Chapitre 4 : Des ailes noires

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Ce matin, aucun Ondin ne travaillait. La promotion d'une nouvelle Polyvalente était un événement très particulier et si rare.
Spica se souvenait du jour de sa propre accession au titre de Polyvalente. Les Ondins avaient dû se vêtir de leurs plus belles tenues et tout le peuple d'Ondia avait l'obligation d'assister à la cérémonie de promotion et de prendre part à la fête qui suivait.
L'Ondine brossa ses cheveux avant de les tresser dans son dos. Elle enfila une robe magnifique qui descendait jusqu'à ses pieds, d'un bleu foncé sublimant ses formes et sa minceur. Elle sortit de sa maison et croisa ses parents. Elle les salua mais leur fit bien comprendre qu'elle avait envie de rester seule. Depuis petite, elle n'avait jamais eu vraiment beaucoup d'amis et elle avait aussi toujours préféré avoir deux ou trois très bons amis que trente amis secondaires avec qui elle ne s'entendait que très moyennement.

Assise au premier rang dans le public à cause de son statut de Polyvalente, Spica regarda sa seule voisine, Dhaça, la plus jeune Polyvalente avant elle.
Puis la cérémonie commença. Après le long discours ennuyeux et qui endormait tout le monde mais classique de tout événement spécial important, Ada fut appelée sur l'estrade installée là pour l'occasion.
Elle portait une robe d'un magnifique vert vif qui faisait ressortir la blondeur de ses cheveux, avec des motifs en forme d'arabesques noirs qui couvraient la totalité de la partie inférieure du vêtement. Elle avait relevé ses cheveux en chignon haut dans lequel elle avait planté des épingles d'apparat dorées. Ses yeux et ses lèvres étaient maquillés en surplus mais Spica trouvait que ce style d'un m'as-tu-vu exagéré lui correspondait parfaitement.
Le roi annonça alors officiellement :
-Je déclare que l'Ondine Ada sera à partir de maintenant une Polyvalente, au même titre que Viris la doyenne d'entre elles, Jiya l'Écorce, Dhaça et la prodige de notre race qui fait notre fierté, Spica !
Après un tonnerre d'applaudissements auquel la prodige en question ne participa que très peu, Arcturus s'avança sur l'estrade dans un magnifique costume bleu roi lustré et prit la parole une fois que le silence fut revenu :
-Chers Ondins, chères Ondines. J'aimerais partager avec vous l'anxiété qui m'anime. Je ne crains qu'Ada ait eu des résultats moins brillants que ceux des ses quatre aînées dans la profession. Parmi celles-ci, certaines étaient pour sa promotion, d'autres non mais les Ancêtres avaient déjà pris leur décision.
Spica vit Ada voir rouge. Annoncer devant tout le monde que ses résultats avaient été moins bons que les leurs n'était probablement pas l'idée du siècle...Mais elle ne pouvait rien dire contre le prince d'Ondia sans se faire mal voir et, dans le pire des cas, déchoir immédiatement de son rang prestigieux. Arcturus se tourna cependant vers Ada.
-J'ai eu vent de beaucoup de choses sur toi et j'ai eu énormément d'échos et de retours différents te concernant. J'aimerais, par conséquent, que toi, Ada, fasses un effort et arrives à ravaler ta fierté pour demander de l'aide à tes aînées dans cette dure profession. Merci à tous !
Le tonnerre d'applaudissements reprit mais cette fois-ci, c'était Ada qui n'apporta pas de grande contribution au brouhaha intense dû aux claquements des mains, s'entrechoquant régulièrement l'une contre l'autre, des Ondins.

Spica put enfin disposer et aller travailler dans sa source attribuée en début d'après-midi. Une fois arrivée par le biais du Portail Aquatique, comme d'habitude, elle remarqua immédiatement un détail un peu insolite et surtout inhabituel...

Un homme assez grand, aux cheveux châtains coupés très courts, était allongé sur le ventre au bord de sa source, les jambes immergées dans l'eau. Il paraissait inconscient. Mais ce qui frappa le plus notre Ondine, ce fut les trois paires d'ailes de plumes noires comme les ténèbres qui partaient de son dos pour tremper leurs extrémités dans la source. Il portait une sorte de toge blanche un peu salie par la terre et imbibée d'eau, et des sandales de cuir brun. Il avait également des sortes de collant d'un noir luisant et des protections bordeaux sur les avants-bras.

L'esprit d'un Séraphin déchu et la bonté d'une Ondine solitaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant