-XIV- Amy [Réécrit]

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Je suis dans ma voiture, en route pour mon lit. Depuis que j'ai laissé Aaron à l'hôpital, je n'ai qu'une seule envie : m'effondrer sur mon lit et pleurer. Je sais que sa tumeur n'est pas mortelle, Astrid me l'a assez répété, mais je ne cesse d'avoir peur. Peur qu'il meurt avant moi. Je suis une vampire, j'ai 191 ans, j'ai vécu bien assez longtemps pour savoir que si Aaron meurt avant moi, ce serait normal, habituel... Mais je ne peut m'y résoudre, il est beaucoup trop jeune.

J'ai beau me répéter comme un mantra que son cancer n'est pas mortel, ma raison refait toujours surface. On va l'opérer, ce qui devrait le sauver. Mais si l'opération ne marche pas ? Si sa tumeur se développe dans tout son cerveau et qu'il est trop tard pour la retirer ? Si finalement, on ne peut pas l'opérer ? Il mourra.

Prise dans mes pensées, je ne vois pas la file de voitures qui s'étend devant moi. Je m'apprête à foncer dans celle devant moi, mais j'arrive à piler juste à temps. Il faut que je me concentre, je suis immortelle, mais ma voiture ne l'est pas. Les yeux grand ouverts, je continu ma route jusqu'à chez moi, en essayant de ne pas finir en larmes.


Arrivée chez moi, je monte directement  dans ma chambre et ferme la porte à clé. Je devrais aller m'entraîner ou travailler, mais je n'en ai pas envie. Je m'allonge alors sur mon lit, les bras sous l'oreiller. Je n'ai pas envie de pleurer, pas vraiment. Aaron n'est pas mort, loin de là, mais la pression est trop forte. En une seule journée, le poids de mes 191 ans d'existence m'est retombée dessus. Être un vampire n'est pas toujours facile. Il faut sans cesse cacher sa vraie nature, se nourrir sans devenir un assoiffé de sang, voir ses amis mourir alors que tu vivra toujours. Tout cela en essayant de ne pas s'ennuyer, de ne pas sombrer dans la déprime et la lassitude, sans oublier qu'un chasseur peut te tomber dessus à tout moment.

Une larme commence à perler puis glisse le long de ma joue pour rejoindre mon menton. Une autre la suit, puis une autre, et encore une autre. Je n'arrive pas à m'arrêter, c'est plus fort que moi. Alors je laisse se déverser toute ma frustration et ma peur sur mes joues.

Soudain, j'entends des pas dans l'escalier. Mes parents doivent s'inquiéter pour moi, c'est bien la première fois que je saute mon entraînement. Je sèche mes larmes d'un revers de la main et m'assoie. Je n'ai pas envie qu'ils me trouvent dans cet état en entrant. Depuis ma transformation, je n'ai pas pleurer une seule fois, pour personne. Aaron compte tellement pour moi... Ça ne m'était pas venu à l'esprit tout de suite, mais finalement, je ne sais pas si j'arriverais à supporter une mort de plus...

Mes parents essayent d'ouvrir ma porte, mais voyant qu'elle résiste, ils toquent. Je vais leur ouvrir en essayant de sécher mes yeux tout humides. Apparent, je ne suis pas très bonne, car ma mère le remarque tout de suite :

- Tu as les yeux rouges, tu as pleurer ?

- Un peu... Ma journée à été pourrie...

- Qu'est-ce qui s'est passé ? A mon avis ce n'est pas juste parce qu'elle était "pourrie" que tu as pleuré, réfléchit ma mère.

 - Surtout que tu n'as pas pleuré depuis bien longtemps... me rappelle mon père.

- Aaron à fait une crise d'épilepsie au lycée. Vous vous souvenez de lui au moins ?

- Ton petit ami, ce n'est pas parce que l'on approuve pas ton choix qu'on est amnésique Amy. Il va bien ? demande enfin ma mère.

- Il a cancer, mais il ne va pas mourir.

- Les humains sont tellement faibles, remarque alors tante Esther.

Mes parents se retournent alors vers la porte pour apercevoir ma tante et mon oncle qui nous écoutaient depuis le début. Ces deux là passent leur temps à faire n'importent quoi. Dire que je voulais finir ma soirée seule dans mon lit, maintenant, elle s'est transformée en réunion de famille. Esther et mon oncle Anton entre dans la pièce, toujours avec cet air supérieur qui les caractérise, alors qu'ils savent très bien que mes parents leur mettraient une raclée en moins de deux.

- Elle a raison, tu ne veux pas le transformer en l'un des notres ? propose Anton, sa vie ne serait jamais plus en danger comme ça.

- Hors de question ! m'exclamai-je, je ne transformerais jamais Aaron. Et de toute façon, il ne va pas mourir, on va l'opérer, tentai-je de me rassurer.

- Bon, est-ce que le miséricordieux Gideon va faire quelque chose pour consoler sa pauvre fille en pleure ? demande Esther à mon père sur un ton débordant de sarcasme.

- Arrête ça tout de suite Esther, lui ordonne-t-il, qu'est-ce qui pourrait te consoler ? me demande-t-il ensuite.

Profitant de cette occasion, je lui demande ce dont je rêve depuis longtemps :

- C'est bientôt Thanksgiving, et je me demandais si on ne pouvait pas recevoir Aaron pour l'occasion ? Je sais que ça a déjà été très dur pour vous d'accepter que je lui révèle ma vraie nature, mais j'aimerais qu'il vienne au moins une fois chez nous, avant son opération.

- Accepter ou ne pas accepter, telle est la question, ironise Anton, toujours à l'affut d'une remarque piquante à faire, comme sa femme. Le bon Gideon et la belle Élisabeth vont-ils accepter ?

-  Ce n'est pas drôle Anton, le gronde ma mère, Amy, je serais partante pour qu'on l'accueil le temps d'une soirée. Il est vrai qu'on ne l'a jamais vu, ce serait dommage qu'il meurt avant...

- C'est...c'est vrai ? Tu est d'accord ?!

- Oui, on va dire que je lèvel'interdiction pour Thanksgiving, ton humain va pouvoir entrer chez nous.

- Merci infiniment ! m'exclamai-je en lui sautant au cou. Je sais que ça lui coûte beaucoup, mais elle fait des progrès. Et toi papa, tu est d'accord ?

- Hum... Si Lisbeth est d'accord, moi aussi. je ne vais pas contrarier ma femme après tout.

-  Merci, c'est génial, finis-je par répondre comme une petite fille, en regardant mes parents comme s'ils étaient deux joyaux.

- Et nous ? s'emporte Esther, ne nous oublie pas !

Après ce rare instant de joie entre famille, je part m'entraîner. Car mes parents veulent bien faire une exception à la règle, mais pas deux.



The Cancerous and the VampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant