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10 mars 2012

En ce moment précis, le bout de fil dépassant de la chaise en tissu élimé apparaissait comme la chose la plus intéressante du monde.

- Mme Martel ? La rappela à l'ordre le directeur.

- Veuillez m'excuser. Kiara releva la tête mais elle n'arrivait pas à se concentrer. A se dire que c'était vrai, que les petits boulots accumulés, les espoirs d'une vie meilleure allaient s'envoler en fumée.

- Vous comprenez que je ne suis légalement pas autorisé à vous faire passer les examens au cours de la session de septembre si vous manquez plus de trois travaux dirigés ? C'était clairement la seule solution plausible qu'elle avait trouvé. Cette option était viable, et lui permettrait de reprendre l'année suivante en plaçant l'enfant en crèche.

- J'en suis consciente, répondit donc Kiara le coeur lourd.

- Maintenant, au vu des circonstances...fortuites disons, je chargerai quelqu'un de vous transmettre les cours magistraux et j'essaierai de négocier votre présence aux TD avec les professeurs concernés. Elle sentit sa poitrine se gonfler d'air. Il remarqua le soulagement de la brune et ne manqua pas de la prévenir. Mais je ne peux rien vous garantir, tout le monde ne sera pas aussi tolérant que moi face à cet aléa de la vie.

- Merci, merci, vraiment, vous ne savez pas combien ça compte pour moi. Le vieil homme la regarda par-dessus ses lunettes en voyant les fossettes de la métisse se creuser en un énorme sourire.

- Si, je crois que si. Il faudrait être fou pour oublier les aptitudes hors normes et la motivation que vous avez montrées lors de l'oral d'admission mademoiselle. C'est, j'espère, une belle opportunité que je vous donne. Faîtes-en bon usage.

**

Plus rien ne pouvait gâcher la journée de Kiara, qui s'était sentie revivre en sortant du bureau de l'école. Mais il se trouve que le temps n'en avait pas décidé ainsi. Des trombes d'eau commencèrent à s'abattre sur les pavés de la rue. Qui avait oublié son parapluie ? Bibi, bien sûr ! Kiara accéléra donc le pas pour se rendre chez Tim, chez qui elle avait en fait passé le plus clair de son temps cette semaine. Une réelle alchimie s'était crée entre eux, alternant sarcasme et câlins de réconfort. Une soirée Harry Potter était programmée, ce qui motivait d'autant plus Kiara à filer entre les gouttes. 

Au moins vingt-cinq minutes s'étaient écoulées, à slalommer entre les gens et chercher la protection des toits. La circulation était devenue plus rare, le brouhaha moins omniprésent et commençant à fatiguer, elle se jura de ne plus oublier ses écouteurs. La brune s'engagea pour traverser dans une ruelle, quand une voiture arriva en trombe. Son corps ne réagit pas tout de suite, le temps parut durer une éternité mais elle eut à peine le temps de faire un bond en arrière qu'elle entendit les pneus crisser sous la force du frein. La brune crut que son coeur allait s'arrêter quand elle vit la voiture à une trentaine de centimètre de ses jambes , et avant que la voiture ne redémarre elle se planta devant :

- Tu peux pas faire gaffe connard ! T'aurais pu me tuer merde !

- Moi, faire attention ? Qui était en plein milieu de la route, hein ?

- Qui roulait à 100 km/h en pleine ville, hein ? J'ai vu ma vie défiler devant mes yeux !

La montée d'adrénaline guidait ses paroles, mais l'information venait d'irriguer son cerveau : elle connaissait cette voix. Elle plissa ses grands yeux turquoise pour mieux voir le conducteur, et sous la casquette qui dissimulait une partie de son visage, elle reconnut Antoine. 

- Qu'est-ce que tu fous là ? Kiara, il fait nuit et il pleut et tu es enceinte ! Apparemment, il avait aussi reconnu le visage harmonieux de la métisse et la voiture s'était avancée, profitant de la rue vide pour mettre la fenêtre du passager à la hauteur de Kiara. 

- Et maintenant, ça t'intéresse ? Serait-il schizophrène ? Après la manière donc ils s'étaient quittés la dernière fois ? 

- J'aurais pas dû réagir comme ça, j'aurais dû réagir tout court ! Le visage de la métisse se dérida à peine. Allez, monte je te ramène !

- J'ai pas besoin de ton aide !

- Tu vas pas continuer à pied alors que je peux t'emmener ! Sois pas têtue !

- Je suis très bien toute seule !

- Kiara-monte-s'il-te-plaît. Les bras croisés, le regard fixe sur un lampadaire, elle hésita, avant de se rendre compte que si elle restait encore longtemps les cheveux trempés elle aurait un rhume d'anthologie. Finalement, elle prit place sur le siège à côté du blond en s'efforçant de ne pas le regarder. 

- Tu vas où ? 

- Chez Tim. Elle vit la poigne d'Antoine sur le frein à main se resserrer sensiblement, et Kiara ne saurait dire si ça la rendait heureuse ou indifférente. En tout cas elle anticipa la prochaine question d'Antoine et lui demanda son téléphone pour insérer l'adresse du barman. Elle voulut briser le malaise qui régnait dans l'habitacle et alluma la radio. 

Kiara commença à fredonner la mélodie du tube de Lana del Rey qui passait. Presque automatiquement, Antoine changea de fréquence ce qui ne fit que renforcer l'air boudeur de la brune. Du rap, étonnant.

- Je voulais pas que ça se termine comme ça. Lui, gardait les yeux rivés sur la route.  On a peut être pas fait les choses conventionnellement, mais la dernière chose que je voulais faire, c'était profiter de toi. Et tu sais, tu m'as blessée aussi, je pensais que tu voudrais rien d'autre que la nuit qu'on a partagée. Toujours aucune réaction. Kiara commençait à bouillir de l'intérieur, les hormones n'aidant vraiment pas. Elle le regarda franchement. Pourquoi tu m'évites ? J'ai été sincère, tu me plaisais vraiment. Le néant. Mais enfin, pourquoi tu évites TOUTE conversation alors que JE suis dans TA voiture ? 

- Parce que je crois que JE suis en train de tomber amoureux de TOI, ok ? C'est pour ça que j'évite la conversation. Il finit la phrase en la regardant, la laissant bouche bée. Elle s'attendait à tout sauf à ça. Et maintenant, c'est trop tard. 

Ils arrivaient à destination. La porte de Titine étant bloquée de l'intérieur, il fit le tour pour lui ouvrir. Une fois face à face, ils ne se séparèrent pas tout de suite. Kiara releva le regard vers les yeux azur d'Antoine. La loi d'attraction à laquelle ils étaient soumis provoqua le frôlement de leurs lèvres, une fois, deux fois, leur souffle s'échouant sur le visage de l'autre, dans l'attente.

- C'est pas trop tard, murmura-t-elle. Et Antoine scella le baiser, l'approfondissant, le temps en suspens, un feu interne l'embrasant. La pluie continuait de tomber, la radio de tourner et Kiara riait entre deux baisers.


But I set fire to the rain

Watched it pour as I touched your face  

Watched it pour as I touched your face  

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SALUT LES SCHTROUMPFS ! Plus de 1000 mots, et pleeeeein d'Antoine et Kiara *applaudissements* C'est niais ? surement, j'adore ça ? carrément. Faîtes-moi part de vos avis, de vos attentes pour la suite, comme d'ha-bi-tude. J'allais oublier, on a dépassé les 100 votes, et ça me paraît surréaliste...alors le plus grand des mercis ! Muxus

EQUATION ft. FonkyFlavOù les histoires vivent. Découvrez maintenant