Rebellion

20. Célestin et Camille

En fin d'après-midi, je m'accorde un moment de détente. Car ce n'est pas parceque je reste à la maison que je suis inactive! J'ai passé ma journée à faire la cuisine, puis la vaisselle, le ménage, le repassage, et puis encore la cuisine. Ce n'est pas dans ce genre d'activité que je m'épanouis, mais au moins, je m'active.
Je m'assois donc sur une petite chaise bancale, et essaye d'organiser mes idées. Au début, la question est simple: pour le gouvernement, que ma partie Inf admire, mais qui me prive de liberté, ou pour la rébellion, mouvement insensé, sûrement infondé, mais aussi affreusement exitant...
Mais peu à peu, le dilemme évolue et j'en viens à penser : abandonner Camille pour suivre Mélodie, ou s'éloigner de Mélodie pour rester avec Camille?

Je cogite, mais je n'arrive pas à trouver un seul élément de réponse...

Enfin, je ne cogite pas longtemps en vérité puisque au bout de vingt minutes, la sonnette de la porte d'entrée retentit.

J'ouvre à Camille, glacée dans l'ombre du soir.
Je la fais entrer, un peu surprise. C'est vrai qu'elle devait passer me voir, mais avec toutes ces histoires, je l'avais complétement oubliée...

Elle me dit bonjour d'un air préoccupé, les sourcils froncés, les yeux dans le vague. Après un quart d'heure de conversation inutile, je lui demande :

"-Bon. C'est quoi le problème ?

- T'as vu les affiches dans les rues?

-Oui... Et?

- Je suis sûre que c'est Mélodie !

-Pourquoi tu ne lui poses pas directement la question ?

- Elle était absente aujourd'hui... Comme par hasard...

- Et si c'est Mélodie, qu'est-ce que tu comptes faire? J'attends sa réponse, un peu inquiète.

- Je la dénonce. Ces affiches sont un ramassé de bêtises, c'est de la diffamation ! Les caricatures du président sont totalement injustifiées... Comment les gens peuvent-ils être aussi ingrats?

- Mais Camille! Tu ne vas pas dénoncer Mélodie, c'est ta meilleure amie!

- Je ferai ce que je juge être raisonnable et juste.

- Tu es prête à trahir ta meilleure amie, que tu as considéré comme ta sœur,pour un gouvernement qui t'humilie et qui te rabaisse? Et ne me dis pas que tu œuvres pour la justice, par raison ou par devoir, tu es seulement aveuglée d'amiration pour des idiots qui ne te respectent même pas! Ce que tu fais es immoral!

Camille me fixe d'un air terrible. Je sens qu'elle pèse ses mots, qu'elle m'observe, et analyse mes paroles. Au bout d'un long silence, elle reprend la parole, d'une voix calme et froide:

"- Fais attention à ce que tu dis.
N'oublie pas la réalité aux dépens des rêveries de Mélodie. De toutes manières, cette conversation n'a pas lieu d'être, puisque notre très chère amie n'a pas collé ces affiches... N'est-ce pas?

C'est à ce moment là qu'un Célestin éreinté fait irruption dans la pièce, faisant entrer le vent froid par la même occasion.
Il ne s'aperçoit de la présence de Camille que quelques secondes après. Tous deux se figent, se jaugent, tandis que mon regard passe de l'un à l'autre. Ils ne se sont vus qu'une fois, à mon mariage, et maintenant qu'ils se voient vraiment, sans le monde et le bruit autour, ils s'étudient comme des animaux hostiles.

J'entends une mouche voler.
Célestin prend la parole, en essayant de cacher l'aversion dans sa voix:

"- Karina... Tu nous présentes, j'ai oublié son nom.

- Euh... Camille,ma meill... Mon amie, avec qui je discutais de façon polie et courtoise..."

Sans quitter Camille des yeux, mon mari hoche la tête. Je ne comprends pas la raison d'une telle haine qu'ils ont l'un envers l'autre : ils ne se connaissent pourtant pas, si? À mon mariage ils n'avaient pas réagi comme ça !
C'est chimique je pense, ils ne sont clairement pas compatibles.

Le spectacle commence à me lasser, je toussote donc pour mettre fin au duel de regard. Je me demande pourquoi Célestin est rentré si tôt...

Camille enfile son manteau en silence, j'entends le bruit de la fermeture éclair. Elle me dit au revoir d'un ton de reproche, puis se statufie une nouvelle fois, faisant face à Célestin. C'est pas vrai... Ils vont faire ça à chaque fois? Un peu agacée, je raccompagne mon "amie" à la porte. Elle semble vouloir dire quelquechose, mais je n'ai pas envie de l'écouter. Je n'ai pas aimé ce qu'elle m'a dit tout à l'heure. Elle échange un énième regard avec Célestin, qui ne l'a pas lâchée des yeux...
Alors qu'elle commence à sortir, mon mari propose :

"- On a qu'à l'inviter à manger, elle ne va pas rentrer par une heure si tardive..."

Je ne sais pas qui, de Camille ou de moi, est la plus surprise.

Mais ce qui me surprends vraiment arrive ensuite, car, après être restée interdite quelques instants, la petite brune répond :" –Super, merci!"

J'avoue que je bloque un moment : premièrement, Célestin et elle se détestent, cela se voit dans leur regard, alors qu'est-ce qui prend à Célestin de l'inviter, et à mon amie d'accepter ?
Ensuite, c'est débile le prétexte :"il est trop tard pour qu'elle rentre"! Après dîner ce sera vraiment trop tard pour se balader dans les rues ! On ne va pas l'inviter à dormir alors que je viens de me disputer avec elle quand même ! Surtout que je vois dans les yeux de mon mari qu'il la hait... À moins que ce ne soit pas de la haine? Mais alors...

Je me perds dans des théories foireuses jusqu'au moment où Célestin claque des doigts devant mes yeux pour me ramener à la réalité...

Pendant le repas, je ne dis pas un mot, et écoute les deux abrutis parler de choses inutiles.
Puis vient le sujet de la politique:

"– Et toi Camille, tu vas voter qui aux prochaines élections ?

Bon sang c'est vrai qu'on a l'âge de voter cette année ! Après, un vote Inf ne sert pas à grand-chose, (un vote SUP compte cinq fois plus) mais c'est vrai que c'est satisfaisant de savoir qu'à notre échelle, on contribue au fonctionnement du pays.

– Je ne sais pas, parti violet sans doute, ils proposent d'éliminer les rebelles du pays et promettent stabilité et surtout, sécurité... répond-elle.
Et toi Célestin ?

-Parti rouge. Je suis plus dans le camp des rebelles, tu vois?"

Oh non... Je sens que la soirée va être longue...

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Hey! Je sais j'ai mis du temps, je m'en excuse...

Pour les (rares) lecteurs qui me lisent, je publierai un peu plus pendant les vacances.

Si vous relevez des fautes d'orthographe, de syntaxe ou des incohérences, dites-le moi!

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