Chapitre 10

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Voilà plus de dix jours que ma lettre est arrivée chez Lily.

Une de deux semaines que je dors mal.
La journée je vis comme j'ai toujours vécu. Je vis nos petits bonheurs du quotidien. Mais le silence de la nuit venu, la nausée apparaît.

C'est fou que cette lettre me remue à ce point.

J'ai eu ce même sentiment l'année de mes huit ans. Le silence du soir qui me tourmentait.

Mon père a été aimant, ça a toujours été un papa poule. Je le voyais très peu, et à huit ans, quand la sonnerie de l'interphone se faisait entendre. Que c'était l'heure de quitter ma maman. Une tornade se créait en moi. je redoutais ce moment depuis cinq jours, et voilà qu'il était là.

Non pas que je n'aimais pas mon père. Mais je ne voulais surtout pas quitter ma maman. Quitter ma maison, ma chambre, et mes repères. C'est comme si je retrouvais un inconnu à chaque fois. 

Il fallait quelques jours pour me laisser apprivoiser. Passé cette période d'essais, les journées se déroulaient très bien. Mon papa était au petit soin. Faisait tout pour rattraper le temps perdu. Comme si on pouvait rattraper les heures d'absences par des sorties, des activités manuelles, ou encore de bons petits plats... Je crois plutôt qu'il sentait le sentiment que j'avais pour lui. Je me disais lors de mes réflexions silencieuses:  Je sais que tu es mon papa, je sais que je dois t'aimer, mais... j'y arrive pas. Tu es si gentil, mais... tu es juste agréable. J'arrive pas à t'aimer papa..

Alors, il a vite compris, que pour avoir une quelconque démonstration de ce qui peut ressembler à de l'amour, il fallait me gâter. Car j'étais polie, donc je le remerciait avec une démonstration de joie. Nos journées étaient donc des successions de petits plaisirs par-ci , par-là... 

Mais le soir venu il buvait de l'alcool. Comme tous ceux chez qui on allait rendre visite. Midi ou soir, il y avait de l'alcool sur la table. Et moi, j'en avais peur de cette boisson qui rendait les gens plus maître d'eux même.

 Alors je ne dormais pas tranquille chez lui. J'avais, peur. J'ai toujours et j'aurais toujours peur de l'alcool. De ce fait, j'ai lié un lien très fort avec ma maman. 

Chez elle, j'étais insouciante... Et cela, jour et nuit.

Elle avait une vie saine, elle était très aimante, très câline. Nous n'avions pas beaucoup d'argent mais j'avais beaucoup d'amour. Elle était mon point de repère, ma meilleure amie et elle était mon seul besoin.

Un soir, j'ai fait malheureusement fait un amer constat. Celui que j'ai toujours redouté.

Au début, ce n'était que des doutes, alors je me suis mise à l'observer de plus en plus. Et puis j'en ai été certaine, elle se détache de moi, elle ne m'aime plus... 

Alors je lui ai dit: "Maman,je sens bien que tu ne m'aimes plus » .

Elle a ri, ne me prenant pas au sérieux ...

 A partir de ce jour, au moment du coucher, je pleurais seule dans mon lit. J'étais profondément triste. Et c'est dans ce moment-là de solitude où un soir j'ai pensé à ma meilleure amie. Claudia, qui allait au catéchisme une fois par semaine. 

Prier Dieu ... 

Mes parents, tous les deux athées ne m'ont jamais parlé de Dieu.

Alors dans ma tristesse profonde, au milieu de mes pleurs je me mis à prier Dieu. Sur mes genoux, les mains jointes comme j'avais pu le voir chez les catholiques.

Je disais cela : « Ô Dieu, si tu existes et que tu peux tout faire, alors montre-moi que tu existes. Dieu si tu existes, alors exauce mes demandes. Si jamais il manque un détail alors je ne croirais pas en toi. Ce sera juste le fruit du destinDieu : Fait que j'aie un accident. Fait que ce soit grave mais que je ne sois pas handicapée. Fait que j'aille à l'hôpital. Fait que ma mère pleure sur moi, je veux qu'elle pleure de peur de me perdre. Fait que je me casse la jambe gauche car je suis droitière. Fait que j'aie un plâtre rose. "

 La journée, je n'y pensais plus mais chaque soir je récitais cela.

Comme ces dix derniers jours.

 J'ai réussi à ce que Tom ne perçoive ma peine. Que mes enfants ne fassent pas encore la différence entre le sourire habituel qui veut dire " Je t'aime mon amour" et le sourire de ces derniers temps qui dit: " Ton innocence est belle, je te souhaite tout le bonheur du monde mon ange."

Je revis la même chose vingt ans après.
Mes peines nocturnes qui me poussent à prier. À pleurer.

Aujourd'hui c'est parce que j'attends son pardon.

Je ne veux pas que ma lettre soit sans réponse. Je ne veux pas que ma demande de pardon ne me soit pas accordée.

Voilà la question que je me poschaque soir depuis bientôt deux semaines : que puis-je faire de plus?

===============.

Chers lecteurs,

Je suis malade, la fièvre s'est emparée de moi. Taper sur un écran est juste impossible car la luminosité de l'écran me donne la migraine. Pardonnez-moi si je suis un peu absente.

J'ai une question:

Que préférez vous: le suspense lié à Lily, ou le monologue quelque peu philosophique d'Anaïs? J'ai besoin de savoir ce que vous pensez de la mesure que j'ai accordée aux deux ? J'ai besoin de savoir si pour vous l'intrigue est trop longue, trop rapide ou juste bien ? Si Anaïs divague trop où si au contraire vous buvez ses paroles et que vous ne vous en êtes pas lassés!

Merci infiniment!

Anaïs<3 

AnaïsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant