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Le jour suivant se déroule dans le brouillard. Hylan est très présent pour me soutenir face au vrai cadavre de ma mère qui repose désormais à la morgue. Max comme à son habitude est resté en retrait.
Puis je dors une bonne partie du dimanche, avant de me réveiller d'une humeur défaitiste.

Je suis vouée au malheur, autant s'y faire.

Plus tard dans la soirée, Max et moi prenons la route pour récupérer mon petit frère chez mes grands-parents. Mais tout d'un coup il s'arrête sur le bas côté, à dix kilomètres environ de notre destination.
Lui qui ne s'est pas exprimé une seule fois depuis le décès de ma mère, je le fixe à moitié surprise qu'il choisisse ce moment pour le faire.

Une fois le moteur coupé, il tourne sa tête vers moi avec un visage grave.

—Je veux que tu quittes Hylan.

—...

—Je veux que tu sois qu'à moi.

—Max...

—Laisse-moi finir.

Son regard sombre s'imbrique dans le mien. Le voir si sérieux me déstabilise.

—Toi et moi ça fonctionne bien, et je veux plus maintenant.

Mon cœur sursaute.
Quelle mouche l'a piqué ?

Il recule son siège, avant de me tirer par la main pour me faire asseoir sur ses genoux.
Ses grands bras musclés s'enroulent autour de ma taille pour m'attirer plus vers lui.
Je contemple ce visage mate avec ses cheveux blonds décolorés, en essayant de comprendre où il veut en venir.

—Maintenant que ta mère n'est plus là, il est temps d'arrêter tes conneries. Hylan et toi, ça fait longtemps que c'est mort, alors que nous deux on arrive plus à se passer l'un de l'autre.

Il relève une mèche tombée sur mon visage, avant de poursuivre avec des yeux déterminés:

—Je veux que tu m'appartiennes, bébé. Je te veux qu'à moi.

Mon âme est vide.
Est-il conscient que je viens de perdre ma mère ?
Pourquoi veut-il s'engager avec moi maintenant ?
Il ne peut pas attendre que le brouillard qui vit dans ma tête, se dissipe ?

—T'as pas le choix, bébé.

—Quoi ?

—Si tu ne le quittes pas, c'est moi qui le ferais à ta place.

—Mais il sait déjà qu'on couche ensemble ! je lache au bord des larmes.

Sa grande main agrippe fermement mon menton pour le serrer.

—Et tu crois qu'il va aimer que je t'embrasse comme ça devant lui ?

Il écrase ses lèvres contre les miennes avec une force dominatrice.
Je suis si faible dans ses gros bras musclés. Mais c'est peut-être ce que j'aime chez lui: me sentir à sa merci.

—T'as deux jours pour le quitter.

—Pourquoi tu fais ça, Max ? demande ma petite voix tremblante.Tu sais très bien que je suis incapable de m'engager avec quelqu'un. On était d'accord tous les deux : du sexe et rien d'autre !

Alors que ses mains saisissent mes fesses, il me lance un regard assassin.

—Parce que tu t'es refusé à moi vendredi soir.

Les larmes me montent aux yeux. Pourquoi je me sens toujours si démunie face à lui ?

Ma tête se baisse, mais sa main en décide autrement en relevant mon menton.

—Et c'est la dernière fois que tu te refuses à moi. T'as compris ?

J'hoche la tête avec une boule au ventre.

Je sais que Max a un fort caractère.
Il ne faut pas le chercher.
La domination sexuelle qu'il exerce sur moi veut tout dire, et c'est ce qui me plaît en lui: sentir son emprise sur moi.
Mais m'engager dans une relation "normale" relève de la folie. Je perdrais instantanément ma liberté qui m'est si chère à mes yeux.

—Dis-moi que t'as compris, bébé.

Ses sourcils sont froncés, son regard déterminé.

—Laisse-moi d'abord enterrer ma mère, s'il te plaît...

Son regard noir s'imbrique dans le mien et me fait frissonner.
Il me fixe quelques instants en silence, avant de rétorquer :

—Écoute-moi bien. Ne me l'a fait pas à l'envers. Je veux être le seul à baiser ce putain de corps, et personne d'autre. Alors je vais te laisser jusqu'à l'enterrement de ta mère, mais après tu ne seras qu'à moi. T'as pigé ?

J'acquiesce de la tête en silence.

Je suis dans la merde.

Peut-être que si je m'offre suffisamment à lui, il oubliera sa proposition. Ou plutôt son ordre.

***

La dernière fois que j'ai déposé mon frère, notre mère était encore vivante.
Le revoir avec un grand sourire aux lèvres, heureux de me retrouver, m'anéanti.
Noah et moi sommes désormais des orphelins.

J'ai voulu lui crier que tout ça était de ma faute, que Jaden m'avait forcée à lui déverser ma haine, et qu'à cause de lui elle était morte.
Au lieu de ça, je le serre très fort dans mes bras en ravalant mes larmes. Je fais semblant que tout va bien, alors que je sombre une nouvelle fois dans un gouffre encore plus profond que les précédents.

Je suis lassée.

Cette nuit-là, je la passe avec Hylan, consciente qu'une page est en train de se tourner.
La mort de ma mère, et cette soudaine possessivité de Max envers moi, ont changé la donne.

***

Le lundi matin, je suis levée aux aurores, tourmentée par une montagne d'émotions contradictoires.
L'esprit d'un psy n'est pas beau à voir, je vous le dis.

Perdue dans mes ténèbres, je m'acharne à faire le ménage dans la maison, quelques rangements, nettoyer la vaisselle du weekend, avant de préparer le petit déjeuner.
Occuper son cerveau dépressif est le meilleur remède pour éviter de tomber dans la folie de la vie.

Des grands bras musclés viennent soudain m'enlacer par derrière, et la voix rauque de Max me fait sursauter.

—C'était ta dernière nuit avec Hylan.

Surpris, mon cœur se met à tambouriner comme un fou.

—T'as entendu, bébé ? répète-t-il froidement.

J'hoche la tête avec une nouvelle fois la gorge saturée de larmes.

Il me fait pivoter vers lui, et mes yeux s'attardent sur sa barbe de trois jours et sur son visage fermé.
Il ne rigolait pas hier soir.
Il veut vraiment son exclusivité avec moi.
Ses mains se baladent sous ma nuisette avec ardeur.

—T'es à moi bébé, murmure-t-il sur mes lèvres. Ne l'oublie pas.

Il bloque mon corps dans un coin de la cuisine, et lorsque ses bras m'enlèvent ma nuisette avec brutalité, je réalise que je suis dans un sacré pétrin.
Il ne prend même plus la peine de se cacher de son frère.
La semaine se présente mal.

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Quitte moi si tu peux  [Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant