7. Idylle

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Le lendemain, il m'invite au café en s'excusant pour sa conduite d'hier : apparemment, il était intimidé et avait peur des réactions de ses amis. J'ai balayé ses excuses d'un geste de la main, pour lui faire comprendre que je ne lui en voulais pas. On se dirige vers la même place que je dernière fois pour pouvoir parler tranquillement:

"-Ismaël ?
-Oui
- Ça fait combien de temps que tu m'aimes au juste?
-Euh...il regarde ailleurs, avec un petit sourire gêné, Ben en fait je t'ai remarquée il y a deux mois, mais, enfin tu vois, c'était juste ton physique que j'avais remarqué. Je n'étais pas " amoureux". C'est seulement vendredi que je suis tombé sous ton charme. (À ses mots, je rougis violemment) Déjà tu étais très mignonne, toute surprise de ma proposition... Ensuite, quand on a parlé, je me suis dit: " Pas bête pour une Infs! Et puis belle... Elle me fait trop rire cette fille!"
- Donc tu m'aimes vraiment ? Même si je suis une Inf?
-Mais oui,assure Ismaël, je t'aime plus que je ne pourrai aimer les stupides (mais belles)
SUPs de notre lycée. "
À partir de ce soir là, il m'invita tous les soirs à ce café. On parlait de nous, mais aussi de politique, de culture, de nos films et livres favoris, etc. Malgré sa manie de faire des phrases compliquées de trois kilomètres, j'adorais parler avec lui. Au collège, on restait distants, chacun avec ses amis. Mélodie était enthousiaste, Camille, suspicieuse. D'après elle, cette relation n'est pas normale, et c'est limite illégal. Pour Mélodie, le seul point négatif était qu'il ne m'avait jamais embrassé...

Deux semaines plus tard

Contrairement à nos habitudes, Ismaël vient me parler, en dépit de ses amis. Il me regarde, tout rouge, tout timide, prend une grande inspiration et dit très vite:
"-Karina est-ce que ça te dirais d'aller chez moi ce soir au lieu du café ?
-Oh je-je enfin...oui bien sûr mais...tes parents?
- Ah t'inquiète pas ils rentrent à 19h on aura une bonne heure devant nous...
-Bon bah c'est d'accord... À toute à l'heure du coup !
- Oui à plus"
Après ce dialogue, je suis super contente. J'ai un peu du mal avec cette relation où tout va trop lentement. Je veux dire, on est grands maintenant, et en plus, je suis une Inf. Chez les Infs, tout va vite, donc une relation de presque un mois sans aucun contact physique c'est un peu...frustrant. Juste prendre sa main ou avoir un baiser de temps en temps... C'est pas la mer à boire,si? Du coup cette proposition d'aller chez lui, dans un endroit plus intime, c'est déjà un (petit) progrès dans notre couple...
"-Fait attention! Il va profiter de toi! Ne va pas chez lui! Camille coupe mes pensées avec cette phrase peu romantique..
-Comment ça, profiter d'elle? Questionne Mélodie
-Enfin bon tu vois! Je vais pas  te faire un schéma ! Dans les livres, quand un gars invite une fille chez lui c'est pour...enfin pour...
-AAAA!! Mais t'es trop dégueulasse !! Quelle parano celle-là !"
Comme d'habitude, je les laisse se disputer. Je n'ai absolument pas peur d'aller chez lui. Camille ne connaît vraiment pas Ismaël... Quelles gamines ces filles ! Tout à coup, je repense au fait que dans deux mois, je dois me marier. J'aimerai vraiment faire ma vie avec Ismaël, et pas  avec un homme que je ne connaît pas, qui sera sans doutes con, brutal ou pervers...je dois rencontrer mon promis demain, et je n'ai toujours pas dit à Ismaël que mon union est si proche, et qu'une fois mariée, je devrai cesser de le voir. Tant pis, je lui dirai tout demain, pour ne pas gâcher notre rendez-vous de ce soir...

Après les cours

Je suis Ismaël à travers la ville.
Après seulement cinq minutes, il s'arrête devant une grande et belle maison. En pierres claires, agrémentée de colonnes et de tours, elle me donne l'impression de sortir d'un album pour enfant. J'entre, ébahie par tant de richesses: dans le hall, de magnifiques vases de Chine sont exposés, à côté de tableaux de grands peintres. Le salon est aussi grand que tout l'étage du bas de ma maison. De nombreux canapés et fauteuils sont disposés au tour d'une immense télévision. Ça m'a l'air d'être l'endroit le plus confortable au monde. J'ai un petit pincement au coeur quand je pense à ma petite demeure, et à ma mère, maigre et pauvre...Ismaël me regarde d'un air amusé. Je m'amuse un peu à rebondir sur les canapés, puis on décide de voir un film. Il choisi un film historique. Je déteste l'histoire, mais tant que je suis avec lui je serai heureuse. Après avoir fixé d'un air hébété la télé pendant un quart d'heure, tant la qualité était bonne, j'ai commencé à m'ennuyer. Alors, peu à peu, je me suis laissée gagnée par le sommeil, bercée par le doux bruit de soldats égorgés...
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Ismaël me réveille doucement. Je suis dans ses bras et j'ouvre les yeux avec regret:
"-Hum...
-Karina... Tu dois partir maintenant... Ils vont arriver.."
Avec un sourire, il m'embrasse le front et desserre son étreinte. J'ai l'impression d'être dans un rêve... Qui disparaît quand je me rends compte que je n'ai que dix minutes pour filer. Je mets ma veste et mes chaussures le plus rapidement possible, me jette dans les bras d'Ismaël  (qui, surpris, manque de tomber) puis me rue dehors. Juste à temps car au bout de la rue je vois un couple qui ressemble fortement à mon petit ami et qui me dévisage avec mépris. Ouf! Une fois chez moi, j'invente une excuse bidon pour ma mère et pars me coucher, avec l'impression de voler

RebellionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant