Les Félins de New York, tome 1 : Amères Désillusions [Auto-Edition] (M/M)

Chapitre 24

Pour la quatrième fois depuis son départ de son appartement, Gavin se regarda dans le reflet des portes de l'ascenseur et lissa de nouveau sa veste de costume avant de remettre en place sa cravate. La veille, en rentrant à son appartement, il avait découvert dans son courrier la confirmation de sa convocation devant la commission d'enquête. Il avait vainement espéré que ces foutus cols blancs allaient l'oublier, mais il s'était visiblement trompé.

Quand il sentit l'ascenseur ralentir, il prit une grande inspiration et sortit dès l'ouverture des portes. Il était temps de leur faire face et de leur expliquer clairement qu'il n'avait pas commis d'impair. Mais il les connaissait assez pour savoir qu'ils ne lâcheraient pas le morceau. Encore moins la personne qui était à la tête de cette commission d'enquête.

Lorsqu'il arriva devant la porte, il souffla un bon coup, donna un léger coup dessus, et entra sans attendre. Il regarda les quatre hommes qui se tenaient derrière la table et qui visiblement l'attendaient avec impatience.

—Bonjour Messieurs, leur dit Gavin en fermant la porte derrière lui et en s'approchant.

Il entendit un vague bonjour en retour et son regard tomba sur la seule personne qu'il aurait aimé ne pas voir. Boris Denver. Le président de la commission d'enquête. Pourquoi avait-il fallu que ce soit celui-là entre tous qui dirige la réunion ? À croire que le destin avait décidé de s'acharner sur lui.

—Bien. Nous sommes ici aujourd'hui pour décider de l'avenir de Gavin Dorian Forbes. Il est accusé d'avoir fait usage de son arme sur Cowan James Donovan lors d'une mission à haut risque. L'acte a été perpétré alors que l'agent Donovan servait de bouclier au dénommé Bradley Sims, le suspect. Qu'avez-vous à dire pour votre défense, agent Forbes ?

—Je n'ai pas à me défendre. C'était un acte réfléchi. J'ai préféré assurer la protection de l'agent Donovan, en lui tirant dessus, avant que le suspect ne fasse le moindre geste et ne le tue lui-même, faisant encore plus de victimes.

Les quatre hommes l'étudièrent intensément et il vit que Boris pinçait ses lèvres en une ligne dure. Ce n'était pas bon du tout. Et encore plus quand il le vit ouvrir un dossier et en tourner les feuilles.

—Sur votre dossier, il est fait mention que l'agent Donovan et vous étiez amants par le passé, que votre relation a été un échec et s'est terminée par une séparation. Cela induit que votre geste pourrait être délibéré pour lui faire payer votre rupture, reprit Boris en le fixant.

—Effectivement, l'agent Donovan et moi étions amants. Ce n'était pas une nouvelle pour la brigade. Tout le monde était informé. Nous sommes compagnons et jamais je ne pourrais tirer sur lui.

—C'est ce que vous dites, agent Forbes. Ce n'est pas rare qu'un amant ou une maîtresse bafoué tire sur son compagnon ou sa compagne. Vous ne seriez pas le premier à commettre un tel acte.

—Je vous le répète, je n'ai pas tiré sur l'agent Donovan pour me venger de lui.

—Peut-être étiez-vous bouleversé. En effet, quelques mois plus tôt, vous avez tout de même perdu votre coéquipier. Vous auriez pu être psychologiquement instable du fait des découvertes le concernant.

Gavin fronça les sourcils. À quoi Boris jouait-il ? Il savait très bien qu'il avait été reconnu apte psychologiquement. Il avait certainement lu les comptes rendus que la psy avait dû lui fournir lors de son enquête. Alors il ne voyait pas en quoi la mort de Ianto et ce qu'il avait fait devaient revenir sur le tapis et être utilisés contre lui dans cette commission.

Oui, il avait été dans un sale état quand Ianto était décédé lors de cette descente. Bien sûr plusieurs mois s'étaient écoulés avant qu'il puisse sortir la tête du gouffre. Évidement qu'il éprouvait encore de la rage quand il avait appris ce qu'il avait fait pendant toutes ces années. La perte d'un être cher ainsi que sa trahison étaient toujours douloureuses, mais il n'aurait jamais tiré sur Cowan intentionnellement. Cowan était son véritable compagnon. Pas un simple amant.