Les Félins de New York, tome 1 : Amères Désillusions [Auto-Edition] (M/M)

Prologue

Le bruit d'une course se fit entendre dans la nuit quasi noire. Seule la lueur des yeux jaunes se faisait voir dans cette folle course. L'ombre mouvante slaloma entre les arbres. Sentant les fougères lui fouetter son pelage doré. Il fallait qu'elle se dépêche. Les minutes étaient comptées. Sa vie était en jeu. Si elle se faisait prendre, c'en était fini d'elle. Elle bifurqua rapidement sur la gauche quand elle entendit le chien d'un fusil s'armer et une balle se planta dans l'arbre qui se trouvait à quelque centimètre de sa tête.

Elle bifurqua de nouveau sur la droite alors qu'une vive lumière éclaira son champ de vision. Elle était foutue. Elle regarda autour d'elle, mais ne vit aucune échappatoire. C'était fini. Acculer, elle aplatit ses oreilles sur le sommet de sa tête, se retourna et affronta les hommes qui venaient de garer leur voiture et qui sortaient de l'habitacle. Elle retroussa ses babines et laissa luire ses dents en sifflant dans leur direction. Il n'était pas question qu'elle laisse tomber les armes sans se battre. Elle était prête à donner tout ce qu'elle avait en elle. Même si elle savait qu'elle allait mourir de toute façon.

C'était dans sa nature. Se battre pour survivre. Elle savait pourtant qu'elle n'avait aucune chance face aux armes des humains. Mais si elle pouvait faire le plus de dégâts possible, alors elle le ferait. Elle se battrait jusqu'au bout.

L'animal se précipita sur le premier homme et bondit dans sa direction. Sa mâchoire puissante se referma violemment sur le bras qui maintenant l'arme et il fut ravi d'entendre un cri de douleur sortir de la bouche de l'homme qu'il venait d'agripper et le son de l'os qui se brisait sous la puissance de sa mâchoire. Alors qu'ils basculaient sur le sol, le tigre planta ses griffes dans le ventre de sa victime pour se maintenir et garder sa proie.

Il était en train de s'acharner sur sa victime quand le bruit d'une arme que l'on chargeait se fit entendre. Le tigre tourna la tête après avoir délaissé un instant sa proie et feula vers l'homme qui tenait le fusil. Cette erreur lui fut fatale. L'animal ne vit pas l'autre homme arrivant derrière lui. Un tire à bout portant le fit sursauter avant qu'il ne s'effondre sans vie sur le sol.

— Putain ! Tu en as mis du temps. Il a réussi à arracher le bras à Nicolas et à le tuer.

Une violente claque retentit.

— La ferme. Le principal c'est que le tigre soit mort. Ramenons-le rapidement et retirons sa peau. Il va valoir une petite fortune puisque c'est un tigre doré.

L'homme regarda le second. Qui aurait cru qu'un homme pareil, si... proche de la loi pouvait être aussi vil et froid. Si son second métier venait à être découvert, s'en était fini de lui. Il rêvait tellement de le faire chuter et de prendre sa place. Cela serait tellement plus facile et si simple. Mais non. Le Grand avait trop besoin de cet homme pour l'aider et faire en sorte que tout se passe pour le mieux et qu'il ne soit pas inquiété.

— Si tu le dis.

— Aide-moi plutôt à les monter à l'arrière de la voiture au lieu de te plaindre comme tu le fais. Nous n'avons pas que ça à faire.

Les deux hommes empoignèrent l'animal avant de le poser à l'arrière du pick-up. C'était vraiment un magnifique animal. Ils regardèrent un long moment la bête qui avait été si royale avant de perdre la vie. Sa couleur était exceptionnelle et sans aucun défaut. Ses rayures étaient parfaitement régulières.

Une vraie beauté.

Et ils ne doutèrent pas qu'une fois l'animal dépecé, la peau lavée et traitée, celle-ci se vendrait au plus offrant. Le Grand avait déjà l'acheteur parfait pour cette peau.

— Tu crois que le Grand sera content de cette prise ? demanda l'un des hommes.

L'homme qui avait abattu l'animal redressa la tête et le regarda en retour.

— Il sera très content. Mais il ne le sera réellement quand il aura sa perle rare. Celui pour qui il voue une haine sans nom. Et croyez-moi, quand il l'aura en sa possession...

Puis il se tut avant de monter dans le pick-up et de mettre le contact.

Il avait hâte que l'affaire se mette réellement en route et qu'il puisse mettre la main sur celui que son maître voulait.