8 - "Pourquoi pas moi ?"

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Je saute dans ma voiture et roule le plus rapidement qu'il m'est possible jusqu'au building du New York Times. Des tonnes de pensées se bousculent dans ma tête. Est-ce que ma mère est toujours en vie ? Est-ce que James est blessé ? Et tous ces pauvres gens appelés en plein milieu du dîner pour se jeter dans la gueule du loup ?

Je suis obligée de me garer assez loin, puisque la zone est barricadée. Des centaines de personnes s'agglutinent autour des filets de sécurité. Les sirènes des pompiers, des secours et de la police illuminent l'ensemble de la rue.

Je charge la foule, mais un officier me repousse violemment. Ce n'est pas par là que j'arriverais à entrer. Je fais donc le tour du bâtiment, or je ne trouve aucune porte de sortie. Tant pis, on utilise la méthode forte.

Je me glisse dans une ruelle à l'abri des regards. Je tâte le mur, il a l'air épais et l'étroitesse de l'endroit ne me permet pas d'avoir une bonne distance de tir. Pourtant, je dois trouver une solution pour entrer.

Je me colle au mur qui ferme la ruelle et tends une main devant moi. J'ai du mal à me concentrer avec tous ces cris et cette fumée. Finalement, j'arrive à visualiser l'énergie se former au creux de ma main. La première boule fissure à peine le mur.

Pourtant, je ne m'avoue pas vaincue. Après avoir vérifié que personne ne pouvait m'entendre, je décide de tirer en rafale. L'énergie me quitte et s'écrase sur le mur à une vitesse phénoménale, créant un trou fumant dans la pierre.

Je souffle bruyamment et m'adosse au mur. Je suis épuisée. L'énergie que j'ai évacuée a pris ma force vitale avec elle.

Une explosion retentit au-dessus de ma tête. Je me redresse d'un bond et m'engouffre dans le building. Pas le temps de se reposer.

Je m'extirpe du sous-sol et atterris dans le hall qui est désert de toute présence. Je me rue vers l'ascenseur, mais le bouton ne clignote plus. J'ai beau appuyer dessus, les portes refusent de s'ouvrir. Je suis contrainte de prendre les escaliers.

Les locaux de la rubrique de ma mère sont logés au sixième étage, je l'atteins en quelques minutes. La porte blindée est fermée à clé. Après de nombreuses tentatives durant lesquelles je m'acharne sur la poignée, je me rends à l'évidence, il va falloir que j'utilise encore de l'énergie.

La lumière de ma boule m'aveugle un instant et s'écrase sur le béton. La porte s'ouvre d'elle-même. La chaleur de l'habitacle me prend de plein fouet. Au loin, je vois un feu prendre naissance sur un bureau.

Les otages se ruent sur moi et me bousculent sans ménagement pour dévaler les escaliers et rejoindre l'extérieur. Je progresse dans la fumée à la recherche de ma mère, mais il n'y a aucune trace d'elle.

La panique s'empare de moi, ma vision est brouillée par tant de fumée et je sue à grosses gouttes dans ma tenue de camouflage.

Je me rappelle subitement que ma mère avait rendez-vous avec James pour l'impression du journal. Elle est au dixième étage.

Sans plus attendre, j'emprunte de nouveau les escaliers et monte les marches deux à deux en faisant abstraction de la douleur qui s'empare de mes poumons. J'ai chaud, je suis épuisée, mais je poursuis mon ascension.

A l'étage, des dizaines d'imprimantes sont alignées. Devant l'une d'entre elle, j'aperçois Steel Laser. Il me tourne le dos et surplombe un groupe de journalistes effrayés.

- Ne nous faites pas de mal, ça ne se reproduira pas, gémit une femme.

Maman...

Mue par une pulsion meurtrière, je me jette sur le dos de métal du robot. Surpris, il tombe à la renverse et manque de m'écraser au sol, mais mes nouveaux réflexes me permettent de rouler sur le côté à temps.

Je me campe sur mes pieds et ne lâche plus mon ennemi des yeux. Une rage sans nom s'empare de moi. Il était sur le point de tuer ma mère pour un stupide écrit dont elle n'est même pas l'auteur.

- Partez, grondé-je.

Les journalistes ne se font pas prier et se ruent dans la cage d'escaliers. Seule ma mère reste, immobile. Elle me dévisage d'une drôle de façon, j'espère qu'elle ne m'a pas reconnue. James revient sur ses pas pour la tirer à sa suite. Quand je suis sûre qu'ils sont hors de danger, je me retourne vers Steel Laser.

La peur devrait me nouer le ventre, mais c'est l'adrénaline mêlée à un flux de pouvoir qui coule dans mes veines. Un instinct refoulé de guerrière se réveille en moi et s'empare de mon corps. Les coups que je donne à mon assaillant sont d'une précision effrayante et, même si je ne suis pas totalement assurée, j'arrive à esquiver la plupart de ses attaques.

Son poing de métal s'abat alors sur ma mâchoire et je m'étale sur le sol, sonnée. Je crache un filet de sang sur le sol et me redresse.

Le robot pointe son canon laser sur moi, prêt à s'en servir, mais quelque chose attire son attention. En effet, des bruits de pas précipités nous parviennent depuis la cage d'escalier.

Steel Laser m'adresse un dernier regard avant de prendre son envol, brisant une vitre au passage.

Paniquée à l'idée que les autorités découvrent qui je suis, je me réfugie dans le placard le plus proche. Les agents entrent à l'étage et le fouillent entièrement. Heureusement pour moi, ils n'ont pas la présence d'esprit de regarder dans le placard.

- R.A.S ! crie l'un.

- Y a plus personne ici, fait remarquer un second.

- Le robot s'est envolé.

- Et la fille ?

- Elle a dû partir aussi.

- En tout cas, elle a fait du bon boulot.

- On ne sait pas qui c'est, on ne peut pas la considérer comme un allié.

- Elle a sauvé ces journalistes, c'est tout ce qui compte.

- Allez, assez discuté, on redescend.

Les policiers repartent dans le sens opposé puis leurs pas s'estompent. Je me rends alors compte que je me retenais de respirer et inspire une grande goulée d'air.

C'est fini pour ce soir.

J'attends quelques minutes pour m'assurer qu'ils ne reviendront pas ici et sors de ma cachette. Je reprends le même chemin que j'ai pris pour monter ici et me retrouve dans la ruelle, toujours déserte.

Ce n'est qu'en montant dans ma voiture, que je prends conscience de l'état dans lequel je suis. Mes cheveux collent à mes tempes poisseuses, j'ai de vilaines traces de sang sur le visage et surtout, j'ai les muscles en compote.

Je ne sais même pas comment j'arrive à conduire jusque chez moi. Je m'empresse de remonter dans ma chambre et me débarbouille le visage avant de me mettre en pyjama. Je me réinstalle ensuite sur le canapé et feins l'inquiétude. En attendant que mes parents reviennent, je me remémore les évènements de la soirée et un sourire étire mon visage.

Cet officier a certifié que j'avais fait du bon boulot, que j'avais sauvé ces gens.

Je dois avouer que cette sensation est grisante, savoir qu'on a été utile à quelqu'un, qu'on a accompli son devoir. Moi qui ne voulais pas utiliser mes pouvoirs de peur de m'impliquer dans quelque chose de trop dangereux pour moi, je me rends compte, avec ce que j'ai fait ce soir, que j'en suis capable.

Ce Steel Laser a failli tuer ma mère et il ne s'arrêtera pas avant d'avoir vraiment fait payer ceux qui lui ont fait du mal. Ça implique des morts, je l'ai senti dans les coups qu'il me portait. Maintenant, en plus d'en vouloir à beaucoup d'autres gens, il m'en veut à moi et ce n'est pas en me cachant que ça s'arrangera.

Après tout, les Avengers sont capables de beaucoup, même seuls ils pourraient faire des miracles. Alors pourquoi pas moi ?

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C'est vrai ça, pourquoi pas elle ? Qu'en pensez-vous ? Evy, une héroïne ?

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