Chapitre Dix-Huit.

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« Il n'y a pas de véritable action sans volonté. »

- Jean-Jacques Rousseau.

***

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas le bruit qui réveille ; c'est le manque. Le manque de la respiration régulière qui soufflait sur votre nuque ; l'absence des battements du cœur qui vous ont bercés et protégés toute la nuit ; le manque du corps brûlant et rassurant contre vous ; le manque des bras qui vous ont retenu pendant vos cauchemars. Le simple manque d'une présence.

C'est le manque qui réveille ; non le bruit.

C'est le manque qui tira Louis du sommeil ce matin-là.

Il n'ouvrit pas les yeux à cause du bourdonnement de son cellulaire sur la table de chevet qui lui indiquait qu'il devait se lever ; mais parce que la chaleur qui l'enveloppait avait changé de source : ce n'était plus celle du corps chaud de son meilleur ami ; c'était celle du soleil qui venait frapper directement contre ses paupières.

Il n'eut pas besoin de s'asseoir pour le constater ; il su qu'Harry n'était plus dans la chambre à la minute où il reprit conscience avec la réalité, quittant le pays des rêves où il s'était pourtant senti entier.

Louis se tourna, roulant sur le ventre en enfouissant son visage dans l'oreiller de son meilleur ami, respirant inconsciemment l'odeur de son shampoing à la réglisse qui était resté sur les fibres du couvre-lit.

Avant qu'il n'ait pu laisser échapper un soupir de contentement, son esprit le rattrapa, lui renvoyant en pleine face le geste qu'il était en train de faire : il était en train d'essayer de se shooter à l'odeur d'Harry.

Cette seule pensée suffit à le réveiller définitivement et il s'assit prestement, jetant un coup d'œil paniqué dans la pièce qu'il savait pourtant vide.

_Putain, marmonna-t-il en se laissant de nouveau tombé sur le matelas. Fait chier.

Jamais rien de bien n'arrive après minuit : il en avait la preuve. Ses sens et sa peur avaient dictés ses gestes et il était allé chercher Harry, chose qu'il s'était pourtant juré de ne jamais recommencer.

Il avait craqué parce qu'il était mort de frayeur et il aurait du se détester ; mais curieusement, il ne le regrettait pas. Il ne regrettait pas qu'Harry l'ait finalement suivit jusque dans le lit rond la veille pour le rassurer durant le temps qu'avait duré la tempête. Il ne regrettait pas s'être endormi parce qu'il s'était senti en sécurité entre les bras forts et musclés de son meilleur ami. Il ne regrettait pas avoir calé sa respiration sur la sienne pour ralentir les battements de son cœur qui s'étaient emballés depuis vingt-trois heures.

Et c'était ce qui l'effrayait désormais : il ne regrettait pas, pas une seule de ses actions.

Passant ses deux mains sur son visage en soufflant bruyamment, il se redressa sur un coude et tourna la tête vers son réveil qui indiquait sept heures vingt-deux. Harry était surement déjà dans la salle de bain ; il pouvait donc se lever en s'octroyant le luxe de ne pas le croiser ; pas maintenant, tout était encore trop frais et improbable dans son esprit.

Lorsqu'il entra dans la cuisine cependant, le bouclé s'y trouvait encore, posté devant l'évier en lui tournant le dos, faisant probablement la vaisselle. Sa mère n'était nulle-part en vue et cela rassura légèrement le plus âgé, il n'aurait pas à supporter son regard une nouvelle fois.

Se mordant la lèvre devant la situation inconfortable dans laquelle il était, Louis fit un pas et se stoppa de nouveau, hésitant à lui tapoter l'épaule ou simplement se déplacer dans son champ de vision pour lui signaler qu'il était debout.

Silent Memories.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant