« La vérité est au fond du verre. »
- Proverbe français.***
Louis roulait vite à cause des torrents d'adrénaline qui emplissaient encore ses veines ; il aurait du ralentir et s'arrêter au stop mais n'en fit rien, la colère le dominait ; elle coulait lentement dans tout son être et faisait dépasser les 150km/h au compteur de la voiture.
Il avait une envie folle d'hurler et de frapper quelque chose, il voulait extérioriser les voix qui ne se taisaient plus dans son esprit ; celles qui continuaient de lui chuchoter qu'on lui cachait une partie de la vérité. Et n'ayant rien sous la main, il se contenta de décharger sa rage sur la pédale d'accélération, appuyant un peu plus fort à chaque ligne droite qui s'offrait à lui.
Grillant également un feu en obtenant un concert de coups de klaxons grossier et un semblant d'accident, il tourna à la première intersection et ravala les insultes qui lui brûlaient la gorge. Il ne savait pas vraiment où il allait mais dès le bref aperçu d'une pancarte décharnée le long de la rue, il mit son clignotant et se gara à l'arrache le long de la chaussée. L'écriteau indiquait « Night Club » mais son esprit, lui, lisait clairement « Défonce-toi ».Et effectivement, à cet instant-même, il avait juste besoin de tout oublier et s'amuser.
Il descendit donc et claqua sa portière, s'arrêtant dans la file d'attente devant les potes blindées. Peu de monde était de sortie car c'était un lundi et seulement quelques personnes attendaient avant lui. Le videur, qui regardait chacune des ID avec soin, obligea plusieurs jeunes à faire demi-tour et sa respiration s'arrêta.
La fureur qui l'habitait depuis une vingtaine de minutes redescendit aussitôt et fut remplacée par une angoisse naissante.
Comment allait-il faire ? Il n'avait pas l'âge requis et -
_Carte d'identité s'il vous plait ? s'enquit platement la voix grave et dure du vigile.
Maladroitement et le cœur battant la chamade, Louis passa la main dans la poche arrière de son jeans pour en retirer son portefeuille et la lui tendit. Ses doigts étaient moites sur le plastique mais l'homme en costume noir façon James Bond hocha la tête, lui jetant un coup d'œil de biais avant de la lui rendre.
_Amusez-vous bien.
Avec cette simple phrase, le jeune anglais eut l'autorisation de pénétrer dans le bâtiment et après un ou deux mètres, s'arrêta près des vestiaires, encore légèrement décontenancé.
Il avait dix-sept ans, comment pouvait-il réussir à - un coup d'œil à sa photo sur la carte lui permit de comprendre. Il avait vingt-et-un ans, et plus dix-sept. Foutue amnésie.
_Je prend ta veste ? s'enquit alors une voix féminine derrière lui, qui le fit sursauter.
Il fit volte-face.
_Hein ?
Une jeune fille aux cheveux courts et bouclés attendait derrière un comptoir étriqué, un sourire poli affiché sur son visage rond. Ses lunettes rouges tombaient sur son nez, faisant ressortir le bleu de ses yeux et l'éclat du piercing brillant au niveau de son oreille droite.
_Ta veste, sourit-elle gentiment. Tu la prends ou tu la laisses ici ?
_Oh. Hm. Tiens.*
Harry ferma les yeux, allongé sur son lit. Cela faisait plusieurs dizaines de minutes qu'il fixait le plafond sans but précis, et le blanc cassé qu'offrait le crépis commençait à le dégouter et le rendre claustrophobe. Il s'en voulait.
Il s'en voulait de ne pas pouvoir répondre à Louis et partir comme ça ; comme il venait une fois de plus de le faire. Il se sentait faible. Faible et incapable.
C'était idiot d'avoir peur d'une araignée comme c'était idiot d'avoir peur du noir. C'était idiot d'avoir le vertige, d'avoir peur de mourir. C'était idiot d'avoir peur de Louis.
Peur de croiser son regard car il pourrait sans doute y lire tout ce qu'il ne lui disait pas ; peur qu'il découvre un jour par un autre ce qu'il lui cachait ; peur qu'il en soit dégoûté et le haïsse pour s'être tu ; peur de mentir encore ou de devoir lui dire la vérité ; peur d'avoir mal.
Peur qu'il ne se souvienne jamais.
VOUS LISEZ
Silent Memories.
FanfictionLa dispute venait d’éclater de nouveau ; le sujet n’était pas différent, il était seulement abordé avec plus de violence : Louis criait méchamment, même s’il savait qu’Harry ne l’entendrait pas. C’était juste plus fort que lui, il ne pouvait pas re...