Prologue : La combustion de la déchéance

182 15 3
                                    

J'ai mal.
Pourquoi est-ce si douloureux ?
Je ne souhaite pas souffrir mais je ne veux pas rester ici non plus.
Pour quelle raison cela doit-il arriver ? Et pourquoi de cette manière-là ?
Je me sens tellement pitoyable que j'aurais presque envie de mourir. Malheureusement, ma nature ne me le permet pas. Je suis condamné...

Je cours. Je cours pour sauver ma vie, pour échapper à cet univers éblouissant de blancheur qui est soudain devenu si hostile à mon égard.
Pourquoi les choses ont-elles tourné ainsi ? En vérité, je le sais parfaitement mais mon inconscient le refuse.

Je continue de courir. J'allonge mes foulées pour fuir. Je ne sens plus mes jambes. Mes pas résonnent sur le sol blanc, poli et parfait sous mes sandales de cuir brun qui semblent peser une tonne chacune tant j'ai de plus en plus de peine à courir.

Je me retrouve soudainement face au vide. Je m'arrête, haletant et fatigué mais pas épuisé pour autant. Je regarde en bas pour essayer de me situer et de voir quelque chose.
J'entends des bruits de l'endroit d'où je suis venu et me retourne vivement pour faire face à mes poursuivants. Me voyant coincé, ils ralentissent et me sourient. C'est un sourire assez doux mais je ne vois derrière lui qu'une façon de se moquer et je grince des dents. L'un deux m'adresse la parole :
-Alors comme ça, on essaie de fuir sa vocation et ses obligations ?
Je ne réponds rien, trop en colère et trop stressé pour lui lancer une réplique cinglante. Il reprend :
-J'imagine que tu ne vas pas revenir de notre côté, traître.
Je ne réponds toujours rien. Il m'a qualifié de "traître". Dans un sens, je ne peux pas lui le reprocher. Mais je n'aime pas que l'on donne des surnoms aux autres, je trouve cela irrespectueux envers la personne à qui l'on s'adresse, peu importe le surnom, honorifique ou non.
-Vous croyez vraiment que vous allez réussir à m'arrêter ? leur dis-je en souriant de la même façon qu'eux, avec ce sourire tellement doux qu'il en devient narquois.
-Où veux-tu aller ? Tu n'as absolument aucune issue. Il ne nous reste plus qu'à t'attraper et nous aurons terminé notre travail de la journée, malgré le fil à retordre que tu nous auras donné.
-Je n'ai aucune issue ? dis-je en répétant ce que mon interlocuteur vient de dire. Ça, c'est ton point de vue !

Juste avant de me décider à faire un mouvement, j'entends :
-Quoi ?

Et c'est alors que je me laisse tomber, comme une masse, dans le vide...

Je sens l'air m'envelopper entièrement, rouler sur mon corps et envahir les plis de ma tenue d'un blanc immaculé. Je sens l'odeur de brûlé. Mes ailes sont en train de s'enflammer. Je sais ce qui va se passer ensuite...Ma chute a été précipitée et je ferme les yeux pour songer à mes actes passés.

Dans ma main, je serre un petit objet métallique avec lequel je n'aurais jamais dû partir...

L'esprit d'un Séraphin déchu et la bonté d'une Ondine solitaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant