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20 mars 2012

Kiara était épuisée de sa semaine, jonglant entre les cours à rattraper, les séances shopping de repérage du mobilier bébé avec Antoine, et l'organisation de la fête d'anniversaire de ce dernier.

Dans le métro, la tête appuyée contre la vitre en voyant les arrêts défiler, elle se lamentait de devoir faire presque une heure de trajet à chaque fois qu'elle voulait le voir. Mais ils s'étaient réconciliés depuis à peine un mois, elle se voyait mal lui proposer de vivre avec elle. Et puis, elle avait acquis l'indépendance depuis si peu, elle avait tellement attendu pour ne pouvoir vivre qu'en fonction d'elle et réaliser son rêve, pour ne plus devoir faire confiance à des gens qui la décevraient. Si sur un coup de tête, elle perdait tout ce qu'elle avait conquis ? Kiara guettait de plus en plus souvent son téléphone, n'ayant pas de nouvelles du salaire que le patron de la boîte ne lui avait pas payé. De toutes manières, elle devrait rétablir sa situation, et annoncer à Natasha sa grossesse, pour pouvoir bénéficier d'aides.

Même si elle souriait à en avoir mal aux joues, quand elle posait ses yeux sur l'échographie transformée en fond d'écran, elle ne pouvait s'empêcher de détester voir ses cours passer au second plan. Elle avait du mal à gérer ses besoins de sommeil accrus, l'assistance aux TD, et la remise des devoirs maison. Quand elle restait seule dans son appartement, l'angoisse de l'arithmétique la gagnait, rattrapée par celle de la maternité. Qui se concrétisait dès qu'elle voyait une poussette. Dès qu'elle voyait la cicatrice sur son épaule dans le miroir. Kiara n'avait jamais été préparée à être mère.

Pour l'instant, ce qu'elle devait préparer, c'était le gâteau d'anniversaire d'Antoine. La brune sortit avec agilité du transport pour prendre la route de chez Sneazzy et Alphonse. Elle avait été surprise qu'ils se procurent son numéro et qu'ils l'incluent si vite comme un membre du clan. Ils étaient certainement plus enclins à la conversation que Ken, ou Framal, qu'elle avait rencontré peu après.

De Timbaland : 

Tu m'aides à rompres avec Tiffany ?

A Timbaland : 

Va falloir te débrouiller comme l'adulte que tu es, j'ai l'anniversaire d'Antoine je te rappelle. 

De Timbaland : 

Ça prendra 10 minutes.

A Timbaland : 

Je suis déjà devant chez Mo! Bonne chance chou !

De Timbaland : 

Je les vois venir alors qu'ils soient 72 oncles ou pas, c'est moi le parrain.

Devinez. Elle leva les yeux au ciel avant d'appuyer sur l'interphone.

- Kiara, beauté ! Tu es déjà la ! Elle ne répondit pas au câlin de Mo qui la comprimait. Elle ne savait pas comment agir. Elle se sentait un peu évaluée en permanence. Si elle ne plaisait pas à la bande d'Antoine, une partie de lui lui échapperait toujours. 

- Ne fait pas attention aux caleçons qui traînent, ça fait partie des priorités, précisa Alpha.

Si elle se montrait trop timide, ils la penseraient ennuyeuse. Elle décida donc de prendre les choses en main, pour une fois de plus, rentrer dans le moule. Comble, vu qu'elle venait pour patisser. Elle fit une rapide queue de cheval, remonta ses manches et s'adressa à Sneazz :

- Montre-moi où est la cuisine, demanda-t-elle, motivée. J'ai besoin d'un fouet, d'un saladier, et d'un four. Il sourit franchement.

- A vos ordres, chef.

*


- Pourquoi y'a un 4 avec un point d'exclamation sur mon gâteau ? J'ai eu 4 ans y'a 20 ans les gars. Il pensait certainement à une blague, observant le gâteau à deux étages d'un oeil amusé. Kiara s'empressa de le corriger.

- C'est pas "4 point d'exclamation" c'est factorielle de 4, on a perdu la bougie du 2 tout à l'heure.

- Tu vas les souffler ces bougies ? interrompit Doums, impatient.

Antoine s'exécuta sous un tonnerre d'applaudissements, et les ogres purent se précipiter sur le gâteau chocolat-framboise dont la préparation avait été si longue que Kiara avait du allonger ses jambes une bonne heure. 

- JOYEUX ANNIVERSAIRE TONIO ! 

Les lumières se rallumèrent et l'ensemble de l'équipe commença à se relayer pour serrer dans leurs bras le héros de la journée. Deen attendit près d'elle que la file d'attente s'amenuise. Une sorte de tension invisible se créa entre eux. Comme si se regarder était mal. Respirer dans la même direction. Elle ne voulait pas que les yeux bleus d'Antoine croisent les siens, qu'il puisse penser qu'elle ne voulait pas passer ses journées à ses côtés. Deen prit les devants et brisa la glace. 

- Désolé, de, tu sais...c'était maladroit. Elle sonda ses yeux verts avant de répondre.

- Sans rancune. 

- C'est un garçon il parait, il désigna le ventre désormais arrondi de la métisse.

- Oui, souffla Kiara dans un petit rire.

Elle remit en place sa frange pendant qu'enfin Deen faisait la bise à Antoine. Elle voulut en profiter pour s'eclipser avant que le salon ne prenne l'odeur des joints, mais le blond ne le vit pas de cet oeil. Il l'assit sur ses genoux avant de lui chuchoter : 

- J'ai fait un voeu. 

- Tu sais que si tu le dis il se réalisera pas.

- Si je te le dis pas il pourra pas se réaliser, renchérit le rappeur.

- T'es sur ? 

- Certain. Il remua la cuillère dans sa part de gâteau, la détruisant au passage, nerveux. Je sais que c'est tôt, qu'on fait tout trop vite et à l'envers et...

Elle ne comprenait pas où il voulait en venir.

- Mais pour une fois je remercie le bébé de tout accélérer

- Antoine, le stress c'est pas bon justement...

- Je voudrais que tu viennes vivre avec moi.



Home, let me come home, home is wherever I'm with you




Z'avez vu j'essaie de faire des petits suspenses. Que dira Kiara, si insécure ? Faites vos paris les schtroumpfs, votez si vous aimez que Kiara soit nerd jusqu'au bout, si vous avez imaginé la voix d'outre-tombe de Deen. D'ici le prochain chapitre je vous dis gros muxus.

EQUATION ft. FonkyFlavOù les histoires vivent. Découvrez maintenant