« Notre parachute en a prit un coup et je pense qu’il est temps qu’on arrête de tomber. »
- Mélanie Da Silva.***
Les hauts parleurs annonçaient les vols les uns après les autres ; New-York ; Tokyo ; Berlin ; Montréal ; São Paulo. Harry regardait le tableau d’affichage d’un air absent et perplexe : sa destination n’avait pas encore été annoncée alors que son billet pour Paris indiquait clairement vingt heures seize.
Les deux aiguilles de sa montre qui tournaient lentement dépassèrent vingt heures cinq, lui faisant comprendre qu’il aurait surement du retard. A ce moment même, « Paris » fut soudainement visible en tête de liste de l’écran géant, juste à côté d’une note rouge indiquant qu’il y aurait un délai de quarante minutes sur cette ligne.
Alors le bouclé se leva, abandonnant temporairement sa veste sur le banc de fer gris où il était assis depuis plusieurs dizaines de minutes, se postant devant la baie vitrée derrière lui, celle qui prenait toute la façade ouest de l’aéroport.
Les étoiles brillaient sur le voile noir et opaque de la nuit, semblables à des étincelles lumineuses qu’il se rappelait avoir déjà vu scintiller dans les yeux du garçon était en train de fuir.
Cette pensée lui comprima le thorax avant même qu’il n’ait le temps de le réaliser et il la chassa aussi rapidement qu’elle était apparue, tentant de reporter son attention sur les avions qui roulaient dehors. Ils étaient loin, s’élançant de la piste aussi aisément qu’un rouge-gorge s’envole d’une branche enneigée ; mais c’était difficile ; c’était difficile de penser à autre chose car chaque détail de la nuit l’aidait à se rappeler les traits fins et parfaits de Louis.
Une boucle brune tomba devant ses yeux verts, l’empêchant de visualiser parfaitement l’inclinaison aigüe qu’avait prit un des appareils pour décoller de la piste d’envol et il souffla, essayant de la dégager sans toutefois y parvenir. Il glissa donc sa main dans ses cheveux et réajusta ceux qui avaient échappées à l’emprise du bonnet gris qu’il portait, jetant un léger coup d’œil aux alentours.
Les mouvements rapides et colorés des voyageurs l’oppressaient en le rendant quelque peu nauséeux et il préféra s’éloigner de tout ce monde, se détournant totalement pour récupérer sa veste et contourner au mieux cette foule qu’il détestait.
Il n’était pas ochlophobe ; seulement à ce moment précis, la sensation d’étouffement qui le prenait à la gorge était insoutenable ; elle affectait sa respiration qui devenait pénible et le rendait malade plus que jamais auparavant.
C’était peut-être du aux décisions qu’il venait de prendre, c’était peut-être du à ce qu’il s’apprêtait à faire, à cet avion dans lequel il s’apprêtait à monter et qui le conduirait loin de Londres ; loin de ses amis ; loin de Louis.Louis.
Le prénom résonna dans son esprit et les haut-le-cœur reprirent presque aussitôt, plus forts, plus amers, l’obligeant à se coller au mur sur sa droite pour se laisser glisser sur le carrelage et enfouir son visage dans ses genoux. Il prit une inspiration un peu plus profonde et ferma les yeux, essayant d’effacer le visage de son meilleur ami au même titre que toute chose ayant un rapport direct ou non avec sa vie ici.
Et il y parvint, au bout d’une quinzaine de minutes, après plusieurs exercices de respiration, plusieurs plages de sable blanc et d’îles paradisiaques imaginées pour détourner son attention.
Alors, à ce moment seulement il se releva, évitant cependant de regarder autour de lui ou d’effectuer un quelconque contact visuel avec qui que ce soit : il ne voulait pas recommencer à délirer en imaginant des choses qui n’existaient pas et qui le rendaient fou.
Ses pas le dirigèrent inconsciemment vers la salle d’embarquement numéro quatre et il s’arrêta au niveau des portiques de sécurité, conscient de ne pas pouvoir aller plus loin sans une carte d’embarquement valide. Or, il ne savait pas encore dans quel hall il devait se rendre pour la simple et bonne raison que son vol était retardé d’encore une vingtaine de minutes.
Il tourna donc sur lui-même et remarqua un petit restaurant/fast food sur sa droite, dans le renfoncement d’un escalier sans contremarche ; un fast-food qui ne semblait pas vraiment bondé à cause de son isolement. Légèrement soulagé, Harry se dirigea vers le comptoir dans l’intention d’acheter un muffin mais les iris perçant et miroitants que la serveuse releva gentiment vers lui l’empêchèrent de signer quoi que ce soit à l’instant-même où ils rencontrèrent les siens.
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Silent Memories.
FanfictionLa dispute venait d’éclater de nouveau ; le sujet n’était pas différent, il était seulement abordé avec plus de violence : Louis criait méchamment, même s’il savait qu’Harry ne l’entendrait pas. C’était juste plus fort que lui, il ne pouvait pas re...