Depuis trois jours ma tête bourdonne.
J'ai de la fièvre.
Mon corps dit que c'est trop.
Trop démesuré.C'est toujours ainsi.
Le corps nous suit partout où nous allons. Il nous accompagne dans nos excès.
Notre corps nous fait confiance.Il est conciliant. Il accepte d'être exploité aussi.
Mais quand s'en est trop pour lui. Il nous laisse partir à la dérive seul. Sans lui...Il abandonne. Il nous demande de comprendre.
Mon corps a dit stop. Ce peu de sommeil nous a menés ensemble à la souffrance.
Mes oreilles me grondent. Elles ne s'arrêtent plus de crier.
J'ai très chaud. Puis très froid. Mon coeur résonne en moi. Entre les cuisses je le sens battre très fort. Sous les bras aussi.
Mes yeux me font mal. Je ne supporte ni le bruit, ni la lumière. Ils accentuent la migraine. Mon corps m'a condamné à l'abandon. Je ne pense plus à elle. Je ne pense plus aux mots que j'ai peur de recevoir. Désormais je pense à mes maux. Je pense à moi
Et je dors ! Je dors le jour et la nuit...J'ai rêvé d'un tsunami. Les vagues étaient gigantesques. Je ne cherchais pas à m'enfuir. Je me demandais juste si le bâtiment dans lequel j'étais, allait résister. Je voyais la vague s'approcher. Plus elle était imposante, plus j'étais apeurée. Pétrifiée, je ne m'enfuis pas.
Bien sûr, c'est au moment où la vague vient tout fracasser que je me suis réveillée.On se réveille toujours avant notre mort. Comme pour pas que l'on sache comment la mort se déroule.
Nous ne la vivons qu'une fois, et à ce moment-là, impossible de raconter...
J'entends Maya : « Maman, de l'eau..».
Elle doit m'appeler depuis un moment car je sens dans son intonation une pointe de lassitude.
Tom n'entend jamais les pleurs nocturnes des enfants.
Je me lève. Je crois que n'ai plus de fièvre. Je me dirige dans le noir vers la cuisine. J'ouvre la porte qui me distribue un peu de lumière.
Je prends le verre posé sur le plan de travail. Je le sens plein. Je vais voir Maya, déjà assise dans son lit.
Je la regarde boire. Somnolant.
Au moment de sa dernière gorgée, j'ai un flash.Serait-ce le médicament que j'en n'ai pas bu hier soir?
Je prends le verre qu'elle me tend. Je lèche le verre sur sa parois intérieure. Je tremble. Je comprends : Aspirine, 1000gr.
Maya, s'allonge aussitôt. Je pars vite sur l'ordinateur qui par bonheur est resté allumé. Et je cherche: « dose mortelle aspirine »
Je ne trouve rien. Alors je tape : « ma fille a avalé aspirine 1000 ».
Pas plus d'informations. Déroutée j'appelle SOS médecin.-"bonjour, j'ai donné par erreur de l'aspirine, 1000 à ma fille de 3 ans"
-"elle pèse combien?"
-"20 kg"
-"elle mesure ? "
-"1 mètre"
-" Il faut aller aux urgences madame "
-"merci ".Le vent, fait dévier la trajectoire habituelle de mes larmes.
Tom est très fâché. Condamne fermement mon laxisme. Me décrit un futur funeste. " Tu te rends compte de ta connerie? Si elle meurt ??? On va faire quoi? J'espère que tu te rends compte.... "Moi je prie Dieu dans ma tête. Je suis zen, je suis sereine. Et ça l'énerve!
Ses remarques sont en bruit de fond.
Je prie Dieu, avec mon cœur.
C'est fou comme l'être humain est cruel. Je ne comprends pas....
Si j'ai en face de moi une personne culpabilisée, effondrée, pleurant silencieusement, j'ai envie de la consoler. De la prendre dans mes bras. De là soulager. De lui dire que ça va aller.Mais, j'ai pu remarquer que c'était l'inverse qui se produisait.
On le voit dans les films. La femme rentre accompagnée d'un visage triste et demande pardon. Pardon pour avoir rayé la voiture. Et l'homme laisse évacuer sa colère. Crie. Rabaisse. Menace.Ce n'est pas une question d'homme ou de femme. C'est l'humain dans sa globalité.
S'énerver, dire des mots durs. Regarder méchamment. Menacer.
Mais au nom de quoi? Au nom de qui, ces gens se permettent-ils? Ne savent-ils pas contrôler leur colère? Se sentent-ils supérieur car l'autre est en faute? Je ne sais pas....Le verdict tombe.
Maya va bien. La dose n'était pas assez forte pour que ce soit toxique.
Pas assez pour qu'elle meure dans mes bras, et par ma faute!
Dieu merci.
La conséquence de mon « laxisme »? La conséquence de ma somnolence ? Car il y a une conséquence à chaque acte, chaque attitude, chaque mot.
La conséquence est que son petit foie va être un peu agressé. Le temps de digérer.Je me rends compte soudain, que l'équilibre de la vie tient à peu de chose.
La vie, la mort...
La joie, les ennuis...
L'amour, la haine...Tout peu vite basculer.
Alors, je prends la décision de plus penser à Lily.Elle n'a pas voulu me pardonner.
Elle en a le droit.
Je ne dois pas être si affectée par son choix.
J'ai fait ce que je devais faire.
Lui expliquer la cause, exprimer mes regrets, demander pardon.
Je l'ai fait.
Je dois être fière de moi.
Et revenir à l'essentiel.#########
Être écrivain, c'est prendre son quotidien et en faire toute une histoire!!!
Merci à vous !

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Anaïs
SpiritualAnaïs. Elle est douce et apaisée. Elle aime méditer sur la valeur de la vie et sur la notion du bonheur. Elle cherche la sérénité et elle parvient peu à peu à y arriver. Mais un jour, elle reçoit une lettre qui va remuer son passé. Alors qu'elle...