« Quand on cherche des excuses, on a déjà péché dans son cœur. »
- Jean Giono.***
Lorsqu'Harry se réveilla le lendemain matin sur les coups de six heures et demie, son dos douloureux lui rappela avec un certain plaisir sadique qu'il avait dormit sur le canapé : les ressors usés et saillants légèrement à travers l'assise pourtant rembourrée lui avaient martelé la peau toute la nuit.
Il n'avait pu se résoudre à y laisser dormir sa mère et lui avait donc proposé son « propre » lit ; ou du moins, celui qu'il occupait depuis l'accident.
Elle avait pleuré pendant plusieurs heures la veille au soir, inondant la chemise de son fils jusqu'à la rendre complètement inutilisable, les couleurs gorgeant sur la peau blême du jeune anglais. Pas un seul mot de plus n'avait passé le seuil de ses lèvres depuis l'annonce cuisante qu'elle avait fait et elle s'était contentée de se transformer en boule de nerf, une nouvelle crise de sanglot la frappant à chaque fois qu'Harry bougeait légèrement, ayant probablement peur qu'il se dérobe lui aussi.
Quoi qu'il en soit, son réveil venait de vibrer sur la table basse, le tirant du sommeil avec plus de vigueur que d'habitude tant les vibrations étaient amplifiées à cause du verre dont elle était constituée.
Le bouclé grommela quelque chose d'incompréhensible, envisageant grandement la possibilité de sécher les cours aujourd'hui, avant de se souvenir qu'il n'y avait déjà pas été la veille, et que, de plus, sa mère était toujours ici.
Et dieu seul savait qu'il n'avait pas envie de la croiser ; il ne s'était toujours pas remit de son intrusion, pas plus que de l'élan de tendresse qu'elle avait eut en se jetant dans ses bras comme si c'était la chose la plus normale du monde.
Se redressant donc en s'étirant, il passa une main dans ses boucles brunes, les rejetant en arrière en se mordant les lèvres, fixant le vide pendant quelques secondes avant de finir par se lever.
Il s'attendait à trouver la cuisine vide vu l'heure matinale qu'il était, et pourtant, la lumière était déjà enclenchée et les rideaux tirés.
Louis dormait toujours sous ses couvertures dans la chambre au lit rond, mais sa mère ouvrait frénétiquement tous les placards, un pli se formant doucement sur son front au fur et à mesure de sa recherche visiblement infructueuse. Elle tourna la tête à l'entrée de son fils et sans même lui adresser un quelconque signe de politesse, elle entama en signant :
_Vous n'avez pas de grille-pain ?
_Bonjour à toi aussi.
_Bonjour Harold.
_Harry me va aussi.
_Si j'avais voulu t'appeler comme ça, je t'aurais donné ce prénom à la naissance.
Le bouclé soupira et haussa les épaules.
_Louis l'a brulé hier, tu arrives avec un jour de retard.
_Oh.
Elle n'ajouta rien et ne commenta pas non plus son comportement de la veille. Elle était déjà coiffée et avait renfilé ses vêtements ; la seule différence notoire aujourd'hui étant qu'elle ne portait aucun maquillage car elle était arrivée sans rien d'autre que ses larmes et son désarroi.
Harry contourna l'îlot central pour se préparer une tasse de thé et lui tourna le dos, ne voulant pas s'éterniser sur une conversation qui était de toute évidence vouée à l'échec.*
Louis arriva dans la pièce une quinzaine de minute plus tard, les yeux encore fatigués et un bâillement sur le bout des lèvres avant de s'immobiliser, remarquant l'unique personne qui s'y trouvait. Il hésita alors longuement à entrer.
Seulement avant qu'il n'ait eu le temps de tourner les talons, Anne avait relevé les yeux de son café et lui lançait un rapide sourire forcé.
_Bonjour, la salua-t-il aussi poliment qu'il le pouvait en passant finalement le battant.
Il s'assit en face d'elle et baissa les yeux sur la tasse de chocolat chaud déjà préparée devant lui.
_Harry est parti dans la salle de bain et à préparé ça alors qu'il a déjà bu un thé, j'imagine que c'est pour toi, se sentit-elle obligée de préciser en voyant son air étonné.
_Ah. D'accord.
Il s'empara du mug avant de relever de nouveau le regard sur la femme en face de lui, qui agitait sa cuillère de manière absente. Il ne fit aucun commentaire sur la soirée étrange qui s'était écoulée et de toute façon, il ne pensait pas qu'il était en droit de lui faire des reproches, quand bien même il aurait eu toutes les raisons de le faire.
Il n'arrivait pas à s'enlever de la tête qu'elle était là uniquement parce qu'elle avait besoin d'un toit sur la tête, et, compte tenu que personne d'autre ne pouvait l'héberger, avait décidé, en dernier recours, de venir ici.
Elle n'avait demandé aucunes nouvelles d'Harry, ne lui avait pas sourit une seule fois ; elle s'était juste contentée de réclamer l'attention et la tendresse qu'elle ne lui avait elle-même jamais donné.
VOUS LISEZ
Silent Memories.
FanfictionLa dispute venait d’éclater de nouveau ; le sujet n’était pas différent, il était seulement abordé avec plus de violence : Louis criait méchamment, même s’il savait qu’Harry ne l’entendrait pas. C’était juste plus fort que lui, il ne pouvait pas re...