« C'est dans le souvenir que les choses prennent leur vraie place. »
- Jean Anouilh.***
Le mal de tête qui martela sans relâche l’esprit de Louis pendant les jours qui succédèrent sa sortie nocturne ne le laissa enfin tranquille que le week-end suivant. Il avait enduré la douleur sans se plaindre à personne parce qu’après tout, ne l’avait-il pas mérité ? Il était sorti pour boire comme un homme, alors il allait assumer les conséquences de ses actes, comme un homme. Il avait seulement vidé une boite entière d’antidouleur et maudit celui qui avait inventé la gueule de bois.
Il n’avait pas été non plus voir le médecin ; le mal aurait pu provenir de tout autre chose mais il ne se sentait pas capable d’avouer qu’il s’était surement prit la cuite de sa vie parce qu’il ne supportait pas son amnésie temporaire. Si toutefois, elle était bien temporaire.
Le seul point positif était peut-être l’amélioration de ses rapports avec Harry ; en effet, Louis avait apprit un peu plus de signes grâce à l’aide des garçons au cours de la semaine, mais malgré tout, depuis l’incident de lundi soir, les choses avaient prit une tournure bien différente. Elles semblaient plus étranges qu’elles ne l’étaient avant : il avait la désagréable impression d’avoir fait ou dit ce qu’il ne fallait pas.Seulement là était le problème : c’était le blackout complet.
Il avait effectivement réussi son coup ; il ne se souvenait absolument pas d’un minuscule moment de la soirée, pas une seule minute, pas un seul instant. Il était incapable de se rappeler de ce qu’il s’était passé entre dix-neuf heures et son réveil dans son lit ; mais il savait, il était sur d’avoir commit un acte stupide ou irréfléchi.
Embrasser une inconnue ? Conclure avec une autre ? Il était impuissant à se souvenir de quoi que ce soit, cependant, il se doutait que ce quelque chose avait un rapport avec Harry.
C’en était quasiment un point indéniable car il ressentait cette pointe acéré s’enfoncer dans son estomac à chaque fois qu’il posait les yeux sur le bouclé. Ce pic argenté semblable à une épée aiguisée, à la lame d’acier d’un soldat qui le déchirait en deux.
Plus encore, l’alcool ne lui avait pas seulement fait récolter un mal de tête abominable, il avait également ébranlé son cerveau : il n’avait eu aucun autre flash-back depuis celui du samedi précédent ; rien ; nada.
Pas un seul souvenir ou rappel de sa vie d’avant, de celle qu’il avait oubliée et qui lui manquait horriblement. Enfin, elle ne lui manquait pas parce qu’il ne s’en souvenait pas, elle… Il ressentait ce sentiment indéfinissable qui lui creusait la poitrine à chaque fois qu’il entrait en collision plus ou moins direct avec un détail de son passé.
Alors pour la gêne et le manque de mémoire, Louis s’en voulait. Il s’en voulait d’avoir roulé jusqu’à ce bar pour s’enfiler dieu seul sait combien de verre de toutes les liqueurs possibles et inimaginables.
Il était d’ailleurs actuellement avachit à l’envers dans le canapé, sa tête pendant dans le vide et ses jambes en l’air, contre le dossier. Harry était sorti faire les courses parce que c’était à son tour de les faire et il s’ennuyait : il était dix-huit heures.Harry.
Depuis le début de semaine, depuis les quelques nouvelles heures de sa vie actuelle qui s’étaient effacées de son esprit dû à l’alcool, tout ce qu’il faisait le ramenait immanquablement au bouclé.
Il fredonnait en ce moment même « Wanted » de Hunter Hayes sans s’en rendre compte, et sa voix feutrée rendait aux paroles une authenticité peu commune.“You know I'd fall apart without you
I don't know how you do what you do”Et c’était vrai; Louis ne savait pas comment Harry faisait pour supporter autant de choses, il acceptait de vivre avec son meilleur ami qui ne se souvenait plus de lui, qui n’arrivait plus à communiquer avec lui et qui faisait des conneries en sortant le soir pour l’appeler en plein milieu de la nuit complètement bourré.
Harry était courageux parce qu’il supportait sans rien dire ce que lui s’était justement forcé d’oublier lundi soir. Il était tellement plus audacieux dans un million de manière : il continuait de vivre avec le sourire malgré son handicap, malgré toutes les embuches que la vie mettait sur son chemin.
Louis serait déjà tombé sans se relever s’il avait été à sa place ; et pourtant ; lui était là, à côté de lui, à le soutenir malgré tout.
VOUS LISEZ
Silent Memories.
FanfictionLa dispute venait d’éclater de nouveau ; le sujet n’était pas différent, il était seulement abordé avec plus de violence : Louis criait méchamment, même s’il savait qu’Harry ne l’entendrait pas. C’était juste plus fort que lui, il ne pouvait pas re...