Spica se réveilla le lendemain dans son lit comme tous les matins, une routine aussi ennuyante que banale et commune.
Mais elle devait aller voir ses deux amis les princes d'Ondia, Altaïr et Arcturus, et leurs parents, le roi Ondul et la reine Dulacyon.
Cela faisait un moment que Spica ne les avait pas vus.
À part ses deux amis d'enfance, comme chaque semaine, inlassablement, sous l'éternel même arbre majestueux aux branches tombantes.
La jeune Ondine sortit alors de chez elle avec une longue robe bleue foncée parsemée de motifs et de points blancs, qui ressemblaient à des étoiles dans un ciel nocturne.
Elle mettait rarement des robes aussi longues, elle n'aimait pas quand le bas du tissu traînait par terre et se salissait immanquablement.La jeune femme était en chemin quand elle croisa Milde, étonnamment seule.
-Tiens, Spica, je te cherchais !
La Polyvalente s'arrêta, le dos droit, en tenant un pan du textile de sa robe avant de marcher dessus et le salir.
-Milde ? Ça va ?
-Moi, ça va mais...
Milde se tortilla les doigts, probablement à cause d'une timidité et d'une gêne apparentes.
-Ada est...Le visage de Spica se durcit à l'énonciation de ce nom synonyme des pires désagréments imaginables.
-Je...Je sais que tu aimes Ada autant qu'elle t'aime, mais...
Milde finit par se jeter à l'eau. Elle n'avait pas abordé la plus puissante des Polyvalentes pour rien.
-Ada est tombée malade.
-Malade ? répéta Spica, en fronçant les sourcils.
Milde ne viendrait pas solliciter son aide s'il s'agissait d'un bête rhume ou d'une fièvre passagère.
-J'ai tout essayé pour la ramener à la raison mais...
-Que dis-tu ? fit Spica en ouvrant ses yeux noirs comme l'encre des calamars. Ne me dis pas que...Milde tortilla encore ses doigts, se mordant la lèvre inférieure.
-Oui...Elle a attrapé on ne sait où le paralyge.
Le sang de Spica ne fit qu'un tour.
Si une seule Ondine attrapait le paralyge, une maladie étrange qui, après une phase de folie soudaine et incontrôlée, figeait le corps d'un Ondin puis ses systèmes immunitaire et vital, une épidémie pourrait rapidement se propager et décimer toute leur population !
La dernière grande épidémie de paralyge avait eu lieu quand Spica avait eu septante ans et avait emporté la moitié des Ondins, y compris plusieurs oncles et tantes de la jeune femme.Craignant alors que cette maladie se répande, elle cogna alors violemment Milde dans le ventre.
Elle avait tenté de soigner son amie, elle avait donc potentiellement attrapé le paralyge en même temps.
Milde suffoqua avant de tomber à quatre pattes au sol, crachant un peu de sang tellement Spica avait frappé fort.
L'Ondine ne comprit pas le geste de sa supérieure avant qu'elle ne lui explique :
-Ton sang est encore d'une teinte normale, tu n'as pas été touchée. C'est très bien.
-Tant mieux...toussota Milde en essuyant les quelques gouttes perlant à ses lèvres. Merci.Spica bougea la tête en guise de réponse puis se dirigea immédiatement vers la maison décorée de toutes parts dans un style très tape-à-l'œil d'Ada.
Dans son salon, l'Ondine se dandinait en tentant de faire une sorte de danse, qui devenait malsaine tant elle tordait ses membres dans tous les sens comme si elle ne possédait plus d'os, tout en chantonnant une mélodie à la fois dramatique et glauque.
Tout ceci rendait cette scène très macabre, mettant mal à l'aise Milde qui avait suivi Spica.Cette dernière s'approcha alors d'Ada mais celle-ci redressa son dos presque comme un cadavre revenant à la vie mais dépossédé de ses forces, et pointa Spica du doigt en disant avec un air dément :
-Tu es une honte ! Tu es hideuse et ignoble ! Tu es incapable de faire quelque chose de bien ! Je te déteste ! Pire, je te hais !
La Polyvalente toisa alors avec un regard aussi noir qu'une nuit sans Lune.
Elle eut un sourire narquois.
-Même dans ta folie précédent le drame, tu es capable de me dire à quel point tu ne m'apprécies guère. C'est amusant et très instructif !
VOUS LISEZ
L'esprit d'un Séraphin déchu et la bonté d'une Ondine solitaire
FantasíaLes Ondines sont belles et charment les humains afin de se nourrir de leur énergie vitale. C'est ce que fait Spica, comme toutes les autres Ondines, dans une source d'eau qui lui a été attribuée. Malgré le fait qu'elle fasse comme tout le monde, ell...