Chapitre 8

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Une fois la lettre refermée, le sommeil ne venait toujours pas. J'ai eu mal aux genoux car lorsque je suis fatiguée j'ai mal aux chevilles et lorsque je suis épuisée j'ai mal aux genoux.  J'ai une  douleur sourde mais constante. Une sorte de va-et-viens.

Je me suis tournée et tournée dans mon lit. Je me demandais si je n'avais rien omis de dire.

Je me demandais si elle allait accepter mon pardon.

Et puis j'ai entendu les voisins marcher au-dessus. Sûrement un de leur jumeau qui a surement fait un cauchemar. Parce qu'ils font tous des cauchemars. J'ai aperçu au travers des volets le soleil se lever. Seulement à cet instant je me suis endormie.

À l'école, Maxence a pleuré. Devant tout le monde, au milieu de la lecture suivie. J'ai dû interrompre et lui demander s'il avait envie d'en parler. Il a répondu: "oui".
- "tu veux en parler avec la classe ou juste avec moi?"
- " je veux que tout le monde sache pourquoi je vais mal, pourquoi toujours c'est pareil, que je suis nul."
Mon cœur palpite. J'ai du mal à me contenir dans ces moment-là. J'ai juste envie d'aller le prendre dans mes bras et de lui dire que nul ça ne veut rien dire. Que Personne est nul, mais pas lui! J'ai envie qu'il comprenne la blague et qu'il me sourisse...

-" OK, dis-nous ce qui ne va pas."
-" mon père il me rend triste, il me dit toujours que je sers à rien et que si ça continue il va partir."
Maxence pleurs. Plus fort qu'avant.
-" qui veut consoler Maxence ?.....OK que tous ceux qui ont levé la mains aillent faire un câlin à Maxence !"

Forcément ils finissent par rire en manquant de tomber uns à un comme les dominos.
-"Les enfants, qui peut me dire ce que ça veut dire NUL? «, "Aya? "
-" Quand on sait rien faire"
-" Pensez-vous que ce soit possible de ne rien savoir faire ? ", "OK, donc Maxence, penses-tu que tu sois nul?"
-"non"
-"OK et puisque que tu ne sais pas "rien faire" peux-tu me dire ce que tu sais bien faire?"
-"je sais bien dessiner les dinosaures!"
-"Ah, ça, oui! J'ai déjà vu tes dessins, en effet tu es très doué. Cherche autre chose, je suis sûre que tu sais faire plein de belles choses... Les autres, dites-moi ce que vous savez, bien faire !"

Voilà comment je m'en suis sortie aujourd'hui.
Travailler avec des enfants, c'est vraiment un art. L'art d'improviser.

Un soir où la fatigue a eu raison de moi, je me suis effondrée dans le lit conjugal sans grâce et sans artifice. Je me suis plainte du travail que l'éducation de mes enfants représentait. Plainte de la fatigue que j'éprouvais et de la sensation d'être l'esclave de mes enfants. Ce soir-là, j'ai murmuré:
-" Ils abusent de moi"
-" Anaïs" a dit Tom en me prenant dans ses bras. " Tu cultives des roses.... Certes elles ont des épines, ce n'est pas toujours facile à manipuler mais, ça reste des roses! Tu as la chance de d'élever des roses..."
Forcément je m'en suis voulue. C'est vrai, nous élevons (sens 3 : placer à un niveau supérieur).

Nous, les mamans n'avons pas de reconnaissance. Jamais.

Mais nous ne devons pas oublier que le sourire de nos enfants est notre récompense. Nous devons réussir à voir les cadeaux qu'ils nous offrent.

Lorsque qu'il nous chante sa chanson préféré à tue-tête. Nous devrions avoir le cœur qui chavire parce que c'est à nous qu'il la chante, pas à n'importe qui!

Il nous a élu. Il a confiance en nous. Il sait que même s'il chante faux nous allons le complimenter. Et c'est ça la reconnaissance !

Le papa de Maxence doit sûrement être très fatigué. La fatigue fait des ravages. La fatigue physique engendre la fatigue morale.

Alors quand tout va mal, il suffit de dormir un peu plus.
Et arrêter de penser...

AnaïsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant