L'Etoile

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Le professeur Trelawney m'a toujours affirmé que j'avais une bonne étoile. Dans les circonstances actuelles, cependant, je dois avouer que j'ai du mal à la voir. Les étoiles semblent toutes nous avoir abandonnés : le ciel est déserté au-dessus de nous, et si je devais contempler l'avenir, je ne verrais qu'un horizon noir. Qu'y a-t-il de pire : le noir ou le vide ? Sans doute vont-ils ensemble, et cela hante mes cauchemars...

J'entame ma septième et dernière année à Poudlard. Dire que la vie a repris son cours dans l'école me semble bien étrange. La vie a repris, oui, mais pour combien de temps ? Elle ne ressemble à rien de ce que nous avons connu. C'est le professeur Rogue qui fait la loi désormais. Les Mangemorts sont lâchés dans l'école, libres de punir et de torturer qui bon leur semble. Le professeur McGonagall tente tant bien que mal de garder tout le monde à flot, de protéger les plus faibles, mais... Il règne dans l'air comme une hystérie collective. Elle est là, juste sous la surface, elle attend.

Le professeur Trelawney m'a toujours dit que j'étais particulièrement sensible à ce genre de choses. Je ressens les ondes négatives qui agitent notre monde, et je le sens basculer, approcher du précipice, inexorablement... Nous sommes tous les passagers d'un navire qui ne tardera pas à se fracasser. Amis, ennemis... Une seule destination : notre affrontement tout proche. Tous n'en sortiront pas indemnes. Quel camp émergera de l'autre côté ?

Assise à la table des Gryffondors, je regarde mes amis, agités des mêmes pensées. Neville Londubat ne lâche plus Luna Lovegood d'une semelle, même s'ils ne sont pas dans la même maison. Celle-ci n'a pas l'air de s'en plaindre. Parfois, elle semble ne même pas le remarquer. Avec eux – le trio d'argent, comme je me plais à les surnommer – Ginny Weasley rayonne d'un éclat animal. Elle est toujours aussi belle que l'année dernière, d'une beauté scandaleuse, interdite : j'ai presque mal de la regarder. Quelque chose a changé en elle, pourtant. L'année dernière, Ginny était triste. Aujourd'hui, elle a l'allure d'une reine. Il y a comme une volonté effroyable dans son regard, qui me pousse à la respecter et à la craindre.

Ginny a tenté de raviver l'AD dès son arrivée à Poudlard, avec plus ou moins de succès. Tous n'ont pas répondu présent à l'appel, mais je suis fière de dire que je l'ai fait. Je ne suis pas naïve : je ne pense pas que nous pourrons venir à bout de cette guerre par nous-mêmes, avec nos moyens d'adolescents, entre deux salles de classe. Mais cela fait du bien de faire quelque chose. De frôler un tout petit peu le risque, tout en se donnant bonne conscience...

Dean et Seamus ont aussi répondu présent. Dean avec son air déterminé qui m'a toujours légèrement fait frissonner. Qui a l'air de faire frissonner Ginny... Et Seamus, dans l'ombre de Dean, fidèle au poste... Je me sens un peu pareil, je crois, vis-à-vis de Lavande...

Lavande. Mon amie de toujours se tient à côté de moi, arrangeant ses cheveux d'une manière encore différente, comme elle le fait chaque jour. C'est une sorte de défi qu'elle s'est donnée à elle-même, à la vie : ne pas laisser la guerre l'empêcher d'être jolie... A mes yeux, elle sera toujours jolie, quoi qu'elle fasse. Ce n'est pas un hasard si je reste dans le sillage de Lavande depuis si longtemps. Moi, Parvati Patil, tombée sous le charme d'une petite blonde de onze ans le soir de sa répartition, au point d'abandonner sa sœur jumelle à Serdaigle pour rejoindre les Gryffondors... Chaque jour, je regarde Lavande, et je ne regrette pas mon choix une seconde.

Lavande s'est épanouie depuis sa rupture avec Ron Weasley. Je n'ai rien contre Ron, mais j'avoue ne jamais avoir compris l'obsession qui a saisi Lavande pour lui durant notre sixième année... Je ne me suis pas sentie jalouse, parce que j'ai tout de suite su que cela ne marcherait jamais. Mais à présent, Lavande papillonne de lit en lit, joyeuse, libre et jamais vulgaire, comme un papillon. Elle assume clairement sa sexualité, et cela se voit. A mes yeux, cela la rend encore plus jolie, et c'est une torture.

Les Jeux du SortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant