Bonjour ami lecteur, petite note avant de commencer ce chapitre : dans le chapitre 5 (sur Parvati), j'ai parlé de Cho Chang qui aurait rejoint elle aussi les rangs de l'AD à l'appel de Ginny. C'était une erreur de ma part, puisque dans les romans, Cho a un an de plus qu'Harry, par conséquent, elle devrait déjà avoir terminé sa scolarité à Poudlard. Mais bon, puisque je n'ai pas envie de bouleverser mon chapitre, nous allons donc partir du principe que je prends la version des films, où Cho et Harry ont le même âge, et où Cho est donc en 7e année ^^
Vous l'aurez compris, ce chapitre portera sur Cho Chang.
Bonne lecture ! (Pour ceux qui n'ont pas lu Zodiaque, le chapitre concernant Cho était le chapitre 2).
XXX
Poudlard a tellement changé. Je revois encore la Grande Salle, illuminée de milliers de chandelles, sous le regard bienveillant d'Albus Dumbledore contemplant l'œuvre de sa vie. Je revois encore les magnifiques sculptures de glace disposées là pour le Bal de Noël lors du Tournoi des Sorciers, et les sourires sur les visages des jeunes filles, les perles, les bijoux, les tissus somptueux, les garçons de notre adolescence, transformés par la solennité de leur tenue et de l'évènement...
La vie me semblait si belle à l'époque. Je me souviens qu'il me suffisait d'un rien pour sourire, et ce sourire m'attirait la sympathie, naturellement. Je ne suis pas de ces jeunes filles spécialement extraverties. Je n'ai jamais rien fait pour être populaire, mais mes parents m'ont toujours qualifiée ainsi : « Tu es un Soleil, Cho. Le monde tourne autour de toi et les gens t'aiment. Tu es douce, et belle : ça fait mal rien que de te regarder. »
Aujourd'hui je mesure à quel point tout cela, c'était des sottises. L'amour d'une apparence, voire même d'une aura, ne vous apporte pas la connaissance de l'autre, encore moins son amitié. J'ai vu la valeur de ces amitiés lorsque Cédric est mort. Lorsque j'ai soutenue Marietta par compassion pour elle. L'année dernière, je me noyais de solitude, je m'apitoyais sur moi-même... J'aurais bien sauté de la Tour d'astronomie si cela avait pu ramener les regards sur moi, une dernière fois...
Péché d'orgueil. Péché de petite fille. Heureusement, ma route a croisé celle de Luna juste à temps, et Luna m'a sauvée...
Je n'ai jamais vraiment reparlé à Luna de cette fameuse nuit où, à la faveur d'une étreinte, d'un baiser, d'un peu plus que cela... Elle m'a fait entrevoir tout ce à quoi je renonçais. Tout ce que j'avais refusé de voir depuis le deuil de Cédric. Tout ce que je pourrais être, et devenir. Parfois encore, certaines nuits, je fantasme sur ce petit fragment d'étrange et d'interdit auquel elle m'a initiée... Luna, ton monde n'appartient décidément qu'à toi seule. Ce serait une illusion de vouloir en faire partie, mais, pour te remercier, cela fait un an que je m'emploie à être ton amie.
Rien de plus que cela. Je sais que tu ne voudrais pas de moi de cette façon-là, et moi non plus. Cette fameuse nuit en haut de la Tour, tu as fait la seule chose susceptible de me ramener à la vie, à moi-même. C'était un instant de vérité si parfait qu'il ne pouvait advenir qu'une seule fois. Depuis, je me suis efforcée de me reconstruire, et tes sourires, tes regards distraits m'y ont aidée.
C'est étrange. La sensation de se renforcer, de se consolider soi-même, alors que partout autour de moi, le monde s'effondre. Poudlard a sombré dans les ténèbres et la peur : j'ignore comment j'aurais survécu à cette année si j'étais restée là à me morfondre... J'éprouve presque de la culpabilité à me sentir de mieux en mieux chaque jour, tandis que là-bas dehors, des gens souffrent et meurent...
J'ai repris le contrôle de ma vie. J'ai réappris à sourire, à endurer les mauvais jours et à savourer la lumière lorsqu'elle se présente... Les vieux amis d'autrefois sont revenus, tels des papillons attirés par la flamme, et je les ai accueillis à bras ouverts, même si je sais que cette fois, je ne leur accorderai plus jamais l'importance qu'ils avaient dans mon cœur, plus jamais.
J'ai décidé de me servir de cette attraction solaire dont je suis censée disposer. Lorsque Ginny Weasley a appelé tous les anciens à reformer l'AD, j'ai répondu présente. Tous mes amis ont suivi le mouvement, y compris Marietta, et même si pour certains, ce n'était qu'un effet de mode, je sais que cela constituera malgré tous des bras en plus pour notre petite Rébellion...
Ça ne représente sans doute pas grand-chose face aux adultes qui se battent là dehors. Mais j'ai la satisfaction de ne plus être passive. De ne plus être spectatrice de ma propre vie.
Bien sûr, Ginny Weasley n'a pas été ravie de me voir débarquer dans la Salle sur Demande, mais... Même cela, c'était une satisfaction. Un plaisir un peu pervers tel que je ne m'en étais jamais accordée.
Je sais que tu sors avec Harry, Ginny, qu'est-ce que tu crois. Je sais qu'il t'a laissée tomber pour partir courir le monde à la recherche de Dieu sait quoi. Poursuivre seul le plan de Dumbledore, affronter le Seigneur des Ténèbres en personne, combattre cette guerre, tout seul...
Qu'est-ce que tu crois, sale petite garce aux cheveux roux ? Tu penses être la seule à t'inquiéter pour lui toutes les nuits ? Tu penses être la seule à le comprendre, à le connaitre, à savoir ce qu'il doit endurer et à prier pour qu'il lui revienne sain et sauf ?
Tu n'es qu'un choix de seconde main, Ginny Weasley. Un lot de consolation, un prix de circonstance. Tu ne dois ta chance que parce que tu es la sœur de son meilleur ami. La fille la plus proche qu'il avait sous la main, et qui ne soit pas Granger. La fille qui s'est tapée la moitié de l'école...
Je n'ai jamais compris la fascination qu'avaient les garçons pour toi, petite Ginny. Tu es vulgaire. Tu as beau te donner des airs d'impératrice depuis cette nouvelle année, moi je vois clair dans ton jeu : je me rappelle les mains baladeuses de tous ces garçons, les baisers surpris dans les recoins de couloirs, les mille et une rumeurs qui ont couru sur toi, sur Dean et sur tous les autres, toutes plus scandaleuses les unes que les autres...
Ça m'étonne que tu ne sois pas déjà tombée en cloque. Combien d'avortements à ton actif, petite Ginny ? Combien de MST éliminées discrètement dans l'Allée des Embrumes ? Quand je pense qu'Harry t'a touchée, cela me dégoûte, et j'espère pour lui qu'il a fait attention...
Je te regarde, et je vois la haine que tu me portes toi aussi. Mais c'est pire que de la haine : dans tes yeux, il y a une dose d'indifférence, parce que tu ne te sens pas menacée par moi, parce que je ne compte pas. Eh bien, détrompe-toi. Je suis loin d'avoir dit mon dernier mot. Cho Chang est de retour, la Cho dont Harry est tombée amoureux, la Cho qu'il a aimée, cette fameuse année du Tournoi des Trois Sorciers : souriante, joyeuse et forte...
Pour Harry, j'ai été sa première. Son premier amour, son premier baiser, sa première femme dans son lit. Tu ne pourras jamais remplacer ça dans son cœur : je t'ai précédée partout, quoi que tu fasses. Et quand je te regarde aujourd'hui, moi, tout ce que je vois, c'est le mot « ordure » écrit sur ton front. Harry ne se contentera jamais d'une traînée comme toi. J'ai la présence que tu n'auras jamais. La beauté, la grâce. Tente d'impressionner tant que tu voudras, mais tes airs hautains ne tromperont pas ton monde indéfiniment. Ça me fait du bien de te haïr. Cela me renforce. Je laisse derrière moi la petite fille en pleurs, pour redevenir la femme, la princesse en haut de la Tour...
Attends un peu, petite Ginny. Je ne compte pas rester assise là à pleurer et attendre cette fois-ci. Moi aussi, je vais me battre. Moi aussi, je serai parfaite pour lui. Je sais qu'il me reviendra.
La seule guerre qui compte, pour moi, c'est celle-là.

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Les Jeux du Sort
FanfictionTarot divinatoire : 22 cartes, 22 destins, 22 personnages. Une réécriture du tome 7 au prisme de la guerre, de la beauté, des triomphes et de la mort, de la fatalité... et de l'amour, peut-être ? (Suite de "Zodiaque").