Les ailes de la victoire

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    Les Shinigamis volent aux quatre coins de la pièce et le combat commence. Meryem et Kiruto sont sur Ronald qui a eu la délicatesse d'insulter leurs parents. Ils sont enragés mais le blondinet n'a aucun mal à les repousser. Pendant ce temps, Grell, Will et Undertaker tente de tuer Kyōju Kurējī mais en vain. Lorsque je regarde l'horloge, je me rends compte que seulement deux minutes se sont écoulées. Il reste donc trois minutes avant que le cinglé ne rende l'âme. Étonnamment, Undertaker s'acharne avec violence sur le scientifique. Celui-ci se défend à l'aide de bras mécanique qu'il a ramassé je ne sais où. Je repose mon regard sur Ron et voir un des deux monstres inerte, sans doute mort. Il est en train d'écraser le second. Du côté des trois autres, ils sont toujours en mauvaise posture. Je ne supporte pas de les voir comme ça. Je supporte encore moins de voir Undertaker dans cet état de désespoir. Je ne sais pas ce qui me pousse à ça mais je combat la douleur en me levant.

    J'agrippe Jōnetsu et le dégaine. Sa lame noir et les inscriptions rouges sang gravées dessus luisent à la lumière de la lampe centrale. Dans un hurlement haineux, je déploie mes ailes et d'un battement, me propulse vers Kyōju. Je brise les bras métalliques avec mes plumes d'acier et me met face à lui en position de combat. Il reste une minute. D'un coup d'œil en arrière, je vois Ron achever le dernier monstre et récupérer les lanternes cinématiques. Dix heures sonne. Je m'élance vers mon kidnappeur et, à l'aide de mes dernières forces, enfonce profondément ma lame dans son torse. Sa blouse blanche devient vite écarlate. Je retire ma faux du corps de cet être qui me répugne plus que tout au monde. Alors qu'il s'effondre au sol, je vois son âme jaillir de la blessure. Je ne vois pas la moitié de sa vie défiler que je tombe inconsciente sur le sol.

    Je n'entends que des voix. Mes yeux refusent de s'ouvrir
- Elle va se réveiller n'est-ce pas ? demande une voix aiguë qui m'est familière.
- Ça fait sept fois qu'on te répète qu'on ne sait pas, rétorque une voix plus grave et dans laquelle se lit un certain sérieux.
- J'espère tellement la revoir ouvrir les yeux... Réveille-toi Laina-chan !
- Grell arrête de hurler !murmure une voix qui fait plus jeune.
- Oui maman.
- N'empêche que pour une fois il a raison, soupire celui que je soupçonne être Will.
- Eh ! J'ai toujours raison ! s'offusque Grell.
- Mais tais-toi triple buse ! le réprimande ce pauvre Ronald.
Mes forces reviennent peu à peu alors que je les entends s'inquiéter. Grell se plaint pour la énième fois et je me met à rire.

    Tout mon corps me fais mal mais les voir se chamailler atténue un peu la douleur. J'ouvre les yeux en riant et ils tournent leurs regards vers moi. La joie apparaît sur leurs visages que j'affectionne tant -même Will sesourit... Un peu. Comme la douleur reste dominante, je grimace en me redressant. Je suis dans mon lit et les trois zozos sont assis au bord. Je me rends compte que mes ailes ont disparu. Je me tiens la tête qui est endolorie par une migraine atroce.
- Salut, Belle au bois dormant, me salue Ronald avec son éternel sourire charmeur sur le visage.
- Salut les gars... Réponds-je en tenant toujours ma tête entre mes mains.

    Ils ne disent rien de plus qu'Undertaker ouvre la porte à la volé et se rue vers moi. J'ai un mouvement de recul face à ce geste éperdu mais il ne le remarque pas. Il atterrit à genoux aux pieds du lit et prends une de mes mains. Grell fais une moue jalouse et le sourire de Ron s'agrandit pendant qu'ils observent la scène. Will lui reste stoïque. Undertaker sers donc ma main dans les siennes et lève vers moi sa frange, un air désespéré sur le peu que je vois de son visage. Comme ça, il a une tête de chiot. C'est... craquant. Je rougis en réalisant qu'il tient ma main. Je fuis du regard et fais semblant d'être souffrante. Enfin semblant, il y a un centième de semblant dans mon action. J'ai vraiment mal partout.

    Mes trois amis passent le reste de la journée à mon chevet. Undertaker, lui, enchaîne les allers-retours pour m'apporter à manger, à boire, des médicaments contre la douleur et soigner mes blessures. Le soir venu, Ron, Grell et Will retourne à la bibliothèque. Je suis donc seule avec Undertaker qui s'est endormi assis par terre, la tête dans ses bras appuyés sur mon lit. Je me redresse un peu et ne peux m'empêcher de caresser ses cheveux argentés. Ils sont tout doux. Il marmonne je sais quoi mais je m'en fiche, je savoure l'instant présent. Je n'avais jamais ressenti ça avant, ce sentiment de béatitude en présence d'une certaine personne. J'ai déjà entendu parler de l'amour mais de ce qu'on m'a dit, c'est un sentiment suffisamment fort pour faire faire des folies aux gens qui le ressentent. Je ne pense pas ressentir ce sentiment fou mais je suis sûre d'une chose ; ce Shinigami est devenu la personne la plus chère à mes yeux.

    Je repense à ce que les garçons m'ont expliqué. Ils disent que mes ailes ont disparu lorsque je me suis évanouie. Et si je me souviens bien, elles sont apparues dès que j'ai imaginé les ailes d'Angel. Je sais que je suis encore faible mais je veux en avoir le coeur net. Je me lève donc sans déranger Undertaker et monte sur le toit. C'est dur mais je dois le faire. Tous mes muscles me font souffrir. Après un dernier effort pour me hisser sur le toit, je me met debout et regarde Londres endormie. Personne ne pourra me voir. Je réfléchis et imagine des ailes plumes comparables à la lame de Jōnetsu. Aussitôt que je me suis visualiser les ailes, elles apparaissent dans mon dos. Elles sont de la même matière que la lame du katana, de la même couleur et avec des gravures rouge. Je grimace de douleur quand elles sortent de mon dos. Maintenant, il faut que j'arrive à les faire disparaître. Je visualise mon dos avec ma peau blanche et lisse, sans rien dessus. Aussitôt, les ailes rentrent dans mon dos. Cette fois, la douleur m'arrache un cri. Je commence à vaciller. Je vais tomber quand quelqu'un me rattrape. Je distingue le visage d'Undertaker, ses yeux verts rivés sur moi. Je veux pouvoir les contempler plus longtemps mais mes forces m'abandonnent et je tombe évanouie dans ses bras. Je sens qu'il me dépose délicatement dans mon lit et qu'il veille sur moi le reste de la nuit. Il est là, près de moi et je me sens en sécurité.

Par amour pour la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant