de la maison. Je trouve une vieille chemises de nuit dans un des tiroir de ma commode. Je me change, retrousse mes manches et passe à l'attaque. Je récure toute la maison, de fond en comble. Aucun recoin ne m'échappe. Après trois heures à refaire une beauté à cette vieille baraque, je me rends compte qu'elle s'est un peu éclaircie. La poussière accumulée devait datée de plusieurs décennies ! Lorsque j'ai terminé, je vais dans ma chambre et prends mon carnet. J'ouvre mes yeux aussi grand que possible lorsque je vois un nom d'écrit. Je me change en vitesse, m'empare de Jōnetsu, prends ma clé et saute de l'autre côté de la porte. Enfin une mission ! Le comte Niroh Kateris va mourir dans cinq minutes et je vais devoir récolter son âme. Dans ma hâte, j'ai oublié mon carnet dans ma chambre mais tant pis, j'ai tout mémorisé. Je me retrouve sur le toit d'un manoir gigantesque. En observant la lune, je vois qu'il est bientôt midi. Bientôt...

Par amour pour la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant