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Cette semaine est passée à une allure folle. Entre les devoirs de mon petit frère, les visites à l'hôpital que j'ai pris soin d'écourter pour ne plus retomber "par hasard" sur Jaden, et les deux hommes à la maison et leur foutoir, sans oublier mon nouveau boulot, je n'ai qu'une envie : pouvoir enfin souffler.

Après avoir déposé mon frère chez ma grand-mère, Hylan, Max et moi on se rend à notre Qg habituel: le bar "Basix".

Pour faire court: je sors avec Hylan depuis cinq ans. Âgé de 26 ans, il est psychologue du travail dans une grande entreprise à Édimbourg.
Son frère Max a mon âge, et il est l'exact opposé d'Hylan: il enchaine les missions intérims dans une philosophie de vie contraire à celle de son frère : Bosser - gagner de l'argent - et le dépenser.

Hylan est grand à la peau mate, toujours propre sur lui, alors que son frère a un look plus casual et surtout des cheveux blonds décolorés.

On boit tranquillement nos bières dans le bar, et on rigole aux blagues de Max.
Puis je sors de table pour aller aux toilettes, ou peut-être au bar je ne sais plus, et je tombe (encore) sur l'auto-stoppeur.

—Léna !

Son enthousiasme me surprendra toujours.

—Salut.

—Qu'est-ce que tu fous là ?

Il semble plus sobre que moi.

—La même chose que toi, je réponds en me dirigeant au bar.

Bien évidemment il m'accompagne, et commande aussi une bière.

Sa présence me rappelle à chaque fois l'oubli de mon petit frère au bord de la route avec une inconnue. Et ça m'énerve. Du coup, moins je le vois, mieux je me porte.

—Je suis avec des collègues, tu viens avec nous ? me propose-t-il.

—J'aime pas les gens.

Il éclate de rire.

—C'est la meilleure celle-là ! Une psy qui n'aime pas les gens !

J'agrippe ma bière en serrant les dents, bien décidée à le fuir.
Mais il me rattrape par le coude, et me fait  pivoter vers lui.

À ce moment-là, je suis obligé de le regarder pour lui lancer des éclairs.
Ses yeux sont de nouveau noisettes.

—T'es sérieuse ?

Silencieuse, je me contente de le reluquer de haut en bas. Un jean et une chemise noire. Pas mal.

—Viens, je déclare, on va plutôt s'installer tous les deux à une table.

Ses yeux s'élargissent face à ma proposition.
Il bafouille un "Ok..." surpris.

On va s'asseoir au fond de la salle, à ma table préférée.
Les coudes posés sur la table, je sirote ma bière en silence pour le déstabiliser.

—T'es venue avec tes copines ? demande-t-il.

—Non.

—T'es seule ?

—Non plus.

Il esquisse (encore) un sourire.

—Avec ton mec ?

—Peut-être.

Cette fois c'est lui qui boit en silence, plongé dans ses pensées.

Mon automatisme professionnel prend alors le dessus, et j'observe sa posture. Il se tient bien droit sur sa chaise et me fixe de manière déterminée.
Il semble sain d'esprit.

—Ça fait longtemps que t'es avec lui ? reprend-il d'un ton posé.

—Rien de sérieux.

—C'est à dire ?

Agacée par ses questions, je ramène la bière à mes lèvres, avant de répondre d'une voix froide :

—Je suis un électron libre.

Il pose sa bouteille sur la table, en même temps que ses coudes, pour se pencher vers moi.

—Tiens donc ! Et ça veut dire quoi ?

Ses yeux pétillent de malice, son visage arbore un sourire au coin.

D'un regard espiègle, je prend sa main et on se lève de table. On traverse un long couloir, avant de tourner à gauche.

Une fois devant la porte en bois, je sors la clé de mon soutien-gorge, je la déverrouille, puis j'entraîne Jaden à l'intérieur.
Je ferme la porte à clé, allume la lumière, avant de faire glisser ma robe noire sur le sol.

Je ne prête pas attention à son regard, trop d'alcool coulant dans mes veines, mais je suis sûre de prononcer :

—Je suis à toi pendant une heure. C'est à prendre ou à laisser.

Troublé, il me fixe pendant de longues secondes.

—Ma proposition expire dans 3...2...

Il s'avance alors vers moi, ce qui me fait sourire.
Mes paupières se ferment, mais une main chaude se dépose sur ma joue et me trouble.

—Léna...Ouvre les yeux...

Je les plisse d'un air méfiant.
Son pouce caresse doucement ma joue, ce qui accentue mon trouble.

—Pourquoi tu fais ça ? murmure-t-il.

—...

Ses yeux noisettes s'insèrent dans les miens avec une puissance monstrueuse.

—Réponds-moi s'il te plaît...

Je déglutis plusieurs fois, avant de rétorquer :

—J'ai besoin de me sentir en vie.

Il pousse un long soupir, avant de poser son front contre le mien.

—C'est à cause de ta mère ?

D'un geste brusque je pousse sa main. Je remets ma robe, et sort de la pièce d'un pas agacé.

—Attends ! s'écrie-t-il.

J'accours, ou plutôt titube jusqu'à Hylan, et une fois à sa hauteur je m'empresse de m'asseoir sur ses genoux pour me blottir dans ses bras.

—Ma puce, ça va ?

—Oui, je suis crevée.

—Tu veux rentrer ?

J'acquiesce de la tête.

—Excusez-moi...

Et merde.

J'enfouis mon visage encore plus profondément au creux du cou d'Hylan.
Son odeur me fait du bien.

—Je me présente, je suis Jaden, un ami de Léna.

—Ma puce ? s'étonne Hylan. Tu le connais ?

—Non !

—Je crois que tu te trompe, mec. Va voir ailleurs.

C'est ce que j'adore chez Hylan: son assurance qui me comble d'un sentiment de protection.

—Ok, rétorque froidement le parasite. Désolé et bonne soirée.

Je savais très bien gérer la vie des autres, j'avais même eu un 17 au mémoire, alors que ma vie à cette époque-là se résumait à un énorme chaos.

<.>

Quitte moi si tu peux  [Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant