Chapitre 1

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- Mesdames, messieurs, bonjour, bienvenue à bord du A380 à destination de Paris. Notre temps de vol sera aujourd'hui de 5H. Beau temps sur le trajet avec quelques turbulences prévues. A l'arrivée c'est un très beau soleil qui nous attend avec une température de 23 dégrès.

Enfin dans cet avion qui va me ramener en France, chez moi pensais-je. Ces dernières vingt-quatre heures ont été éprouvantes : elles se sont résumées à monter dans des avions, d'en descendre pour ensuite patienter à l'aéroport... L'horreur...

La fatigue s'étant accumulée, je me lobe profondément dans mon siège pour sombrer dans les bras de Morphée... Le sommeil ne tarde pas à m'emporter. Je rêve, il me semble, de ma pâtisserie préférée où j'aime passer du temps avec ma cousine Ambre à déguster toutes sortes de délices sucrés. La voix du pilote retentit dans l'appareil me tirant ainsi doucement de mes rêveries.

Etant réveillée, je ne cesse de m'imaginer mon retour à la maison. Est-ce que je vais ressentir cette joie tant espérée ? Est-ce que Luna, mon chat, me reconnaitra ? Est-ce que maman n'a pas trop touché à mes affaires dans ma chambre ? Est-ce qu'elle risque de me faire des remontrances concernant ma récente prise de poids ? Suite à toutes ces questions l'envie de rentrer se fait de moins en moins intense.

A l'instant même où les roues de l'avion touchent la piste d'atterrissage, mes doigts rallument frénétiquement mon téléphone portable. Je m'empresse d'envoyer un texto à Alexandre, mon meilleur ami depuis toujours. Il m'a tellement manqué durant cette année d'étude en Australie où j'ai étudié toute la faune ainsi que la flore de ce pays. Je ne compte plus les fois où je me suis languie de ne pas pouvoir lui ébouriffer les cheveux lors de nos fous rires ou encore de pouvoir le réconforter à cause de ses multiples histoires de cœur. Non, durant un an je n'ai pas pu faire tout ça et j'ai dû remplacer mon meilleur ami par mon écran d'ordinateur pour pouvoir le voir. Pas idéal c'est certain ! C'est l'une des principales raisons pour laquelle je voulais absolument rentrer, je ressentais le besoin extrême de le voir.

De Sarah
A  Alex :

«Hello ma grande asperge, je viens d'atterrir ! Toujours au travail ou je peux passer te voir ? J'ai hâte d'apercevoir ta bouille !»

Une fois mes bagages récupérés après vingt minutes qui m'ont paru interminables, mon portable vibre. Alexandre bien sûr !

De Alex
A Sarah :

« Enfin ! Je ne t'attendais plus, je travaille jusqu'à 21H mais on va fêter ton retour ce soir ! Passe me prendre au tournage. A ce soir poil de carotte !»

La majorité de mes amis a toujours pensé que je finirai, un jour, par être en couple avec Alexandre. Mais ce que toutes ces personnes ignoraient c'était que mon meilleur ami préférait les garçons. Cela ne m'a jamais gênée ni même dérangée, il est comme ça et je pense que je ne le reconnaîtrais pas si on lui enlevait cette partie de lui. Notre relation est vraiment fusionnelle, il a toujours été présent pour moi surtout lorsque j'en ai eu le plus besoin il y a maintenant deux ans : lorsque papa est parti.

C'est également lui qui m'a convaincue de partir en Australie pour cette dernière année de master, il me disait : « Sarah c'est une opportunité énorme ! Tu ne peux pas refuser ! C'est une véritable chance ! ». Je ne pouvais rien dire suite à ça, il avait absolument raison et c'est comme ça que je suis partie en août dernier, à des milliers de kilomètres. Que dire de plus à part qu'il est vraiment essentiel à mon équilibre ? Je ne sais pas.

De Sarah
A Alex :

«Je viens de récupérer mes affaires et maintenant il faut que je retrouve maman pour rentrer. Je te passe un coup de fil quand je pars ce soir, bonne journée !»

Je me dirige tant bien que mal vers la sortie, mes valises me semblent peser des tonnes. Sans grande surprise j'arrive à reconnaître ma mère de train loin : elle porte encore une de ses tenues extravagantes malgré mes tentatives de relooking... Aujourd'hui elle a choisi une jupe longue orange fluo, un débardeur jaune poussin et un foulard bleu dans les cheveux. Toujours aussi bon goût !

Ma mère a toujours été différente, elle dit qu'elle exprime sa personnalité mais cela s'est accentué lorsque papa est décédé. J'ai l'intime conviction qu'elle dissimule ses sentiments à travers ses vêtements et qu'ils ne sont en réalité qu'une façade pour cacher sa peine qu'elle n'a pas encore su atténuer.

En plus de sa tenue criarde, elle me fait des grands signes et piétine sur place. Quoi de mieux pour passer inaperçue ? Même si ma mère n'est vraiment pas discrète, je dois avouer qu'elle m'a énormément manquée pendant cette année. J'ai bien sur gagné ma liberté là-bas mais la solitude était parfois omniprésente...

- Ma chérie, comme tu es belle ! Tu m'as tellement manqué » me dit-elle en ouvrant grand ses bras.

- Toi aussi maman, tu m'as manqué. Je suis contente de te voir ! Je peux constater que tu es allée faire du shopping dans cette boutique affreuse...» lui dis-je avec un grand sourire.

- J'aime cette boutique... Tu ne trouves pas que ma nouvelle jupe est sympa ? Allé donne-moi ses valises, que l'on rentre avant de se retrouver dans les embouteillages. » me répond-elle en ouvrant le coffre de la voiture.

- Sympa n'est pas forcément le mot que j'aurai utilisé pour la qualifier non...» dis-je d'un ton moqueur.
- D'ailleurs, est-ce que je pourrai prendre la voiture ce soir ?

- Pourquoi ? dit-elle avec un œil interrogateur.

- Parce que je comptais aller chercher Alexandre à la fin de sa journée pour qu'on aille fêter ensemble mon retour.

- Oh d'accord... Je pensais qu'on allait passer la soirée toutes les deux... Mais tant pis.

La tristesse et la déception étaient palpables dans son regard.

- Maman... Ne fais pas cette tête... On va avoir largement l'occasion de passer du temps ensemble mais ce soir j'aimerai vraiment aller voir Alexandre.

- D'accord ma chérie mais j'aimerai que tu me préviennes si tu restes dormir chez lui, ok ?» dit-elle avec une pointe de tristesse.

- C'est promis Maman, merci ! Tu m'as vraiment manqué.

- Tu m'as manqué aussi, allé direction la sortie, en espérant que je retrouve le chemin pour rentrer !  dit-elle en reprenant son plus grand sourire.

Ses doutes me font littéralement exploser de rire : ma mère n'a vraiment pas un bon sens de l'orientation... Elle rigole elle aussi sans doute en pensant à l'une de nos péripéties routières. Une trentaine de minutes plus tard, plus aucun rire ne se fait entendre dans la voiture, seulement des soupirs épris de lassitude. Nous n'avons toujours pas trouvé comment sortir de ce parking qui s'apparente à un véritable labyrinthe !

À partir de cette nuit-làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant