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Quand sa voiture éteint le contact devant chez moi, je me mets en mode "brouillard".
On convient que je lui enverrai un message pour qu'il vienne me chercher, puis tel un automate, je sors de la voiture pour pousser la porte d'entrée de la maison.

Je monte dans la chambre d'Hylan pour me changer, et une fois ma longue robe noire d'enterrement sur moi, je sors de la maison avec Hylan pour affronter la douleur.

Le brouillard s'est épaissi pour me noyer dans un chagrin terrible face à ce cercueil.

Hylan me serre fort dans ses bras sans rien dire, puis on rentre à la nuit tombée.

—Ma puce, on doit parler.

Ça fait une heure que je fixe la télé éteinte, prostrée en boule contre le canapé.
Hylan vient s'asseoir en face de moi, et me prend dans ses bras.

—Je suis désolé pour tout ça...Tu sais que j'aime mon frère, jamais je n'ai voulu lui faire du mal.

Je soupire.

—Je sais.

—Tu me pardonnes ?

Je relève les yeux vers lui.

—T'es allé voir Max ?

Il baisse les yeux en répondant non.

—Pourquoi t'as fait ça, Hylan ? C'est toi qui m'a quittée et qui m'a jeté dans ses bras !

—Je sais ! Je regrette tellement !

Son visage se décompose, avant qu'il éclate en sanglots.

Perdue dans mes ténèbres, mon cœur se brise de voir l'homme qui a partagé cinq ans de ma vie, s'effondrer dans mes bras.
Pourtant je ne pleure pas, je ferme les yeux pour effacer ces derniers jours.
Le puits est si profond que plus personne ne peut me sauver.

Ses lèvres s'abattent tout d'un coup sur les miennes, sa langue enfourche la mienne.
Je glisse instinctivement ma main dans son pantalon, je sais qu'il ne me repoussera pas.
Au contraire, il me déshabille avec ferveur comme s'il avait peur que je fasse marche arrière.
Quand il me pénètre, nos corps crient au désespoir en même temps.

On sait que ce sera la dernière fois.
On sait qu'il partira après ça.
On sait qu'il me laissera à son frère.

Notre étreinte est tendre et tourmentée à la fois. Aucune parole n'est échangée.
On laisse nos corps déverser leur détresse, sans réussir à jouir.

Quelques minutes plus tard, Hylan quitte la maison sans se retourner, et au claquement de la porte, je sais que lui et moi c'est fini.

***

Allongée sur le carrelage froid du salon, j'espère mourir frigorifiée.
La maison est si vide, si silencieuse, que je pourrais rejoindre ma mère dans quelques heures.

Ça fait plusieurs minutes que quelqu'un frappe à la porte, et je prie intérieurement pour que la mort m'emporte.
Mais apparemment ce n'est pas mon heure, car une voix terrifiée fait irruption dans la pièce, avant de me serrer très fort dans ses bras.

Quitte moi si tu peux  [Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant