L'esprit d'Antoine parut se réveiller lorsque Ken commençait à s'impatienter, et qu'il lui secoua l'épaule pour le faire réagir.
- Gars, on avait prévu de poser chez toi, donc c'est mieux si t'es là .
- Et puis c'est toi qui a la caisse et...
- Tic et tac, on a saisi, c'est l'homme de la situation, interrompit Kiara en se penchant sur le côté pour mieux les voir derrière Antoine.
Il vit qu'elle regrettait son audace à la manière dont elle évitait son regard. Mais il ne la regrettait pas, au contraire, chaque intervention de la jeune fille le fascinait un peu plus. Elle finit par replanter ses prunelles envoutantes pour s'adresser à lui.
- Va, le devoir t'appelle. Une partie de lui disait, je veux revoir ce sourire en coin encore et encore tandis que l'autre lui rappelait qu'il fallait vraiment qu'il arrête de dérailler. Et mes devoirs aussi m'appellent.
- Je t'appelle. Mi question, mi-affirmation. Je dois l'appeler ? Je veux l'appeler. Les traits gracieux de la métisse ne pouvaient rien lui révéler, elle ne gaspille pas de sourires. Mais quelque chose se révéla tout de même à lui, il l'appellerait. Et elle lui échappa encore une fois, un signe de la main et une dizaine de marches plus tard.
Nek était en train de se perdre dans un énième compte-rendu littéraire, et les gars l'écoutaient plus pour la forme que pour le fond en se dirigeant vers la voiture déglinguée d'Antoine, mais dont ce dernier n'était pas peu fier. Sa vieille Titine grise était une championne, une vraie survivante. Le plus jeune finit par se râcler la gorge en se rendant compte qu'il s'était enflammé dans son monologue et les trois se lancèrent simultanément sur leur siège en se frottant les mains rougies par le froid parisien.
- On l'a pas déjà vue la peufra ? lança innocemment Darryl en commençant à se rouler un bédo côté passager.
- En tout cas c'est la première fois qu'Antoine se détourne du chemin sacré du rap, continua Ken en regardant ses ongles rongés.
Antoine regarda le mécheux dans le rétroviseur pour le dissuader de continuer dans cette voie-là , mais comme il le savait pertinemment, ses frères n'abandonnaient pas aussi facilement.
- Il me semble que c'est la serveuse qu'a guée-dra Deen l'aut soir, des yeux pareils, ça s'oublie pas, poursuivit le barbu en rabattant sa capuche sur la tête avec un air sage. Si ils savaient que c'est pour elle qu'ils y étaient retournés la dernière fois.
- T'as pas froid aux yeux hein Fonk, t'as pas cherché la plus simple pour tirer ton coup.
Antoine soupire exagérément fort. Deuxième tentative échouée.
- En tout cas c'est une petite princesse, classe de ouf, boule de ouf, petit génie et tout.
Le blond était de nature silencieuse, il avait donc l'habitude qu'on parle de lui comme si il n'était pas là, mais à ce moment précis c'était différent, peut-être parce qu'elle était différente.
- Tu sais, tu peux attendre d'avoir des groupies aussi. Mais ça devrait foutre le seum à Lo, que t'aies choppé le numéro d'une aussi belle meuf.
Bon, passons à la vitesse supérieure. Le jeune homme se décida à tendre le bras pour monter le volume de l'autoradio pour les faire taire et appuyer sur l'accélérateur.
Hey I just met you
And this is crazy
But heres my number
So call me maybe
Merci, ironie. Il avait envie de se frapper en se rendant compte qu'il s'était comporté en vraie fleur bleue, aussi précipité que dans la chanson. Mais Areno backant la petite voix aigüe et Ken secouant ses cheveux sur le beat comercial comme un dégénéré firent dérider Antoine. C'était avec eux qu'il avait construit un projet, qu'il voulait voir un futur, et il s'efforça de ne plus penser à la schtroumpfette pour la journée. Ses amis lui facilitèrent la tâche en clôturant leur moment de délire pour parler couplets et financement d'un nouveau logiciel de mixage. Ils se défonçaient pour s'en sortir en rappant indépendamment d'une maison de disque, et même si leur cernes étaient un peu trop creusées, leurs pantalons parfois rapiécés, les sourires de gamins qu'ils arboraient en entendant un peu plus tard dans la journée leur premier son enregistré en tant qu'1995 valait tout l'or du monde.
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EQUATION ft. FonkyFlav
FanfictionKiara, 19 ans n'avait pas commencé le jeu de la vie avec les bonnes cartes en main, mais elle était prête à tout pour changer la donne. Passionnée de maths, elle était convaincue que notre destin était la somme de ce que l'on se donnait la peine d'e...