Quitte moi si tu peux [Terminé ]

17

LÉNA

Le doux vrombissement de la voiture s'arrête et me réveille.
Encore engluée dans un semi-sommeil, j'essaye de deviner où on est. Mais c'est l'heure affichée dans l'habitacle qui me fait paniquer.
14h31.

—Merde ! Noah !

Je croise le regard de Jaden qui parait amusé de me voir m'agiter dans tous les sens.

—C'est bon Léna, me sourit-il, je m'en suis occupé.

—Comment ?

—J'ai appelé ton grand-père pendant que tu dormais. Ne t'inquiètes pas, il est allé conduire ton petit frère à la piscine, et il ira après dormir chez eux ce soir.

Soulagée, je soupire en me rabattant sur mon siège.

—Merci.

—De rien. Allez, on va manger.

Je sors de la voiture pour découvrir qu'on s'est garé devant un fast-food.
Le vent glacial me fouette les joues. Je baisse la tête pour avancer au plus vite tout en serrant mon gros manteau contre moi.

—Pourquoi il ne vit pas avec eux ? me demande Jaden en marchant auprès de moi.

Je cache mon visage dans le col de mon manteau pour répondre :

—Je préfère le garder avec moi.

—Tu devrais le laisser quelque temps là-bas, le temps que tes affaires s'arrangent.

Il m'ouvre la porte du fast-food, je m'empresse d'y entrer.

La douce chaleur qui règne dans l'établissement submerge mon corps, même si je tremble encore de froid. Ou de faim.
Jad s'approche de moi, et m'enveloppe dans ses bras pour me frictionner les épaules.
Je lève les yeux vers lui et rencontre un regard doux. Noisette. Hypnotique.
Je sens mon cœur se troubler.

Je m'écarte un peu brutalement de ses bras en serrant la mâchoire.
Mon regard se pose sur une table au fond de la salle près d'une grande baie vitrée. Mes jambes se dirigent vers elle.

Quelques minutes plus tard, Jad arrive avec deux menus sur un plateau qu'il depose sur la table.
Je garde les yeux rivés sur le parking quasi désert. Un employé s'active à le nettoyer avec un balai dans une main et un sac poubelle dans l'autre.

—Mange.

Je m'exécute en silence en dévorant mon hamburger super appétissant.
Obnubilée par cette nourriture chaude, je picore en même temps quelques frites.

—T'es sûre que t'es psy ?

La question de Jad me coupe dans mon élan nutritionnel.
Pourquoi il me demande ça?
Il veut une consultation ou quoi?

Je m'apprête à lui lancer une pique, avant de trouver une bien meilleure idée.
Je fais semblant de bouder tout en ouvrant mon sachet de ketchup.
Tandis qu'il marmonne qu'il attend toujours ma réponse, je le prends par surprise et l'asperge de sauce rouge sur tout le visage.
Choqués, ses yeux s'ouvrent en grand.
Puis un sourire espiègle vient illuminer son visage.

—Tu veux jouer à ça ?

—Non, non ! dis-je en me redressant rapidement de ma chaise.

Mais son corps se jette sur le mien pour le bloquer, et il attrape mon bout de sandwich pour le tartiner sur mon visage.
Je hurle comme une hystérique, mais peine perdue, mes joues, mes cheveux dégoulinent de sauce, cornichons et de viande.

Il part dans un fou rire en fixant ma mine dépitée, cependant je ne m'avoue pas vaincue.
Alors qu'il retourne s'asseoir à sa place, je saisi d'un geste vif ma boisson pour lui balancer de toutes mes forces sur son sweat gris.
Quand il pousse un cri horrifié, je lui offre mon plus beau sourire en guise de victoire. Il fronce les sourcils et je soutiens son regard qui arbore désormais une expression de défi.

J'attrape une dernière poignée de frites pour l'engloutir, avant de pousser la table pour accourir vers la sortie.
Pas moyen qu'il me rattrape.
Je fonce vers la porte, mais les seigneurs du fast-food se liguent contre moi en m'obligeant à ouvrir la porte du mauvais côté. Je suis fichue.

En moins de deux secondes, Jaden soulève mon corps et le bascule par dessus son épaule. Alors que mes jambes battent dans le vide et que je crie comme une folle, il me porte à travers tout le restaurant avec une assurance triomphante.

—Tu ne sais pas contre qui tu te bats, Moon ! lance-t-il d'un air espiègle.

Il me transporte jusqu'au toilettes, avant de s'enfermer avec moi dans une cabine.

Lorsqu'il me repose enfin sur le sol, il saisi aussitôt des kilomètres de papier toilette pour l'enrouler autour de moi.
Finalement je parviens aussi à saisir ce fichu papier qui n'arrête pas de se déchirer sous mes mains excitées, et je réussi tant bien que mal à l'enrouler autour de sa face, mais pas aussi bien que j'aurais voulu.

Morts de rire, on fini par s'écrouler par terre de part et d'autre de la cuvette, avec des têtes dégoûtantes.
Quand nos hilarités s'estompent, j'ai mal au ventre d'avoir autant rigoler.
Un magnifique silence vient alors nous envelopper, pendant lequel on se fixe, les visages sereins.

—Pourquoi tu m'appelles Moon ?

Il esquisse un petit sourire.

—Ça t'intrigue, hein ?

—C'est pas banal comme surnom. Moon...comme la lune ?

Il hoche la tête en m'offrant un regard malicieux.

—Je suis si lunatique que ça ?

Il éclate de rire.

—Si tu savais !

Sa réaction me vexe.
Je me lève en baissant la tête pour cacher mon trouble.

Une fois sortie de la cabine, je vais au lavabo pour me débarbouiller.
Je frotte et frotte encore tout ce deguelis de nourriture avec un petit sourire au coin.
On s'est bien amusé. Ça fait longtemps que je n'ai pas ris comme ça.
Lorsque je parait enfin presque potable, je croise le regard noisette de Jaden qui me fixe dans le reflet du miroir.

—T'aimes pas quand je t'appelle comme ça ? m'interroge-t-il d'une voix tendre mais préoccupée.

—Curieusement, si.

Je termine de nettoyer mon visage, avant de me tourner vers lui.

—Je dois appeler Max.