EQUATION ft. FonkyFlav

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12 septembre 2003

Elle tenait la photo pliée en 4 que Fred lui avait donnée. Natasha lui prenait l'autre main, sur le seuil de sa nouvelle vie. La porte s'ouvrit sur une dame d'une cinquantaine d'années, ses cheveux blonds tirés en un chignon strict.

- Bonsoir Kiara, bienvenue dans ton nouveau foyer. Je m'appelle Monique. Du haut de ses onze ans, la brunette serra la main que la directrice lui tendait. Tu verras tu vas te plaire ici.  Elle doutait qu'ici ils lui fassent des œufs brouillés au petit déjeuner pour courir plus vite qu'Usain Bolt, mais elle laissa une chance à cette drôle de dame. Je vais te montrer ton dortoir et je t'expliquerai les règles de fonctionnement demain.

Elle se rappelait vaguement des sols caractéristiques des établissements publics, de l'odeur de soupe après le dîner. Elles passèrent devant une pièce commune encore éclairée, d'où sortaient des éclats de rire. La grande dame bifurqua vers la gauche et elles arrivèrent rapidement vers les dortoirs. Natasha l'accompagna dans la pièce que la directrice venait d'ouvrir. Elle déposa le sac de sport contenant les maigres affaires de Kiara, avant de poser un baiser sur le crâne sur cette dernière, non sans un regard réprobateur de Monique et s'en retourna par là où elle était venue.

- Nous avons été prévenus à la dernière minute de ton arrivée. Nous tâcherons de te trouver une colocataire féminine au plus vite. Ça te va ? Elle enchaîna : Quelle enfant maussade nous avons là!

Kiara s'efforça de lui sourire. Vraisemblablement, Monique ne pouvait pas comprendre ce que ça faisait de devoir partir de chez Fred, juste parce qu'il fait trop confiance aux gens. Ce n'était pas de sa faute si ses employés se servaient de son garage pour vendre des mauvaises choses.

- Voici Maxence ! Elle désigna la masse avachie dans son lit en train de lire. Enfin, de faire semblant. Il tenait son bouquin à l'envers.

- Salut.

- Je vais vous laisser les enfants. La chef des lieux vérifia l'heure sur sa montre. L'extinction des feux est dans 10 minutes. A demain.

Elle referma derrière elle la porte. Kiara commença à déballer ses affaires pour sortir son pyjama, mais elle fut interrompue par le bruit de la porte qui se rouvre.

- Alors Maxou, on a des invités et on nous prévient même pas ?

Maxence se releva tant bien que mal, presque collé au mur en voyant arriver une grande brune.

- J'ai pas eu le droit de sortir aujourd'hui. Mais j'ai volé des compotes au réfectoire. Il s'emblait s'excuser. Kiara ne comprenait pas grand-chose, mais la fille n'avait pas l'air adorable.

- Tu crois vraiment que je vais revendre des compotes ? Tu me prends pour une imbécile ?

Définitivement pas adorable. La réincarnation de Goliath attrapa Maxence par les cheveux. Le sang de Kiara ne fit qu'un tour, et elle sauta sur le dos de la frisée beaucoup plus âgée pour le défendre.

- Lâche-moi petite conne ! Je t'assure que tu me veux pas en ennemie ! 

Fred lui avait bien expliqué qu'il fallait faire comme dans Rocky, bien fermer les poings et viser les flancs. Cela ne plut pas à Samia qui abandonna Maxence pour s'occuper de Kiara. 

- Ici, c'est moi qui fait les règles. Samia sortit un briquet et brûla toute la peau à laquelle elle avait accès, pendant qu'elle tenait les mains de Kiara derrière son dos. Apparement, personne n'entendait les cris de celle-ci, ou ne voulait les entendre. Maxence, trop maigre, cherchait en vain un objet pour atteindre la caïd. Etait-elle en enfer ?

*

- Qu'est-ce que tu fais ? La brune tenait sur son épaule le gant que Maxence était allé tremper en catimini aux toilettes.

- J'essaie de me rappeler comment ça fait.

Il rêve couché sur un parquet
Dans les bras de sa mère
Dessinée à la craie
Tous les soirs en secret   

- Il t'es arrivé quoi ?

- Ma mère est un peu folle. Les docteurs disent psychotique. Je la vois les week-end.

- Moi je me rappelle de rien. Fred c'est comme mon papa. Je devrais même pas être là. 

- Tu dois juste attendre quelques années et tu le retrouveras. T'auras quelqu'un qui t'aime. Elle défroissait machinalement la photo de Fred souriant, et elle sur le capot de la première voiture qu'elle l'avait aidé à réparer.

- Ce foyer est nul à chier. J'ai eu 6 déclarations de fugue et 2 entorses à la cheville mais ça les a pas alerté. Kiara sentait sa peau former des cloques. Si seulement elle était comme tout le monde, elle n'aurait pas besoin de subir la loi du plus fort. Maxence releva la tête pour la regarder mais elle était absorbée par son seul souvenir matériel. Il essayait de la distraire, c'est ce qu'il faisait quand les sévices étaient trop violents. 

- Fais quelque chose qui le rendra fier. Et quand tu sortiras de ce trou pourri tu lui montreras. 

Elle pensait à combien elle se sentait spéciale quand Fred lui avait demandé de l'aider à faire ses comptes. Il faisait tout à la main, et disait qu'elle était vraiment douée. S'armant d'une force qu'elle seule pouvait puiser elle décida qu'elle pouvait faire semblant que tout allait bien. Et rejoindre Fred dès que possible.

- Je vais faire des maths.

- Des maths ? T'es vraiment bizzarre comme fille. 

 Le picotement réveilla un sentiment différent  : la rage.  

- Oui, des maths. Mais d'abord on va se venger.

Bonsoir, bonsoir ! 3ème flashback, en lien avec le rapport aux parents, donc au prochain chapitre...Ça vous a plu ? On comprend bien pourquoi Kiara est une dure à cuire ? Je vous laisse me donner vos avis parce que je vous revois trèèès vite ! Muxus.