L'Amoureux

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Je dédie ce chapitre à KIEFER-Pauline, qui dans le cadre de mes nouvelles de Noël 2017, m'a demandé un OS sur l'enfance de Rogue, son amour pour Lily et tout ce qui le rend attachant. Je pense que ce texte s'éloigne un peu de ce que tu avais en tête, mais qu'il pourrait coller malgré tout, alors j'espère qu'il te plaira =)

Bisous ! 

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Il fait sombre, dans La Cabane Hurlante. La clameur des combats a cessé depuis quelques minutes. Une sorte d'accalmie, de répit, avant l'ultime chute... Le silence semble presque surnaturel tandis que le Seigneur des Ténèbres me révèle son intention de me tuer.

Ça devrait me surprendre, et pourtant, je ne le suis pas. Je joue avec le feu depuis trop longtemps. Deux visages, deux masques... Deux incarnations de moi-même qui ne sont pourtant pas moi. J'ai tenu mon rôle aussi longtemps que je l'ai pu, pour Dumbledore, pour Lily, pour son fils... Mais la fin qui m'attend aujourd'hui semble somme toute logique.

Je dévisage Voldemort, je vois le Mal absolu au fond de ses yeux, et mon esprit s'évade, refusant qu'il soit la dernière image que je verrai en ce monde...

C'est son serpent qui se charge du travail. Cette immonde bestiole, qui transperce ma chair et mes os pour y répandre son venin. Mon maître aurait pu s'en occuper lui-même, vite et proprement, mais non. Il invoque ses scrupules, lui qui croit éliminer un serviteur loyal, mais je sais en réalité qu'il se délecte de ma propre souffrance, de ma mort et de mon sang, exactement comme le fait son serpent.

Il se retire dans un souffle, pour me laisser mourir là, seul et haï de tous, sans savoir si mon sacrifice aura eu un sens ou non...

C'est alors que j'aperçois le frémissement, dans un coin de la pièce. Une cape d'invisibilité que l'on retire, et qui révèle celui que je n'aurais jamais espéré voir dans mes derniers instants, celui qui aura tout signifié pour moi, absolument tout...

Potter s'agenouille auprès de moi. Je le regarde, et mon cœur se brise. Je tends la main pour effleurer son visage...

Qu'est-il advenu de toi ? Pendant toutes ces années, dans le secret de mon cœur, je t'ai aimé, j'ai aimé le souvenir que tu portais dans ton regard, tout ce que tu incarnais pour moi... Tu as été mon garde-fou, la seule chose qui m'encourageait à demeurer sain d'esprit et à continuer lorsque je me trahissais encore et encore... Tu étais le seul vestige de la seule femme que j'aie jamais aimée sur cette Terre. Aujourd'hui, au seuil de ma propre fin, tu me forces à contempler sa mort encore une fois...

Tu es mort, Potter. Je le vois dans tes yeux. Tu es mort, tu as renoncé, tu as laissé s'éteindre dans tes yeux cette flamme que j'ai tellement chérie, caressée, aimée ! Tu n'as pas le droit de faire ça ! Je t'en supplie, peu importe les plans que nourrissaient Dumbledore pour toi, peu importe l'issue de cette guerre : tu dois vivre ! Il n'y a que cela qui compte ! Toute ma vie, je me serai battu uniquement pour que ces yeux survivent...

Je ne peux pas te laisser tuer Lily encore une fois juste devant moi. Je ne peux pas quitter cette Terre en sachant que tu as renoncé et que nous avons échoué... Je t'en prie, Potter...

Je ferme les yeux, et, l'un après l'autre, je convoque les souvenirs en moi. Ils s'écoulent comme des larmes sur mon visage ravagé. Cette première rencontre au hasard d'un été, ces confidences, ces jeux, et déjà ces yeux verts qui venaient de sceller mon destin, corps et âme... Et puis Poudlard. La distance, inexorable, creusée entre Lily et moi. Toutes les incompréhensions et les maladresses qui auraient pu être évitées. Toutes ces choses que je n'ai pas dites, ou celles, au contraire, que je n'aurais pas dû dire... James Potter. Ce visage haï, dans lequel viendrait se ficher, des années plus tard, les yeux verts de Lily...

Mon sang et mes larmes se mêlent : la douleur est la même, encore aujourd'hui. Je revois la mort de Lily. Je suis mort un peu plus chaque jour, depuis cet instant... Aujourd'hui n'est que la conclusion logique d'un amour que je n'aurai jamais vécu, d'une vie emprisonnée par mes regrets, mes passions, mes masques. Je ne suis pas celui que tu croyais, Potter. Je t'ai aimé. Je t'ai sacrifié tout ce que je possédais, et même davantage. Aujourd'hui, je t'en supplie... Prends mes larmes. Prends ma vie, prends tout ce que je suis. Ressens ce que j'ai éprouvé pour ta mère et pour ce regard qu'elle t'a légué. Si tu n'as plus la force de te battre pour toi-même, prends la mienne. Sauve-la comme je n'ai pas su le faire...

Je meurs en contemplant ton regard, une toute dernière fois. Son regard. Je t'en prie, Potter...

Rends-lui espoir. 

Les Jeux du SortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant