Deux jours que je moisis dans cette cave. Deux jours sans rien à boire, à manger, sans voir la lumière du Soleil ou même la chaleur d'une flamme...
J'aurais dû savoir qu'il ne fallait pas m'associer à ces imbéciles. Ted Tonks, et cet abruti de Dirk Creswell... Un vieillard et un lèche-cul. Tout juste bons à cirer les pompes de qui voudra bien leur donner de l'attention. De l'attention, ils en ont eu, ça c'est sûr...
Ils fertilisent les chrysanthèmes à l'heure qu'il est. Gornuk aussi. « L'endroit est sûr », qu'il disait ce salopard de gobelin. « L'endroit est sûr ! ». Sûr, ça, il l'était... Sûr pour les Rafleurs en quête de proies bien juteuses. J'ai eu beau leur répéter cent fois que je nous sentais observés, ils n'ont pas écouté. Et le lendemain, ces chiens nous tombaient dessus...
A part moi, seul Gripsec s'en est sorti. Je l'aime bien ce Gobelin. Bien sûr, nous éprouvons l'un envers l'autre le mépris mutuel que se vouent Gobelins et sorciers depuis des siècles. Mais cela ne me dérange pas. Le mépris est un sentiment qui me plait. Je crois que j'aurais aimé naître Gobelin : il y a chez Gripsec une forme de cruauté tout au fond du regard, un petit noyau dur et froid, qui brille sans se dissimuler... Peut-être que si j'étais né Gobelin, je n'aurais pas eu à cacher ce que je suis. Mais alors, où aurait été le plaisir, pas vrai ? Se dissimuler fait partie du jeu. Les voir tous évoluer autour de moi dans l'ignorance parfaite, les voir me sourire et m'apprécier, se laisser séduire, jusqu'à ce qu'ils s'approchent suffisamment près pour me voir, me voir vraiment... Alors, rien ne peut plus les sauver...
Ginny en savait quelque chose. Je regrette de n'avoir pas pu rester à Poudlard, histoire de le lui rappeler tous les jours... Oui, cela m'aurait plu de déambuler dans les couloirs, moi Dean Thomas que tout le monde apprécie, souriant et charmeur, le cœur meurtri depuis que cette cruelle petite garce de Ginny s'en est allée courir d'autres lits, un lit plus prestigieux...
Du moins, c'est ce qu'ils ont tous pensé, à Poudlard. Pauvre Dean. Etait-ce vraiment sa faute s'il était tombé sous le charme de Ginny l'Ensorcelleuse, s'il avait cru la changer ? Mais on ne change pas une putain, pas vrai ?
Je souris pour moi-même. Me remémorer ces quelques mois avec Ginny, ce sont mes seuls instants de chaleur au milieu de cette fuite exaspérante qu'est devenue ma vie. Je n'accorde aucune importance à la pureté du sang : c'est peut-être la seule différence entre les Mangemorts et moi... Et le fait que je suis mon propre maître, bien sûr. Tout cela pour dire que cela me contrarie d'avoir dû abandonner tous mes jouets préférés à Poudlard pour devoir battre la campagne avec un vieillard, un imbécile et deux Gobelins, tout cela parce que je n'ai pas la preuve d'être un Sang-Mêlé. Alors, dans mes rares instants d'intimité, oui, je repense à toi, ma belle Ginny... La façon dont tu te jetais soumise à mes pieds comme la petite chienne que tu étais. La façon dont tu me laissais te faire absolument tout ce que je voulais, peu importe l'humiliation, la douleur ou l'outrage : parce que tu pensais le mériter... Parce que ton petit Elu et toi, vous n'arriviez pas à baiser... Parce que cette guerre vous avait retourné l'esprit, et que j'étais là pour en profiter...
Je n'en ai rien à foutre de cette guerre. Si les Rafleurs n'en avaient pas après ma peau, je leur aurais souhaité bon vent et j'aurais passé mon chemin. Mais me voilà contraint de fuir, moi, Dean Thomas... Prisonnier désormais du Manoir de Lucius Malefoy. Si ça ce n'est pas une vaste blague...
Je n'ai jamais eu l'occasion de voir Lucius de près, mais du peu que j'en ai vu, son fils tient bien de lui. J'ai toujours trouvé que Drago Malefoy était une vraie loque. A se pavaner dans les couloirs comme un paon, toujours prêt à invoquer son père si les choses tournaient mal... Que croyait-il, que le nom de Lucius Malefoy était une sorte de sortilège secret qui le protègerait de tout ? Que grâce à Lucius Malefoy, tous ses ennuis ne deviendraient plus qu'un mauvais rêve ?

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Les Jeux du Sort
FanfictionTarot divinatoire : 22 cartes, 22 destins, 22 personnages. Une réécriture du tome 7 au prisme de la guerre, de la beauté, des triomphes et de la mort, de la fatalité... et de l'amour, peut-être ? (Suite de "Zodiaque").