Debout au milieu du rez de chaussée, sur un parquet froid et poussiéreux, entouré de drogués défoncés mais attentifs aux moindre de mes gestes, Miss Black m'adressa la parole pour la première fois, non sans pincer encore plus ses yeux bridés :
- Bien le bonjour jeune homme, que puis-je faire pour toi ? me demanda-t-elle avec un sourire espiègle sur le visage.
Miss Black était habillée comme si elle se rendait à un gala de charité. Elle portait une longue robe rouge légèrement satinée, des escarpins vermillons assortis, et un rouge à lèvres couleur rubis. On aurait dit un dragon veillant sur son trésor, à l'affût du moindre geste suspicieux. Elle était tellement resplendissante que je ne pouvait pas détourner mes yeux des siens. Sans doute m'intimidait-elle aussi... Apeuré comme un agneau entouré de loups, j'étais finalement arrivé à articuler quelques mots :
- On m'a dit que vous offriez de la drogue gratuitement.
- C'est exact.
- Est-ce que je peux en avoir ?
- Bien sûr.
A cet instant, l'intimidation que je ressentais quelques secondes plus tôt avait complètement disparue pour laisser place à un début de joie intense. je m'apprêtais à la remercier et à me défoncer le plus vite possible, mais la patronne de La Maison Noire reprit aussitôt :
- Mais avant, il va falloir que tu me prouves que tu le mérites. Rien ne s'obtient gratuitement gamin.
- Allez-y, dites-moi ce que vous attendez de moi, avais-je répondu du tac au tac, trop impatient de ressentir à nouveau l'euphorie de l'héroïne.
- Enlève ton jean.
Étonné par un tel ordre, je m'exécutais tout de même. Sortant les mains de mes poches, je déboutonnais mon pantalon, et le laissa glisser à mes pieds. Une vague de frissons m'envahit, j'entendis ensuite les premiers rires des drogués regroupés tout autour de moi. J'étais leur bête de foire, et eux mes spectateurs. Miss Black continua alors avec ses injonctions :
- Ton T-shirt... et ton slip.
Sur le moment, j'ai crû avoir mal entendu, mais le petit sourire mesquin de Miss Black me confirma le contraire. Cette femme voulait vraiment que je me mette nu. Nu devant elle, mais aussi devant une cinquantaine de drogués, qui n'hésiteraient pas à fantasmer sur moi par la suite. C'était hors de question.
- Non. Je ne peux pas faire ça, désolé. Sur le moment, je regrettais aussitôt de m'être excuser. Pourquoi l'avais-je fait alors que cette femme me demandais une chose aussi ignoble ?
- Tiens donc, je croyais que tu étais venu ici pour te droguer, non ? Si tu n'es pas prêt à faire ça pour ta drogue, tu peux repartir, et ne jamais toucher à ce qui t'attend, me dit-elle en désignant une table sur laquelle étaient étalés des sachets de diverses substances. Sinon, tu peux faire ce que je te demande et consommer autant que tu veux, pour le reste de ta vie, à toi de voir.
- J'aimerais bien, mais finir nu devant une foule d'inconnus ne figurait pas dans mes plans... Demandez-moi autre chose, mais pas ça.
- On ne marchande pas avec moi gamin. Écoute, soit tu te déshabilles tout de suite, devant moi, soit tu dis au revoir à ta drogue. Choisis vite, ne me fais pas perdre encore plus de temps.
J'étais alors partagé entre l'envie d'obéir à cette femme pour obtenir ce que je voulais depuis le départ, et celle de déguerpir au plus vite de cet endroit de tarés. Mais j'étais en manque, en putain de manque depuis déjà deux semaines.
Je ne fais pas partie de ces accros qui ne peuvent pas tenir une journée sans leur dose. Pour moi, un petit shoot au moins deux fois par semaine me suffit. Juste de quoi faire taire l'envie qui me ronge de l'intérieur à chaque fois que je suis en manque. Et à ce moment là, ça faisait deux semaines. Deux semaines que rien d'autre que mon sang n'avait couler dans mes veines. Je commençais sérieusement à être en manque. J'avais mal à chaque muscle de mon corps, des sueurs froides, et mon rythme cardiaque jouait aux montagnes russes. Mon envie était, comme souvent quand il s'agissait d'héroïne, plus forte que ma raison.
Le plus lentement possible, je fis passer mon T-shirt au dessus de ma tête et le déposa à côté de mon jean, puis je commençais à descendre mon slip, tout en serrant les jambes pour cacher mes parties intimes. J'étais nu comme un vers. Je n'entendais alors plus les rires des drogués, ni ne voyais le regard amusé de cette folle de Miss Black. Tout ce qui me passait par la tête était que j'étais à poil, dans un lieu que je ne connaissais pas, entourés d'étrangers. Et tout ça pour quoi ? Pour une simple dose d'héroïne, parce qu'il a fallu qu'un jour, je sois suffisamment déprimé pour avoir goûté à ce poison. La patronne me sorti de ma torpeur dans un rire psychopathe qui résonna dans toute la pièce :
- Mais regardez-moi ça ! Un gringalet comme toi qui passe mon épreuve, c'est bien la première fois ! Félicitation gamin, comment t'appelles-tu ?
L'esprit ailleurs, je bégayais mon nom, la bouche sèche :
- Aa.... Aaron Baley... Madame Black.
- Bienvenu à La Maison Noire, Aaron Black ! Maintenant rhabilles-toi. Ah, une dernière chose, ne m'appelle plus jamais Madame Black. Je suis Miss Black.
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The Cancerous and the Vampire
VampireAaron est un lycéen, son meilleur ami est fan de disco et sa petite amie est un vampire. On pourrait croire que tout va bien. Le problème, c'est que la vie l'ennuie, il n'a plus le goût de rien, et déprime. Pour résoudre ça, il se drogue à l'héroïn...