Chapitre 21 : Séraphin déchu démoniaque

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Spica songea à la veille immédiatement à son réveil. Il s'était passé tant de choses depuis l'entrée fracassante de Machanaël dans sa vie...
L'Ondine repensa également au fait que la veille au soir quand elle était rentrée, il y avait Altaïr qui l'attendait dans sa maison pour avoir des nouvelles de sa source et partager immédiatement ses ressentis.
Ils avaient longuement discuté avant que le prince ne reparte au palais aussi discrètement qu'il en était venu, c'est-à-dire en lançant des clins d'œil charmeurs à toutes les Ondines, se faisant rares à cette heure-ci, qui se trouvaient sur son chemin.

Spica avait toujours sur elle l'Esprit Divin Angélique.
Elle ne l'avait pas rendu à son ami.
Et ce n'était pas vraiment une bonne idée de balader cet artefact à la valeur inestimable un peu partout dans Ondia...
Mais elle ne pouvait pas le faire porter au Séraphin déchu démoniaque. S'il le mettait au même endroit qu'avant, il serait immanquablement repoussé par le pendentif contenant la moitié de l'âme de Spica, tel deux aimants de mêmes pôles, à présent incrusté à même la chair de la paume de Machanaël, à l'endroit où il l'avait saisi pour empêcher son sacrifice de se terminer.
Elle le garderait donc elle-même jusqu'à ce qu'ils recroisent un groupe d'anges.

La Polyvalente sortit de sa maison en hauteur pour rejoindre, comme chaque jour de travail, sa source, cette fois-ci habituelle et non pas celle d'Altaïr.
En chemin, elle croisa la peste...
-Quelle mine bien joyeuse ! Se passerait-il quelque chose de bien dans ta vie plate et monotone ?
Spica la toisa avec un regard noir comme les plus profondes des abysses.
-Peut-être, peut-être pas. Mais je crois bien que je viens de perdre tout mon sourire et ma bonne humeur rien qu'en voyant ton faciès de si bon matin.
Spica tourna les talons en entendant l'Ondine jurer dans son dos, lui lançant toutes les insultes possibles et la traitant de tous les noms. Aujourd'hui, la plus forte des Polyvalentes n'avait aucune envie de s'énerver avec Ada et encore moins de passer du temps à se battre verbalement.
Elle réservait ce bon temps pour Machanaël, voulant passer un moment comme avant, quand il n'était pas encore à moitié transformé en démon.

Quand Spica rejoignit sa source attribuée avec un soupir, effet dû à son voyage qu'elle trouvait répétitif, l'ange accueillit son amie avec un grand sourire.
-Bonjour, Spica !
-Bonjour, fit-elle en retour.
L'Ondine alla s'asseoir aux côtés de son ami, sur les éternelles mêmes racines.
-Alors ? Comment va ton corps ?
Machanaël dit, tout en faisant un mouvement circulaire avec son articulation, une main sur son épaule, comme pour accentuer ses propos :
-Il se porte étonnamment bien. Il n'a pas l'air de mal fonctionner et ne montre aucun signe d'un quelconque effet secondaire. Il a l'air de bien supporter la transformation !
-C'est génial, alors ! lui sourit Spica.
-Oui, acquiesça Machanaël en rendant son sourire à l'Ondine.

L'ange démoniaque ajouta alors :
-Cette nuit et ce matin, j'ai fait quelques essais de vol et de techniques de combat. Je m'étonne moi-même.
Spica regarda avec attention et une légère surprise son meilleur ami.
-Les démons sont bien plus forts que ce que les anges s'imaginent...conclut Machanaël en riant un peu nerveusement. Je suis bien plus rapide et bien plus puissant qu'avant.
Spica haussa un sourcil interrogateur et demanda :
-Avant, lequel ? Quand tu était encore un Séraphin lumineux ou bien avant avec ton corps d'ange déchu affaibli par sa combustion ?
Machanaël regarda sa main, paume et doigts ouverts.
-Je suis légèrement au-dessus du niveau que j'avais de l'époque du Séraphin céleste...C'est aussi impressionnant qu'effrayant ! On n'imagine pas, ou plutôt on n'ose pas imaginer, les démons dotés d'aussi grandes capacités !
Spica le regarda dans ses yeux à présent vairons, l'un rouge sang et l'autre mêlant avec un certain charme brun et vert.
-Lors de mes nombreuses et longues recherches, quand je cherchais un moyen d'empêcher ta transformation sans que tu ne gardes l'Esprit Divin Angélique, j'ai lu alors dans un très vieil ouvrage que la puissance des démons est proportionnelle à celle de l'ange qui a été déchu.
Machanaël ouvrit des yeux étonnés puis un sourire naquit sur ses lèvres.
-Cela paraît logique, après tout, dit-il en se forçant un peu à rire, malgré tout un peu largué par cette soudaine situation.

L'esprit d'un Séraphin déchu et la bonté d'une Ondine solitaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant