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Max était à moitié inconscient, je ressort à moitié éteinte.
Encore ce fichu hôpital, à quelques jours d'intervalle, qui me prend toutes les personnes qui me sont chères.
J'ignore comment je parviens jusqu'au hall, sûrement avec mon ombre.

—Comment il va ? demande Jad.

—Je crois qu'il ne m'a même pas reconnue, je souffle la voix saturée de larmes.

Il me prend dans ses bras en me serrant fort contre lui.

—Sa blessure n'est que superficielle, ne t'inquiètes pas. Ils l'ont bourré de morphine pour qu'il n'ai pas mal. Et tu verras il ira beaucoup mieux demain.

J'acquiesce face à sa voix chaude et rassurante, avant qu'on sorte de l'hôpital pour monter dans sa voiture.

Le trajet est silencieux. Seule la radio met un peu de légèreté dans mon cœur.
Jad serre plusieurs fois ma main en me lançant des regards inquiets.
Une fois arrivés chez lui, je vais m'enfermer dans la salle de bain pour prendre une bonne douche bien chaude.

De retour dans sa chambre, j'ouvre son placard pour y trouver un sweat noir ainsi qu'un jogging gris foncé super large. C'est à ce moment-là que je reçois un message d'Hylan.

"T'es où ?"

"Chez mes grands-parents."

Je fais exprès de lui mentir.
Ni lui ni son frère n'ont jamais osé mettre un pied chez eux, car mes grands-parents ne les aiment pas.
Ils répètent sans cesse que les frères Henderson ont une mauvaise influence sur moi. Et quelque part au fond de moi, je sais qu'ils ont raison.
Quoiqu'il en soit, mon subterfuge fonctionne. Plus aucun texto.

Quand je rejoins Jaden dans le salon, un plat de pâtes au gruyère m'attend sur la table, avec une bouteille d'eau plate.

—T'aurais pas du vin, ou quelque chose de plus fort ? J'ai vraiment besoin de décompresser ce soir.

Avec un sourire aux lèvres, il prend place en face de moi et commence à manger.

—Pas d'alcool, Moon. Toi et moi on reste sobres ce soir.

Je fais la grimace, avant de me résoudre à grignoter.

—Alors, reprend-il, t'as pas répondu à ma question avant. T'es psy ou pas ?

Ma fourchette se fige à l'entrée de ma bouche.

—Tu veux que ça se termine comme avant ?

Un regard espiègle illumine son visage.
Il me fixe en silence, avant de se raviser.

—Je crois qu'on a eu nos quotas de sauces aujourd'hui.

Je l'observe en enfourchant des pâtes dans ma bouche.
Il n'a même pas eu le temps de se changer. Il a la même gueule deguelasse avec ses vêtements qui sentent mauvais.

Je termine mon assiette et l'envoi se doucher pendant que je m'en vais faire la vaisselle.
J'aime bien son studio. C'est petit mais chaleureux. Je ressens pleins d'ondes positives ici qui m'apaisent.

Trente minutes plus tard, Jad me rejoint sur le canapé en s'asseyant à l'autre bout, et on regarde un film français à la télé.
Sentant le sommeil m'envahir, je m'approche de lui pour aller me blottir dans ses bras.
Il garde une certaine distance que j'apprécie. La situation est assez compliquée comme ça.

Je repense à Max qui est seul à l'hôpital, et qui me tuerait s'il apprenait que je dors avec quelqu'un d'autre que lui.
Les images de lui étendu sur son lit d'hôpital à moitié inconscient me déchirent le coeur. Si seulement on n'avait pas autant bu ce soir-là...

***

Le lendemain matin à cinq heures, Jad me réveille en déposant un baiser sur mon front pour me prévenir qu'il va travailler.
Seule dans ce grand lit vide, impossible de me rendormir. Surtout en sachant l'horrible journée qui m'attend.

Quand il rentre vers 13h, je n'ai pas bougé de place.
Surpris de découvrir une loque dans son lit, il me sermonne :

—Lève-toi Léna. Tu ne vas pas passer ta journée au lit ?

—Non je vais enterrer ma mère.

Je me cache sous la couverture, mais le corps chaud de Jad se faufile à côté du mien.
Ses grands bras viennent m'encercler.

—Tu veux que je t'accompagne ?

—Je veux rester ici. J'y arriverai jamais.

—Moon, regarde-moi.

Je bloque la couverture, mais il la soulève avec force.
Son regard noisette plonge dans le mien et me fais frémir.

—Tu dois lui dire au revoir.

—Je dois mourir.

—Arrête tes conneries ! C'est elle qui est morte, pas toi !

—Où est la différence ?

Ses yeux me dévisagent avec intensité.
Mon cœur se trouble.

Comme s'ils étaient aimantés, nos visages se rapprochent lentement l'un vers l'autre. Lorsque ses lèvres se collent aux miennes, une étincelle fait pétiller mon coeur.
Je glisse mes mains dans ses mèches noires pour l'empêcher de mettre fin à ce baiser. J'ai besoin de ses baisers. J'ai besoin de sentir la tendresse de ses lèvres, son parfum, et son souffle qui rayonne en moi.

C'est plus fort que moi, je commence à retirer son pull pour sentir sa peau contre la mienne. Il se laisse faire, avant d'enlever le mien, en intensifiant ses baisers.
Le contact de nos deux torses nus pressés l'un contre l'autre est électrique. Surpuissant.
Les sensations qui le parcoure sont irréelles.
Je me sens revivre.

Ma main s'aventure sous son jean, mais elle est stoppée net.

—Non Moon, ne fais pas ça, souffle-t-il avec une terrible envie qu'il tente de maîtriser.

Mon regard se mêle au sien et l'implore :

—J'ai besoin de te sentir en moi, Jad. S'il te plaît...

Il écrase ses lèvres contre les miennes en m'envahissant de langoureux baisers. Cependant sa main maintient toujours fermement la mienne juste au-dessus de son pantalon.

Puis lentement il la relève pour la poser sur son torse. Je me laisse emporter par la fougue de ses baisers en gémissant sur ses lèvres.
Lorsqu'on parvient à se décoller de notre étreinte passionnelle, nos yeux ne se quittent plus.
Ils se contemplent en silence, dans un beau silence qui me fait presque oublier que je dois enterrer ma mère dans deux heures.
Il dépose un dernier baiser sur mes lèvres, se relève, et mon corps cri de ne plus le sentir auprès de moi.

Jad m'intime de m'habiller avec une voix toujours aussi tendre, et un quart d'heure plus tard on quitte son studio.

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Quitte moi si tu peux  [Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant