Le contact de ma peau avec le sol froid me fait frissonner et me réveille. J'ouvre difficilement les yeux et les cligne plusieurs fois, éblouie par une lumière aveuglante projetée sur moi. Une fois ma vue accommodée, je réalise que je suis dans une cage. Je me traîne sur le sol glacé et m'agrippe aux larges et hauts barreaux. Quelque chose de froid et brillant autour de me cheville attire alors mon regard : des chaînes. Je suis enchaînée et dans une cage. Soit mon kidnappeur est vraiment stupide, soit il est très précautionneux. Même avec Jōnetsu j'aurais du mal à briser ces immenses barreaux, alors les chaînes sont vraiment inutiles. Toutefois, ma vue est légèrement floue. Je touche mes yeux et sens un tissus noir sous mes doigts ; il m'a voilé les yeux.
Pourquoi diable suis-je dans une telle situation ?! J'ai beau m'agiter dans tous les sens en cherchant à libérer ma vue, rien n'y fait. Qui est l'imbécile qui joue à ce petit jeu ? Il ne sait pas à qui il a affaire le bougre ! On verra bien qui aura l'air le plus malin lorsque j'aurai déployé mes ailes. Un détail m'en empêche cependant : la petite foule qui m'observe. Malgré ma vue obstruée, je n'ai aucun mal à entendre le bourdonnement des gens qui s'extasient à ma vue. Je discerne d'ailleurs quelques silhouettes floues, assombries par le tissus couvrant mon visage.
Tout le monde se tait tout à coup et une personne fait son apparition à côté de ma cage. Il brille dans la lumière, je suppose qu'il est vêtu entièrement de blanc. Il se met alors à parler et mon sang, déjà glacé par la mort qui m'accompagne depuis un bon bout de temps, se gèle littéralement dans mes veines. C'est lui. C'est le comte...
- Mes chers amis, soyez les bienvenus en cette merveilleuse soirée ! Je vous propose ce soir la plus belle de toutes les créatures qu'il m'ait été donné de découvrir en ce bas monde...
Il parle de moi comme d'un vulgaire animal qu'on présenterait dans un zoo. Je jure que si je me libère, je lui saute dessus et je l'étripe devant son petit public.
- Je vous présente cette magnifique créature qui occupé mes pensées depuis que je l'ai vue, ce magnifique oiseau traversant le ciel avec grâce... Voici le cygne noir de Londres !
Il se déplace, laissant ma cage parfaitement visible aux yeux de tous. Les murmures deviennent un brouhaha qui sonne comme le son des Enfers dans mes oreilles. Les exclamations, les rires, les sarcasmes... Tout me parvient et me vrille les tympans avec violence, même si le volume sonore n'est pas si élevé que ça. La panqiue amplifie mes capacités sensorielles, et ma vue obstruée accroît mon ouïe. Cette situation est des plus terribles. Undertaker où es-tu ? J'ai si peur...
Alors que le désespoir emplit mon être et noircit mon esprit, une voix familière couvre toutes les autres. Un rire puissant se fait entendre dans tout le lieu et les conversations cessent immédiatement, interrompues par cet éclat de joie retentissant. Je redresse la tête et ne parviens pas à réprimer un large sourire lorsque la voix s'adresse à moi.
- Eh bien alors ma chère ? Je m'absente quelques instants et te voilà qui disparais avec cet homme ?
- Ne m'en veux pas mon amour, répliquais-je sans m'occuper du reste du monde. Mais tu semblais en bonne compagnie, je me suis laissée tenter par la diable.
- Le diable ? Vous y allez fort mon amie, se lamente le comte à côté de ma cage.
- Oh la ferme vous ! Mon amour, aide-moi à sortir d'ici s'il te plaît.
- À tes ordres ma belle.
Aussitôt, j'entends quelqu'un monter sur la scène et je discerne la grande silhouette de Undertaker s'approcher. Il s'accroupit face à moi et attrape mes mains en venant déposer un tendre baiser sur leur dos. Il se relève ensuite et attrape les barreaux.
- Attends deux petites secondes...
Un crissement vrille les oreilles de toute l'assemblée, y compris les miennes, puis mon homme entre dans la cage et se baisse vers moi. Il retire le foulard de mes yeux, en veillant à laisser mon masque en place, puis il me libère de mes chaînes et nous nous relevons en échangeant un doux baiser. À côté de nous, le comte s'offusque.
- Mon beau cygne... Alors je ne peux vous suffire, vous ne désirez que cet homme ?
- Oh mais taisez-vous à la fin ! Je ne vous aime pas, vous n'êtes absolument pas mon type !
- M-mais...
- Laissez donc cette jeune femme tranquille, renchérit Undertaker un large sourire sur le visage. Vous devriez avoir honte de tant la forcer ! Ce n'est pas digne d'un gentleman.
Quelques jeunes femmes dans l'assistance échangent des messes basses en lançant des regards en biais au comte qui semble dépasser par les évènements. Il lance successivement des regards de détresse à ses invités puis à notre petit couple, la bouche entrouverte, complètement béat.
C'est alors qu'un cri strident raisonne au bas de la scène. Tout le monde se tourne d'un même geste vers la source du cri et je reconnais Grell, penché sur un vieillard étendu sur le sol, inerte. Le Shinigami écarlate brandit sa tronçonneuse au-dessus de lui avant de l'abattre sur la poitrine du petit vieux.
La foule se met à hurler de peur et se rue vers la grande porte, espérant fuir le plus vite possible cette scène effroyable. Le comte, quant à lui, s'est laissé choire sur le sol, et il fuit le danger à quatre pattes, tel le ferait le pauvre animal qu'il est. Je ne le regarde avec dépit pendant un quart de seconde avant de me concentrer de nouveau sur mon cher et tendre, et nos amis qui arrivent dans la salle. Ron vient vers nous pendant que Will sermonne Grell pour son action réalisée sans aucune classe ni discrétion.
- Hé les amoureux ! Tu n'as rien Laina ?
- Non Ronald, mon Undi était là pour moi.
Le grand homme aux cheveux d'argent rit gaiement. Il me saisit par la taille et me fait tourner alors que le jeune Shinigami retourne vers ses acolytes. Nous rions avec allégresse, puis il tente de rapprocher nos visages pour échanger un baiser. Je pose délicatement mes doigts sur ses lèvres pour le stopper et plonge mes yeux dans les siens.
- J'ai eu si peur que tu ne me retrouves pas... murmurais-je de façon presque inaudible.
- Laina... Je serais toujours près de toi, partout où tu iras j'irai. Je t'aime.
Nous nous regardons encore quelques secondes, il remet une de mes mèches en place puis nous échangeons un nouveau baiser, plus doux que les autres, plus passionné. Plus rien n'existe autour de nous, il n'y a que notre amour, que lui, que moi.
Aucun de nous ne remarque que les trois autres s'enfuient discrètement pour nous laisser nous retrouver tranquillement. Will doit tout de même tirer ce cher Grell qui veut admirer ce si beau tableau, selon lui. Peu importe, il n'y a que Undertaker pour l'instant.
Le baiser s'intensifie, mon cœur s'emballe, nos bouches s'entrouvrent et se séparent le temps d'une respiration pour se retrouver juste après, toujours plus avides l'une de l'autre. Nous nous séparons malheureusement au bout de quelques instants et il me fait un sourire que je n'avais vu avant et que je ne saurais décrire. C'est un mélange de douceur et de désir brûlant, sans aucun semblant de pensée malsaine. Il garde mes mains dans les siennes et, en collant nos fronts il soupire :
- Rentrons. Nous reprendrons où nous nous sommes arrêtés.
Je ne réponds pas mais je sens mes joues me brûler. C'est une tempête de gêne et d'envie qui fait rage à l'intérieur de mon être. Nous sortons, collés l'un à l'autre, nos corps ne désirant qu'une chose : arriver le plus vite possible à la maison.
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Par amour pour la mort
FanfictionFanfiction de Black Butler. Elle raconte l'histoire de Laina, une jeune shinigami qui va vivre pleeeeins d'aventures palpitantes, drôles et j'en passe.